Article de MineWeb.com, publié le 23 août 2016 :

L’industrie de l’or a fait des choix douloureux qui ont conduit à des positions et des rendements financiers améliorés, mais les changements s’avéreront-ils durables, et ont-ils été suffisants pour éviter les erreurs du passé, alors même que le prix de l’or commence à augmenter et les facteurs en dehors de l’industrie sont sur le point de s’inverser ?

Telle fut la question posée par le PDG de Gold Fields, Nick Holland, lors de son exposé à l’Institut australasien des mines et de la métallurgie à Brisbane lundi. M. Holland a choisi d’analyser la façon dont l’industrie – entrevue à travers les 11 plus grands producteurs d’or, responsables de près de 30 % de la production d’or – a évolué entre 2012 et la fin de 2015.

La principale victime a été le prix de l’or qui, après avoir culminé en 2011 à 1 900 dollars par once, a chuté à un peu plus de 1 000 dollars l’once en décembre 2015. Cela a provoqué toutes sortes de changements relatifs à l’industrie, selon Nick Holland. « Les producteurs ont réagi, bien évidemment. Nous avons réduit nos coûts de manière significative ». Selon les calculs de M. Holland, les all-in sustaining costs (AISC) ont diminué de 22 % durant cette période, et les coûts globaux, en général, ont chuté de 36% (ces derniers englobant le capital d’évolution dans les affaires, ce qui comprend les dépenses d’exploration et de capitaux nécessaires pour soutenir les opérations).

Mais comment cela a-t-il été atteint, et est-ce vraiment durable ? M. Holland estime qu’une grande partie de l’amélioration des coûts est en réalité due à des facteurs qui se trouvent hors du contrôle des producteurs. « Nous avons découvert que dans ce groupe de 11 sociétés, 50% à 60 % de la production est en monnaies dites « souples » ou « en devises des matières premières ». Il s’agit du rand, du dollar australien et du dollar canadien. Et bien sûr, ces trois monnaies se sont considérablement dépréciées depuis 2012 jusqu’à la fin de 2015 : il est question d’une baisse de 47 % pour le rand, de 26% pour le dollar australien, et de 21 % pour le dollar canadien », a déclaré M. Holland.

Cela est également valable pour le pétrole qui, selon les estimations de Gold Fields, représente entre 10% à 15 % de tous les coûts de trésorerie du groupe des 11 plus grands producteurs d’or. Les taux d’intérêt – qui sont en baisse record – ont aussi massivement profité aux entreprises surendettées.

Le fait de mettre l’accent sur les coûts et sur les flux de trésorerie, a donné des résultats. « En tant que groupe de 11 entreprises, nous sommes passés d’une dette nette sur le BAIIA (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements) de 1,89 à 1,45 », a affirmé M. Holland.

Mais en plus de leur graisse superflue, les entreprises ont également diminué leur force d’attaque. En guise d’exemple, leur capital d’évolution dans les affaires a diminué de 46 % en ce qui concerne les dépenses d’exploitation en 2012.

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« Comment est-il possible que le capital d’évolution dans les affaires des entreprises chute à ce point, alors même que leurs coûts d’exploitation sont restés raisonnablement constants ? », se demande M. Holland. « Je crois qu’ils ont simplement reporté le capital qui va revenir, parce que si vous voulez soutenir les affaires à long terme, vous devez dépenser cet argent maintenant. Toutefois, cela demeure un peu inquiétant pour moi », a ajouté le PDG de Gold Fields.

Il en résulte qu’avec la réduction du capital d’évolution dans les affaires, les dépenses d’exploration ont été anéanties, à la fois à travers de la quantité d’argent dépensé et de la baisse des réserves dans l’industrie.

Tout compte fait, pour comprendre avec précision les changements relatifs aux coûts – qui ont été provoqués par des facteurs hors du contrôle des entreprises – ainsi que la réduction insoutenable du capital d’évolution dans les affaires, Gold Fields a réalisé une expérience. L’entreprise a estimé ce que l’impact sur les coûts aurait été si tous les facteurs étaient restés invariables. Le résultat fut le suivant : les coûts auraient seulement baissé de 4 % sur la période en question – soit de 1 115 dollars par once en 2012, à 1 060 dollars par once durant l’année de 2015.

En d’autres termes, cela signifie que si les vents bienveillants qui ont embrassé l’industrie venaient à se renverser (c’est-à-dire si le prix du pétrole montait, de même que les taux d’intérêt ; ou encore si les monnaies des pays d’exploitation venaient à se renforcer), l’image actuelle ne serait certainement pas si rose que cela.

Les niveaux bas du capital d’évolution dans les affaires ne peuvent pas durer éternellement. « Une des raisons pour lesquelles il y a eu un tel duel concurrentiel pour les acquisitions récentes, c’est que quelques-unes des grandes entreprises ont pu voir certaines lacunes dans leur profil de production », a affirmé M. Holland.

En conséquence, le résultat est très clair – en réduisant de façon non durable et en comptant sur la « bonne fortune », l’industrie va devoir faire du rattrapage. Cela pourrait donner lieu à de mauvaises décisions d’allocations du capital, et des coûts plus élevés à l’avenir. Qui plus est, les faibles rendements sont quelque chose que les investisseurs ne sont peut-être pas à digérer de nouveau pour l’instant.

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