De Chriss Street ; article paru sur le site contrarian David Stockman’s contra corner :

 

« Même si les investisseurs sont suspendus aux lèvres de la Présidente de la Fed Janet Yellen afin d’anticiper la direction des taux d’intérêt, ainsi que leurs conséquences sur l’économie et la valorisation des actifs, le paramètre qui orientera les taux d’intérêt américain pourrait être dans les mains de la Chine, d’après Lombard Street Research. Confrontée à une devise surévaluée qui mange les bénéfices de ses entreprises et ralentit la croissance, la Chine semble prête à se débarrasser de ses 1,3 trillions de Treasuries afin de faire augmenter les taux d’intérêt américain et de soutenir le dollar.

Le secret de la croissance spectaculaire de la Chine au début des années 90, ce fut la dévaluation de sa monnaie par rapport au dollar, celui-ci étant passé de 2,8 à 8,7 yuans. Cette dévaluation a permis de diminuer le coût de la main-d’œuvre chinoise de 68 %, processus qui démarra l’ère du Made in China. Les exportations, exprimées en pourcentage du PIB, passèrent de 13 % en 1994 à 39 % en 2007.

Cette explosion des exportations engendra une énorme demande en main-d’œuvre, si bien qu’environ 200 millions de Chinois déménagèrent des zones rurales vers les villes entre 2000 et 2007. Durant cette période, la bourse de Shanghai a explosé de 330 %, alors que le S&P ne progressait que de 11 %.

Cependant, depuis 2006, la Fed, ainsi que les administrations Bush et Obama, ont poursuivi des politiques du dollar faible en poussant les taux d’intérêt à la baisse. Cela a fait baisser le dollar, notamment par rapport au yuan (de 8,3 yuans par dollar à 6 yuans). L’explosion de 28 % de la valeur de la monnaie chinoise a massacré la compétitivité chinoise, si bien que les exportations sont passées de 39 % de son PIB à 26 %.

La Chine a tenté de ralentir la chute du dollar en augmentant son portefeuille de Bons du Trésor américain, passant de 400 milliards en 2007 à 1,33 trillion à la fin 2013. Malgré presque un trillion d’achats en Treasuries, la politique du dollar faible a entraîné une baisse du Shanghai Index de 38 %, alors que sur la même période, le S&P a explosé de 199 %.

BCE-taux-négatifs-QE

Alors que yuan surévalué détruit la compétitivité chinoise, la Chine a tenté de rééquilibrer son économie pour éviter le chômage de masse en favorisant l’industrie des services. Cependant, « une monnaie chère dans un environnement international faible rend impossible pour la Chine de rééquilibrer son économie sans effondrement, » d’après Lombard. Les 1,3 trillions de Treasuries que possède la Chine semblent représenter 7 % des 17,7 trillions de la dette fédérale américaine, mais 1/3 de la dette a été « achetée » par le gouvernement américain soi-disant pour soutenir la sécurité sociale et d’autres objectifs. Ce qui signifie que dans l’absolu, la Chine possède environ 1/7 des émissions obligataires américaines.

« Pendant longtemps, la menace que Pékin puisse vendre ses obligations américaines était négligeable, mais plus aujourd’hui, » d’après Lombard. « Les problèmes de croissance dans tout le Pacifique pourraient avoir un impact plus important sur les rendements américains en 2015 et 2016 que le tapering de la Fed. »

En novembre 2013, la Banque de Chine a annoncé qu’elle arrêtait d’acheter des obligations américaines. Lorsque la Chine a vendu pour 48 milliards de Treasuries en janvier, le yuan a baissé de 5 %. Récemment, la Chine est intervenue sur les marchés des changes afin d’empêcher le yuan de grimper.

Même si le FMI estime que le yuan reste sous-évalué de 5 à 10 %, Lombard estime au contraire qu’il est surévalué de 15 à 25 % par rapport au dollar. La façon la plus simple de régler ce problème pour la Chine serait de libéraliser les flux des capitaux, mais cela risquerait selon Lombard de déclencher une fuite des capitaux, et éventuellement une crise bancaire.

Une vente maîtrisée de ses Treasuries ferait grimper le taux des obligations à 10 ans jusqu’à 0,5 %, et les taux intérêt américains jusqu’à 1 %. (…)

Cependant, la dévaluation du yuan et des taux américains plus élevés seraient une combinaison mortelle pour la compétitivité de la zone euro. La plupart des pays européens ont modestement amélioré leur balance commerciale avec la Chine grâce à la diminution de la consommation, qui a réduit les importations. Un yuan beaucoup plus faible et des taux d’intérêt américains plus élevés détruiraient les économies de la périphérie de l’Europe, qui sont en concurrence avec la Chine sur le marché du travail bon marché à faible valeur ajoutée.

L’affaiblissement du dollar qui a démarré en 2007 a peut-être précipité la crise financière globale de 2008. La Chine ne souhaite pas démarrer une nouvelle crise monétaire internationale. Cependant, cherchant désespérément à affaiblir le yuan pour retrouver le chemin de la croissance et soutenir l’emploi, la Chine, selon Lombard, se prépare à vendre ses Treasuries. »

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Veuillez entrer votre nom ici