Les mauvaises langues diront que cela fait des années que l’on annonce une nouvelle crise financière, tandis que nous dirons que les actions exceptionnelles entreprises par les banques centrales n’ont fait que reporter ce qui est inéluctable. Objectivement, les difficultés concrètes s’accumulent, 2015 est déjà une année explosive.

Le pétrole poursuit sa descente aux enfers, si bien qu’après des mois passés à ignorer cet événement anormal, les analystes craignaient désormais des conséquences sur le secteur financier, qui a abreuvé l’industrie du pétrole d’argent bon marché. Les élections anticipées grecques dans quelques jours pourraient déboucher sur la sortie de la Grèce de l’euro si Syriza devait remporter le scrutin. Les Grecs se sont d’ailleurs mis à retirer en masse leur argent des banques, si bien que désormais, ce sont 4 grandes banques grecques qui ont dû demander d’urgence des liquidités à la BCE.

Mais c’est surtout la décision de la BNS de laisser fluctuer librement le franc qui a provoqué un véritable chaos sur les marchés. Étrangement, la BNS avait avancé comme argument pour s’opposer à l’initiative sur l’or suisse qu’elle serait incapable de défendre le franc à 1,20€ en cas de vote du référendum. Et que fait-elle quelques semaines seulement après le « non » ? Supprimer le taux de change fixe, en essuyant au passage environ 80 milliards de pertes, soit 10 % du PIB suisse…

Pourquoi la Suisse a-t-elle agi ainsi ? Pour Reto Rietberg, il ne s’agissait pas d’une décision mûrement réfléchie :

« Durant sa conférence de presse du 15 janvier arrangée à la va-vite, le président de la BNS, Jordan, est apparu tel un écolier rougissant, conscient d’avoir été pris la main dans le sac. Les explications avancées n’avaient aucun sens. Il est clair que la BNS a été prise elle-même par surprise et n’a pas eu le temps de préparer de meilleurs mensonges. Mais pourquoi un tel revirement ? »

Plusieurs théories circulent, mais en gros, la BNS n’était tout simplement plus en mesure de défendre les 1,20€, devant toujours acheter plus d’euro et voir ainsi la taille de son bilan augmenter inexorablement. Elle devait simplement tenir jusqu’à ce que le référendum soit repoussé. Il se peut que les euros de la BNS soient en dépôt à la BCE, et que celle-ci ait fait pression sur la BNS pour qu’elle abandonne le peg, histoire de se débarrasser d’un gros acheteur de l’euro (pour le faire baisser).

Quoi qu’il en soit, ce nouvel évènement a largement profité à l’or, qui a fortement grimpé, toujours dans un contexte de dollar fort, alors que ce paramètre est historiquement négatif pour le métal jaune.

Bizarrement, nous sommes en train de voir à l’œuvre le principe de la pyramide d’Exter (source). En bref, John Exter (qui, ironiquement, est un ancien officiel de la Fed) considérait le système financier post Bretton-Woods comme une pyramide qui repose sur sa pointe, mettant l’accent sur l’instabilité intrinsèque d’un tel système par rapport à une pyramide reposant sur sa base. Dans la pyramide, chaque couche représente une classe d’actifs, les plus risqués se trouvant au sommet (donc à la base) et les moins risqués en dessous.

Selon Exter, les capitaux allaient progressivement passer des couches supérieures de la pyramide aux couches inférieures. Ci-dessus, voici un croquis de la pyramide telle qu’il la visualisait à la fin des années 80. La dette privée vie publique se trouvant au sommet de la pyramide, tandis que l’or se trouve tout en bas… juste au-dessus du dollar. Et au dessus du billet vert, nous avons les obligations d’Etat. Or, jamais les taux de ces obligations n’ont été aussi bas, tandis que le billet vert est très fort. Pour le moment, la théorie d’Exter se réalise. Et si cela se poursuit, cela signifie que la prochaine étape sera la vente du dollar et des obligations pour acheter de l’or.

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