La stabilisation de la croissance chinoise a dissipé une partie de l’anxiété qui habitait les investisseurs au début de 2016. Mais il s’agit en partie de la conséquence du recours à une vieille (mauvaise) habitude. Isabelle Mateos y Lago (BlackRock) vous l’explique.

Cette vieille habitude qui a permis la stabilisation de la croissance chinoise, c’est l’octroi généreux de crédits à des entreprises d’État nationales et locales. Le ratio de dette privée par rapport au PIB de la Chine a grimpé pour dépasser les 200%. Jamais une économie d’envergure n’a accumulé autant de dette aussi rapidement, comme le graphique en en-tête le montre.

De par le passé, les orgies de crédits ont souvent mené à des catastrophes économiques. Pourtant, la Chine est différente à certains égards. Grâce à son taux d’épargne domestique important, elle a très peu de dette extérieure, soit le péché originel qui fut l’élément déclencheur de nombreuses crises de pays émergents. Pékin travaille sur des solutions pour régler son problème de dette, par exemple la conversion de dette bancaire à court terme en obligations à long terme ou encore en dirigeant le besoin de crédit vers le secteur privé et les ménages. Mais quoi qu’il en soit, la Chine doit trouver des moteurs de croissance plus durables. Elle ne peut se contenter de créer de la croissance en accumulant de la dette via des entreprises étatiques non productives, ou accepter des taux de croissance inférieurs.

Trouver le bon équilibre est difficile : plus la Chine traîne à attaquer frontalement le problème, plus le risque d’accident augmente.

Des taux qui remontent à travers le monde et un dollar plus fort sont autant de défis additionnels pour la Chine. Ces deux facteurs engendrent des flux sortants de capitaux et épuisent ses réserves alors que la Banque centrale chinoise tente de contenir les pressions baissières sur le yuan. Cela contribue à des taux interbancaires chinois plus élevés, ce qui pourrait entraver la croissance à terme.

Des spéculations affirmant que les autorités pourraient autoriser une dévaluation importante et brutale, et ce, afin d’arrêter les flux des capitaux d’un coup net, pourraient se propager. Ce qui aurait probablement des effets dévastateurs sur les autres devises des marchés émergents et sur les prix des actifs. Nous nous attendons à un déclin graduel supplémentaire du yuan par rapport au dollar en 2017, cette dévaluation brutale n’étant pas notre scénario de base.

Nous sommes à l’affût de tout signe de stress, comme l’accélération de la fuite des capitaux ou des dysfonctionnements sur les marchés à revenu fixe de Chine. Des tensions commerciales en hausse pourraient également intensifier le risque que nous percevons pour la Chine et les actifs des émergents en général.

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