Article de Michael Pento, publié le 7 août 2015 :

« Le Thompson Reuters/Jefferies CRB Index (CRB) est aujourd’hui au plus bas de la panique de 2008. Ceux qui pensent que cet indicateur chic chic la croissance à venir investiront à leurs risques et périls.

Ce qu’augure le blues des matières premières

Réfléchissez à 2 fois si vous pensez que la chute des matières premières années est simplement due à une suroffre temporaire de pétrole. 19 matières premières composent l’Index CRB : l’aluminium, le cacao, le café, le cuivre, le maïs, le coton, le pétrole, l’or, le mazout de chauffage, le porc, le bœuf, le gaz naturel, le nickel, le jus d’orange, l’argent, le soja, le sucre, l’essence sans plomb et le blé. Le plongeon de la valeur de cet index est donc un signal d’alarme : la croissance mondiale baisse fortement.

Principalement à cause de l’économie synthétique de la Chine, qui pendant tout un temps fut un énorme consommateur de ressources naturelles. Àe qui fit gonfler la plus grosse bulle d’actifs de l’histoire et qui est aujourd’hui en chute libre. La Chine pousse donc le prix des matières premières à la baisse alors que la croissance mondiale est désormais à l’arrêt.

Ceux qui pensent que les États-Unis et le reste du monde sont immunisés contre un ralentissement chinois doivent comprendre que le chiffre d’affaires des sociétés du S&P 500 se fait pour 1/3 à l’étranger. Pendant des années, la Chine fut un énorme marché de croissance pour les multinationales. La détérioration de l’économie chinoise affecte les sociétés du monde entier, le pays ayant été une mine d’or durant sa phase de construction de villes fantômes.

Les sociétés et les entreprises qui ont profité de l’expansion chinoise sont désormais choquées par son effondrement. Par exemple, des multinationales américaines comme Caterpillar, Ford, GM, Tesla et Freeport McMoRan ont été touchées par le ralentissement chinois, pour en citer quelques-unes. Il y a aussi Apple, dont le titre est en baisse de 14 % sur ces dernières semaines parce que les investisseurs réalisent que les consommateurs chinois ne vont pas acheter autant d’iWatches que prévu.

La forte demande chinoise fut un facteur de croissance pour la zone euro. Le secteur automobile allemand, les produits de luxe italien et français, les produits chimiques finlandais et hollandais, tous ces secteurs ont profité de l’énorme croissance chinoise. En fait, environ 8 % des exportations allemandes vont directement vers la Chine.

Aujourd’hui, le groupe français Valeo (fournisseur du secteur automobile) est en train de réexaminer sa stratégie de croissance en Chine à cause de la demande en baisse du secteur automobile chinois. Le suédois Volvo a également réduit ses prévisions de croissance dans la région tout en avertissant ses investisseurs qu’il allait devoir provisionner 75 millions de dollars pour couvrir des pertes. Les ventes de Volkswagen en Chine ont baissé de 0,5 % durant le premier semestre, tandis que les ventes d’automobiles en Chine ont baissé en juin. (…)

Mais c’est dans la région Asie-Pacifique que les conséquences sont les plus visibles. Les 3 partenaires commerciaux majeurs de la Chine, Taiwan, la Corée et la Malaisie, ont assisté à un ralentissement significatif de leur économie. Par exemple, Taiwan a vu son PIB progresser de seulement 0,64 % au 2e trimestre, un plus bas de 3 ans.

L’Australie, considérée comme « le fournisseur de matières premières de la Chine », a connu une belle décennie à lui vendre d’énormes quantités de minerai de fer. BHP Billiton et Rio Tinto ont dépensé des milliards de dollars durant les 5 dernières années afin de doubler leurs capacités de production et satisfaire la demande apparemment insatiable de la Chine. Mais il semblerait désormais que cet âge d’or soit révolu. En juillet, le PMI de l’Australie baissait jusque 50, le plus bas depuis 5 mois, tandis que le PMI Markit de 47,8 est le pire depuis 2 ans.

Même l’Amérique du Sud est impactée par le ralentissement chinois

Pour prouver que le ralentissement de la Chine touche la planète entière, nous pouvons examiner les preuves visibles en Amérique du Sud. Le Brésil est l’un des 10 plus grands marchés du monde : il produit de l’acier, du ciment, du pétrole, des lubrifiants, du propane et bien d’autres produits pétrochimiques. Le Brésil a lui aussi largement profité de la bulle immobilière chinoise.

Récemment, le gouvernement brésilien a modifié ses prévisions de croissance, qui sont passées d’une petite progression à une contraction de 1,5 %. Standard & Poor’s a d’ailleurs abaissé la perspective de la note du Brésil de stable à négative, signe annonciateur d’un abaissement de note à venir alors que le pays est un cran au-dessus de « junk » (pourri). La devise du Brésil, le real, est au plus bas depuis 12 ans face au dollar tandis que sa bourse n’a plus été aussi faible depuis 6 ans.

Ce ralentissement est en fait ressenti partout. La multinationale de l’agroalimentaire Bunge a vu ses ventes d’huiles alimentaires baisser en raison des volumes et des marges en baisse au Brésil. Owens Illinois, l’un des plus gros fabricants de bouteilles en verre du monde, a rapporté une baisse de son activité en raison de la chute des ventes de bière au Brésil. Goodyear a enregistré une baisse de 20 % de ses ventes en Amérique latine par rapport à l’année dernière. (…) Whirlpool, dont le chiffre d’affaires est assuré à 16 % par le Brésil, a annoncé une chute de ses ventes de 22 %. Enfin, Caterpillar, étranglée par la chute des matières premières, a rapporté des ventes en chute de 26 % en Amérique latine.

Les balivernes de la Fed

Vu ce contexte, on penserait que la Fed surveille de très près cette récession qui se profile à l’horizon. Pourtant, le président de la Fed d’Atlanta, Dennis Lockhart, a déclaré que l’économie est prête pour une remontée des taux. Mais est-ce une surprise, alors que la Fed se plante dans toutes ses prévisions économiques ? (…)

Vu la faible croissance enregistrée durant le premier semestre 2015 (1,5 %, notez que GPDnow affiche 1 % de croissance pour le début du mois d’août), il ne faudrait pas beaucoup pour obtenir une récession. Cependant, les intentions de la Fed sont bien de relever lentement les taux. Les banquiers centraux ne comprennent pourtant pas les dystopies qu’ils ont créés. (…) Lorsque le support artificiel des QE et taux planchers sera supprimé, les bulles vont exploser. La Fed devra donc rapidement faire machine arrière. Lorsque cela arrivera, l’économie sera au milieu d’un effondrement à la 2008. (…) »

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