Nous n’y croyions pas du tout, ce fut donc une surprise totale ce matin lorsque nous avons découvert que les partisans de la sortie de l’UE ont fini par émerger dans ce référendum attendu par toute l’Europe et la planète. Après une nuit folle animée par toutes les spéculations, l’issue que tout le monde craignait, ou presque, s’est matérialisée au milieu de la nuit pour être confirmée au petit matin. Les conséquences ne se sont pas fait attendre : effondrement de la livre sterling à son plus bas de 1985, bond de l’or qui a allègrement passé la barre des 1300 $ et marchés qui tanguent.

Au final, c’est donc Jim Rickards qui avait raison. Face à un monde financier trop sûr de lui qui s’était déjà lourdement positionné pour la victoire du « Remain », parier sur la sortie de l’Union en misant par exemple sur l’or ou la baisse de la livre sterling représentait un bon rapport « risque/rendement ». Et avec l’or qui s’est apprécié de presque 5 % en quelques heures, ceux qui ont pris ce risque ont été largement récompensés.

Parmi les européistes, les élites et les financiers, c’est bien entendu la stupéfaction. Dans un premier temps, la victoire du « Remain » fut annoncée à 52 %. Nigel Farage, leader de la campagne en faveur du Brexit, a même été jusqu’à reconnaître la défaite de son camp pour ensuite se raviser un peu plus tard. Petit à petit, la tendance s’est inversée pour finalement consacrer la victoire des partisans de la sortie de l’Union européenne à 52 %.

Tendances régionales fort variables

En gros, l’Angleterre a fortement voté en faveur du Brexit, à l’exception de Londres,  alors que l’Écosse et l’Irlande du Nord ont soutenu le maintien dans l’Union. Ce qui est quelque peu paradoxal, vu que l’entité qui fédère des territoires souhaite s’affranchir de la tutelle qui entrave sa souveraineté, tandis que ces mêmes les entités fédérées ont voté pour maintenir la tutelle d’une autorité supérieure… à l’autorité fédérale! Ce qui signifie qu’outre les risques de désintégration de l’Union européenne, c’est le Royaume-Uni qui pourrait voler en éclats le premier, l’Écosse et l’Irlande du Nord souhaitant globalement être membre de l’Union. Ce sont évidemment les régions laissées pour compte économiquement qui ont largement contribué à cette issue historique.

Brexit : les marchés tanguent

Mais les principales conséquences de ce Brexit sont bien entendu financières et politiques. Les marchés, par les mouvements de la livre, de l’or, des actions, etc., dans les jours qui ont précédé le référendum ont clairement indiqué qu’ils s’attendaient au maintien du statu quo. Ce résultat-surprise a donc provoqué une véritable pagaille sur les marchés, propulsant les métaux précieux à la hausse, faisant chuter la livre sterling de plus de 10 % jusqu’à son plus bas de 1985.

À l’heure d’écrire ces lignes, on attend toujours l’ouverture des bourses européennes (note : Paris vient d’ouvrir en baisse, de plus de 7,5 %) alors que le carnage a déjà débuté en Asie, avec un Nikkei en baisse de près de 8 % au moment d’écrire ces lignes et une bourse de Hong Kong en recul d’environ 4 %. À Londres, on attend une ouverture avec une baisse de 8,8 % du FTSE100. Si la journée devait se finir de cette façon, il s’agirait de la 3e plus grosse baisse de l’histoire du FTSE ! Cette journée s’annonce donc extrêmement mouvementée sur les marchés, qui pourrait se muer en « Vendredi Noir ». Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les investisseurs qui se sont bien positionnés sur l’or peuvent observer sereinement cette pagaille en grignotant l’un ou l’autre pop-corn.

Cameron devrait démissionner, panique chez les technocrates européens

David Cameron, l’homme qui a au moins eu le courage d’organiser ce référendum dans une Europe où les parlements préfèrent se passer de l’avis des peuples, voire même passer outre lorsque les consultations ne produisent pas les résultats escomptés, devrait démissionner très rapidement. Dans le camp des Travaillistes, c’est même la cacophonie complète alors qu’une certaine frange du parti demande de démarrage dans les meilleurs délais des négociations de sortie via l’activation de l’article 50 devant le conseil européen. Chose qui pourrait avoir lieu dès le futur sommet européen des 28 et 29 juin. Cependant, il faudra attendre de 12 à 24 mois pour que la procédure soit bouclée.

Cette victoire, véritable plébiscite de la souveraineté, représente un énorme coup de boost aux Nigel Farage de France, d’Italie et d’ailleurs qui souhaitent voir un tel référendum être organisé dans leur pays respectif.  Marine Le Pen a notamment twitté « Victoire de la liberté ! Comme je le demande depuis des années, il faut maintenant le même référendum en français dans les pays de l’UE ». Aux Pays-Bas, Geert Wilders n’a rien demandé d’autre : « Le jeudi 23 juin sera inscrit dans l’histoire comme le jour de l’Indépendance. L’élite europhile est vaincue. Le Royaume-Uni indique à l’Europe le chemin vers l’avenir et la libération. Le temps est venu d’un nouveau départ, fondé sur ses propres forces et la souveraineté. Aussi aux Pays-Bas. »

Du côté des technocrates européens, on appelle à resserrer les rangs. Donald Tusk en a notamment appelé à l’unité des 27.

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