Article de David Stockman, publié le 11 juin sur Daily Reckoning :

« Durant les 27 années qui ont suivi le début de la présidence d’Alan Greenspan en août 1987, le bilan de la Fed est passé de 200 milliards à 4,5 trillions soit une multiplication par 23.

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Regardons ce qui s’est passé durant ce laps de temps. D’après Forbes, la richesse de Waren Buffett était de 2,1 milliards en 1987 pour s’élever aujourd’hui à 73 milliards. Soit une multiplication par 35.

Durant cette même période, la valeur des actions des sociétés non financières est passée de 2,6 à 36,6 trillions. Cela fait aussi beaucoup, une multiplication par 14.

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Lorsque l’on observe l’économie sous-jacente qui est censée avoir généré de tels gains fabuleux, le facteur multiplicateur est moins généreux. Comme montré ci-dessus, le PIB nominal est passé de 5 trillions à 17,7 trillions durant cette même période de 27 ans. Soit une multiplication de seulement 3,5.

En ce qui concerne les salaires et traitements, ils sont passés de 2,5 à 7,5 trillions soit une multiplication par 3.

Passons désormais au revenu nominal médian des ménages américains. Il est passé de 26.000 $ à 54.000 $. Soit une multiplication par 2.

En creusant davantage, nous avons le nombre d’heures de travail dans l’économie non agricole. Cet indicateur du travail réel effectué par des travailleurs véritables est passé de 185 milliards à 235 milliards. Soit une multiplication de 1,27.

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En nous enfonçant davantage dans les méandres de l’ère Greenspan, nous avons le salaire hebdomadaire moyen du travailleur à temps plein, ajusté à l’inflation. Il était de 330 $ en 1987 pour 340 $ aujourd’hui (en dollars de 1982). Soit une multiplication par 1,03.

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Finalement, il y a le revenu médian des ménages soit un voyage fait de hauts et de bas pendant plus de 3 décennies pour arriver au final nulle part :

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Ok, comparer la multiplication par 35 de la richesse de Buffett avec le revenu médian des ménages, qui n’a pas bougé, n’est pas entièrement correct. Dans la richesse de l’Oracle d’Ohama, il faut prendre en compte l’inflation. Donc, en dollars d’aujourd’hui, la richesse de Buffett était de 3,8 milliards en 1987. Il n’en reste pas moins que sa fortune a été multiplié par 19.

En ce qui concerne la valeur des actifs non financiers, ils sont passés de 4,5 trillions à 36,7 trillions. Soit une multiplication par 8.

Voici le problème. Warren Buffet n’est pas 19 fois plus intelligent que vous, pas plus que les investisseurs le sont 8 fois plus. La vérité, c’est qu’Alan Greenspan et ses successeurs ont fait de toute une génération de joueurs les plus grands gagnants de loterie de l’histoire.

Si tout ceci est arrivé, c’est parce que la Fed a grossièrement faussé l’économie américaine en la financiarisant au nom de la gestion keynésienne des soi-disant cycles économiques. L’instrument le plus visible de cette politique erronée est bien entendu le taux directeur de la Fed, qui est cloué aux alentours de zéro depuis les 78 derniers mois.

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Non seulement la Fed a évolué durant les 27 dernières années de son existence vers ce seuil mais en cours de route elle est devenue accro aux taux bas. Durant les 300 derniers mois, elle a soit baissé ou laissé en l’état les taux dans 80 % des cas et désormais, cela fait 108 mois qu’elle n’a plus relevé ses taux, ne fut-ce que de 25 points de base !

La situation est simple, la Fed a provoqué une falsification systématique persistante et massive des prix sur tous les marchés. Dans le capitalisme, le prix le plus important est celui de l’argent (taux directeurs). (…) Inutile de dire que le coût de l’argent à zéro alimente les plus folles spéculations. (…)

Ce boom des actifs financiers piloté par les banques centrales finira par se payer sous la forme d’une contraction déflationniste prolongée. Ensuite, des trillions d’actifs non économiques seront balayés, les profits des secteurs industriels s’effondreront et la grande inflation des actifs financiers de ces 27 dernières années connaîtra son jugement dernier.

Le lendemain, on se demandera pourquoi les banques centrales ont permis à une telle chose de se produire. Si elles l’ont fait c’est pour « optimiser » les cycles économiques et sauver le capitalisme mondial de sa supposée tendance à l’instabilité, la sous-performance et l’effondrement. »

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