Lorsque les Suisses ont voté pour le référendum sur la question des réserves d’or que leur banque centrale doit détenir, la BNS avait mis en avant le « caractère risqué de l’or » comme argument pour s’opposer à l’idée. Depuis, elle a accumulé les pertes sur ses réserves en euros, mais se trouve désormais aussi en danger par rapport à son portefeuille d’actions.

Si on accuse souvent les banques centrales d’être devenues des hedge funds, cette suspicion ne s’applique pas à la Banque Nationale Suisse : il s’agit d’un fait avéré, vu qu’elle publie en toute transparence ses positions sur les marchés actions. À l’instar de la banque du Japon, la banque centrale ne fait pas de mystères quant à ses investissements. La BNS a le mérite de jouer la carte de la transparence, ce qui signifie que les autres banques centrales pourraient très bien faire de même sans afficher la même honnêteté que leurs consœurs suisse ou nipponne.

Mais qu’a-t-il bien pu se passer dans la tête des dirigeants de la BNS, qui était autrefois connue pour son aversion au risque ? Car aujourd’hui, sa politique est méconnaissable : elle investit une partie de ses réserves en devises en actions. L’un de ses derniers investissements vient de tourner au vinaigre : la BNS a eu la mauvaise idée d’augmenter ses positions dans Valeant Pharmaceuticals juste avant qu’un scandale financier à la Enron éclabousse la société. Sur sa position globale, la BNS est actuellement en perte de 146 millions de dollars. Elle détient un portefeuille d’actions global d’environ 39 milliards de dollars investis dans plus de 2000 sociétés américaines.

Cette situation est évidemment malsaine, mais aussi très dangereuse, comme l’explique John Rubino :

« Maintenant que les autorités monétaires disposent à la fois de la capacité de faire grimper les marchés actions et d’acheter des titres avec de l’argent fraîchement créé, et qu’elles sont quasi obligées de le faire pour protéger leur portefeuille pesant des milliards de dollars, subsiste-t-il un doute quant aux actions futures des banques centrales en termes de politique monétaire et d’interventions ? Il ne peut y en avoir.

Dans les faits, Wall Street définit désormais le cours des actions au lieu de parier dessus. Chaque baisse de 5 % du S&P sera compensée par des achats via la création monétaire par les banques centrales suisse, japonaise, chinoise, européenne et américaine. Les marchés, sous leur ancienne forme de mécanisme de valorisation qui indique aux capitalistes où investir le capital, sont morts et enterrés.

Plus les valorisations vont devenir irréalistes, que ce soit par la hausse des cours ou leur stabilisation alors que les bénéfices des entreprises chutent, plus les interventions devront être vigoureuses. Lorsque cela arrivera, les portefeuilles d’action des banques centrales seront bien supérieurs à ceux de la plupart des hedge funds et caisses de retraite.

La quantité de création monétaire nécessaire pour acheter toutes ces actions effrayera les marchés des changes, ce qui déclenchera encore plus d’interventions et ce qui exposera la contradiction inhérente à la stratégie de manipulation globale de tous les marchés : acheter des actions avec de l’argent fraîchement créé est mauvais pour la stabilité des taux de change tandis qu’augmenter les taux d’intérêt pour protéger une devise est mauvais pour les actions. Les banques centrales devront choisir entre l’un de ces 2 objectifs. »

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