Article de Christopher Dembik, de Saxo Group, publié le 5 novembre 2015 :

« Jusqu’il y a peu, le consensus tablait sur une économie mondiale en progression en 2016, cela n’aura pas lieu. Si la croissance mondiale parvient à atteindre 3,1 % l’année prochaine, comme anticipé par le FMI, ce sera un miracle.

Nous ne réalisons pas que la reprise économique mondiale a démarré il y a déjà 6 ans. Cette reprise est plus faible que les précédentes tout en étant plus disparate.

Depuis l’émergence de la crise financière mondiale de 2007, le potentiel de croissance a été revu à la baisse un peu partout : de 3 à 2 % aux États-Unis, de 9,4 à 7,2 % en Chine et de plus de 5 % à moins de 4 % en Pologne.

De nombreuses régions du monde, comme la zone euro, ont connu pire avec une croissance à l’arrêt. Durant les deux dernières décennies, la durée des cycles économiques a été réduite en raison de la financiarisation de l’économie, de la globalisation, de la dérégulation ainsi que de l’accélération des cycles d’innovation.

Depuis les années 90, les États-Unis ont connu trois récessions : en 1991, en 2001 et en 2009. Il est erroné de croire que la reprise vient juste de commencer. Nous arrivons à la fin du cycle économique en cours. L’émergence d’une nouvelle crise mondiale dans les années à venir est inévitable.

Les banques centrales ont creusé leur propre tombe

Le manque de dynamisme économique ainsi que de courtes périodes de déflation en relation avec la chute du cours du pétrole forceront probablement les banques centrales à poursuivre en 2016 leur stratégie désastreuse « de faire comme avant, comme si tout était normal » qui ne fera que doper les prix des actifs financiers et gonfler la dette mondiale.

La BCE pourrait pousser en territoire toujours plus négatif ses taux, augmenter ou prolonger son QE. Plusieurs options sont sur la table : augmenter de 25 % ses achats d’obligations AAA ou créer un nouveau programme d’achat d’obligations d’entreprises.

Dans le même ordre d’idées, la Chine pourrait sortir son bazooka monétaire durant le premier semestre 2016 en lançant son propre QE. En plus d’une politique monétaire accommodante, la Chine pourrait implémenter un programme keynésien de stimulation. (…)

Cette décision pourrait rassurer temporairement les marchés mondiaux. La seule banque centrale qui pourrait agir à contre-courant est la Fed : 52 % des investisseurs s’attendent à une hausse des taux en décembre.

Néanmoins, la magnitude et la vitesse de ce serrage de vis monétaire seront faibles. Il est improbable de voir les taux revenir rapidement aux niveaux d’avant la crise. Des taux trop élevés engendreraient une myriade de faillites dans des secteurs surendettés, comme celui du pétrole de schiste aux États-Unis.

La Fed et les autres banques centrales sont dans une impasse étant tombées dans le même piège que la banque du Japon. Une augmentation trop importante des taux provoquerait une nouvelle crise financière. Il est impossible de mettre un terme à cette politique monétaire accommodante.

En raison de cet environnement de taux plancher et des risques d’une nouvelle crise mondiale, trouver le bon investissement n’a jamais été aussi compliqué. Personne ne peut anticiper les conséquences de la planche à billets.

La planète pourrait passer de la déflation à l’hyperinflation sans arrêt par la case inflation comme envisagé par Nassim Taleb. Dans un contexte incertain, l’or reste indubitablement le meilleur investissement en tant qu’assurance contre la crise à venir.

Depuis la chute précipitée de janvier dernier du franc suisse par rapport à l’euro, le franc suisse n’est plus une valeur refuge sure. Cette décision a irrémédiablement endommagé la crédibilité de la BNS. Les investisseurs ont compris qu’ils ne peuvent plus croire aveuglément les promesses des banquiers centraux.

Même si le yuan n’est pas une valeur refuge c’est peut-être le bon moment d’investir dans la monnaie chinoise. Elle est bien positionnée pour grandir en popularité et elle se renforce.

D’ici la fin 2016, le yuan pourrait devenir la 3e devise la plus échangée derrière le dollar et l’euro. La nouvelle Route de la Soie est probablement la stratégie économique la plus ambitieuse des 50 dernières années. Elle va probablement être couronnée de succès et pousser les investisseurs vers le yuan. (…) »

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