Dans un article précédent, Paul Craig Roberts a dressé l’inventaire des conséquences géopolitiques d’une sortie de la Grèce de l’Europe. Aujourd’hui, Alasdair Macleod se penche sur un autre risque énorme généré par la crise grecque : la solvabilité même de la BCE (source GoldMoney) :

« Soyez-en sûr, la crise grecque est une crise de l’euro qui menace la solvabilité même de la BCE et donc la confiance en l’euro. Avant d’aborder les raisons, plantons le décor avec un petit récapitulatif de la situation grecque…

Le week-end dernier, il est devenu clair que la Grèce se dirigeait tout droit vers le défaut sur sa dette souveraine et le déraillement de son système bancaire. Avec le recul, il semble que le gouvernement grec ne souhaitait pas simuler sa solvabilité en poursuivant le programme de support financier comme si de rien n’était. Tandis que les ministres des Finances de la zone euro et la troïka n’étaient pas prêts à accepter cette réalité.

Expliquer pourquoi n’a plus vraiment d’intérêt immédiat. Ce qui est important désormais ce sont les conséquences économiques et financières, qui sont principalement au nombre de deux :

  1. le système bancaire de la zone euro est très fragile ce qui signifie qu’il ne pourra absorber facilement le choc d’un défaut souverain ;
  2. la BCE elle-même a besoin d’un refinancement.

Commençons par aborder ce second point. La BCE doit faire face à des pertes sur la Grèce qui représentent environ le double de ses fonds propres et de ses réserves. Les liquidités d’urgence fournie par le dispositif ELA qui sont dues à la BCE par la Grèce totalisent 89 milliards d’euros tandis que le solde TARTGET2 que doit la banque centrale grecque aux autres banques centrales européennes s’élève à 100 milliards supplémentaires, solde qui en bout de course est aussi au passif de la BCE.

Le tout représente environ le double des fonds propres et des réserves de la BCE, qui s’élèvent à environ 98 milliards. Vu l’effondrement probable du système bancaire grec et du défaut du pays sur sa dette, nous pouvons en conclure que les garanties avancées pour obtenir ces prêts ainsi que les obligations grecques détenues par la BCE n’ont quasi plus de valeur.

La BCE dispose donc de deux options : soit elle continue de soutenir la Grèce pour ne pas devoir enregistrer ses propres pertes ou elle se recapitalise via ses actionnaires.

La première alternative semble avoir été écartée au vu des événements du week-end dernier. Pour la seconde, elle semble problématique vu que toutes les banques centrales de la zone euro ne sont pas en position de contribuer. Il semble donc probable qu’une sorte d’obligation perpétuelle soit émise pour laquelle des souscripteurs devront se manifester.

Cette gestion sera cruciale car la stabilité du système bancaire européen représente un danger considérable pour la BCE, vulnérable à toute réévaluation du risque du crédit souverain. (…)

En bref, le bilan de la BCE qui dépend lourdement de la stabilité du prix des obligations européennes est très vulnérable aux conséquences des événements en Grèce et lorsque la situation de la BCE deviendra claire pour les marchés financiers, la légitimité de l’euro en tant que monnaie pourrait être questionnée vu qu’il ne s’agit que d’une construction artificielle qui existe depuis seulement 13 ans.

En conclusion, la crise grecque risque de déstabiliser l’euro lui-même qui pourrait basculer en dessous de la parité avec le dollar. (…) »

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