Nous avons largement couvert l’opération de rapatriement de l’or de l’Allemagne ainsi que les nombreuses questions posées par les activistes allemands menés par Peter Boehringer quant à l’existence physique du métal que la Bundesbank prétend posséder dans ses coffres ainsi qu’à la Banque de France, à la Bank of England et à la Fed de New York. 

C’est en parcourant le site de Kitco que nous avons pris connaissance de l’existence d’un nouveau rapport de la Bundesbank sur ses réserves d’or, publié le 7 octobre 2015 sur son site officiel, censé faire toute la lumière sur ses réserves. L’article n’y va pas avec le dos de la cuillère dans son introduction : ce rapport va clouer le bec une bonne fois pour toutes à ceux qui affirment qu’une partie de l’or pourrait manquer. Nous citons :

« Les questions concernant les réserves d’or de l’Allemagne et notamment concernant leur existence peuvent être désormais fermées après la publication massive de données par la banque centrale du pays. »

Voilà qui est impressionnant, allons donc de ce pas consulter ce fameux rapport qui met à nu les réserves d’or allemandes. Certes, il est massif : 2307 pages, ce n’est pas rien. Mais quand on l’ouvre, que découvre-t-on ? Une liste interminable de chiffres concernant la pureté, le poids et les « numéros d’inventaire » des lingots qui appartiendraient à l’Allemagne.

En quoi cette succession de chiffres prouve-t-elle que les lingots se trouvent bel et bien chez les dépositaires ? Cela, Kitco ne le précise pas. Nous sommes donc censés croire la Bundesbank, ou plutôt croire la Fed de New York et cie quand elles affirment que ces lingots s’y trouvent toujours. Kitco se contente de citer les chiffres du rapport, l’article est sans intérêt jusqu’à la fin, lorsqu’il affirme « qu’aucun rapport n’est disponible concernant les progrès 2015 du rapatriement de l’or allemand ». Nous présumons que la banque était trop occupée à pondre les 2300 pages de ce rapport aussi long qu’inutile.

Peter Boehringer, interviewé par un Financial Times qui a été beaucoup plus prudent dans son papier, n’est évidemment pas impressionné :

« Mais Peter Boehringer, un activiste qui milite pour le rapatriement intégral de l’or allemand, a déclaré que les données publiées n’incluent pas les noms des producteurs des lingots d’or ainsi que les numéros qui figuraient sur les lingots après leur production.

« Ces données sont importantes alors que nous avons certains doutes quant à l’existence physique de tout le matériel. Certains lingots peuvent exister sur le bilan de plusieurs banques centrales, » a déclaré Boehringer. »

Des doutes d’autant plus légitimes que l’Allemagne a reçu de l’or dont le numéro de série du lingot original a été substitué par un autre. Officiellement pour être aux normes « London good delivery » (source http://www.bloomberg.com/news/features/2015-02-05/germany-s-gold-repatriation-activist-peter-boehringer-gets-results). Ou simplement parce que le lingot original a été prêté ou vendu à une autre banque centrale ou au marché et qu’il a fallu en livrer un autre.

Bref, cette nouvelle tentative de transparence de la part de la Bundesbank quant à ses réserves d’or ne convaincra que ceux qui veulent y croire. Seuls des audits menés par des entités réellement indépendantes permettront d’obtenir une réponse définitive. Des audits refusés bien entendu pour des « raisons de sécurité ».

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