Dollar-Chine-Etats-UnisAujourd’hui, le Dr Steil, directeur du think tank financé par la famille Rockefeller Council on Foreign Relations, évoque la guerre des devises qui fait actuellement rage dans le monde, notamment entre la Chine et les Etats-Unis.

Eric King : « nous assistons en ce moment à une guerre économique entre les États-Unis et la Chine »

Dr Steil : «  c’est exact. Dans les années 40, les États-Unis étaient le plus gros créancier international, tandis que la Grande-Bretagne était le plus gros débiteur du monde. Aujourd’hui, la Chine est le plus gros créancier du monde, tandis que les États-Unis sont le plus gros débiteur.

Aujourd’hui, il est fascinant de voir que les États-Unis adoptent la même position que les Britanniques, et Keynes, adoptèrent dans les années 40 en identifiant les lacunes de l’architecture monétaire mondiale. Par exemple, l’ancien secrétaire au trésor Tim Geithner, en 2010, a proposé de plafonner les excédents de comptes-courants. Cette mesure était évidemment à l’adresse de la Chine, pour qu’elle modifie son comportement économique. C’est exactement ce que proposait la Grande-Bretagne dans les années 40. On voit donc que chacun se positionne en fonction de sa situation actuelle.

La Chine détient trop de dollars que pour vouloir la chute du billet vert

King : « vous avez déclaré : à présent, les États-Unis n’ont aucune raison de sacrifier ses privilèges exorbitants (le dollar) pour satisfaire une vision vague du bien dans le monde. Il ne le fera que lorsque le marché se tournera vers une alternative. Un commentaire ? »

Dr Steil : « eh bien, dans les années 40, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont passé un accord. Il fut difficile, déséquilibré, mais c’est ainsi qu’il devait se faire. La Grande-Bretagne avait besoin d’argent pour soutenir son effort de guerre, tandis que les États-Unis avaient besoin de l’acquiescement de la Grande-Bretagne pour faire du dollar une monnaie internationale.

Mais aujourd’hui, la situation en Chine est différente. Voici une anecdote qui illustre : en 1956, l’administration Eisenhower à chasser les Britanniques du canal de Suez en menaçant de mettre fin au support du FMI.

Les États-Unis, à l’époque, pouvaient se permettre de provoquer une crise de la livre sterling sans que cela l’impacte, car, en 1956, la possession américaine d’obligations britanniques était limitée à un dollar par habitant. Aujourd’hui, la Chine possède des bons du trésor à concurrence de 1000 $ par habitant.

La Chine ne peut donc pas se permettre de provoquer une crise du dollar aujourd’hui, car une telle crise lui ferait aussi mal qu’aux États-Unis. C’est pourquoi, il me semble, aucun accord n’est à conclure entre les États-Unis et la Chine pour remettre le système mondial à plat. La Chine détient beaucoup trop d’actifs en dollars. Toucher au dollar, ce serait se tiré une balle dans le pied. La Chine est donc dans le même bateau que les États-Unis.

King : « que pensez-vous de l’accumulation d’or par la Chine ? »

Dr Steil : « Il est un fait certain qu’ils accumulent. Ils le font car il va alors en tant que monnaie de réserve alternative au dollar. L’or, comme le dollar, a tendance à bien se comporter en temps de crise. »

King : « que craignez-vous à propos des actions de la Fed ? »

Dr Steil : « voici ma plus grande crainte. Comme vous le savez, d’ici la fin de l’année, la Fed possédera pour environ 1,5 trillion de dollars de titres adossés à des créances hypothécaires. Ben Bernanke s’est quasi engagé à ne jamais vendre ces titres. Tout porterait à croire que lorsque la Fed décide de resserrer la vis monétaire, elle se mettrait à vendre ces actifs. Or, elle a dit qu’elle ne le fera pas. Je suis très inquiet à propos de la stratégie de sortie de la Fed, lorsqu’elle devra alléger son bilan. »

Source : interview du Dr Steil sur KWN

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