Les économistes et les financiers, qui n’étaient pas majoritairement derrière Trump, semblent maintenant s’émerveiller de son programme économique… ou pas, à l’image d’un Paul Krugman qui ne sait pas encadrer le milliardaire alors qu’il est sur le point de réaliser ses rêves keynésiens les plus fous. Il n’empêche, Trump c’est un nouveau coup d’accélérateur sur la promesse de déficits et de QE, en bref, d’une nouvelle dose de ce qui a échoué, comme l’explique cet article de David Stockman, publié le 8 décembre 2016 sur DailyReckoning.com :

« Les marchés financiers se préparent à une tempête dans laquelle tous les éléments se conjuguent : échec des banques centrales, carnage sur le marché obligataire, récession mondiale et un véritable bain de sang fiscal à Washington. Les investisseurs devraient prendre leurs jambes à leur cou direction la montagne…

Ce qui stoppera les Trumponomics dans leur élan, c’est la dette, d’environ 64 trillions de dollars. C’est ce qui étrangle l’économie américaine. Tant que les mécanismes de sa croissance effrénée ne seront pas arrêtés et inversés, les chances d’obtenir un taux de croissance durable et réel de 3 à 4 %, objectif que ne cessent de jacasser les membres de l’équipe Trump, sont quasi nulles.

Comprenez bien ceci : le problème monumental de la dette nationale n’a pas été récemment créé par l’administration Obama, ou par une Nancy Pelosi incapable de dire non à tout programme de dépenses – même si ces 8 dernières années ont indubitablement empiré considérablement le problème et que les Démocrates sont coupables, il n’y a aucun doute là-dessus.

Mais franchement, le problème de la dette est une création bipartite : le fait que la Maison Blanche et les deux côtés de Capitol Hill (Chambre et Sénat) soient sous contrôle républicain ne change rien. En fait, l’addiction américaine à la dette remonte à août 1971, lorsque Nixon annula la convertibilité du dollar en or pour lancer la planète dans l’expérience monétaire destructrice que nous vivons, basée sur la création massive du crédit sous l’impulsion des banques centrales.

Cependant, c’est après 1980 que le monstre de la dette a vraiment commencé à sortir de sa boîte, après qu’elle ait été ouverte par les banques centrales. À ce sujet, Paul Volcker fut le dernier banquier central honnête. Avec l’accord de Ronald Reagan, il cassa en deux l’inflation virulente des matières premières et des biens à la consommation qui fut déclenchée par ses prédécesseurs immédiats dans les années 70.

Cependant, le travail admirable de Volcker fut vain en raison de deux autres facteurs : la fin de la rectitude fiscale et l’acte de destruction final de l’argent sain par Alan Greenspan, événements qui ont également eu lieu sous Gipper (Reagan).

En fait, les déficits gigantesques de Reagan, qui a quasi triplé la dette, passant de 930 millions à 2,7 trillions de dollars durant ses 8 années à la Maison Blanche, sont exactement ce qui a poussé Greenspan à mettre en marche la planche à billets de la FED après le krach boursier d’octobre 1987.

Ce qui s’est passé à cette époque c’est que la reprise économique s’est télescopée avec les besoins énormes en crédit de l’Oncle Sam, provoquant la désertion des investissements dans le privé. Résultat des courses : les taux ont rapidement grimpé, provoquant une chute de 15 % de la valeur des Treasuries en quelques mois seulement.

C’est l’une des raisons qui a provoqué le krach boursier de 25 % de la fin octobre, mais on n’a pas laissé les marchés se corriger intégralement. Au lieu de cela, Greenspan et ses successeurs ont embrassé des politiques de banque centrale keynésiennes, créant ainsi un parking temporaire pour la dette grandissante du pays sur le bilan de la FED et des autres banques centrales.

Ce faisant, le règne de Greenspan, Bernanke et Yellen ont repoussé le jour du jugement dernier fiscal d’environ 3 décennies, ainsi qu’alimenté une expansion économique non durable grâce à la dette bon marché et à des actifs financiers aux prix fortement gonflés.

Au 4e trimestre de l’année 1980, la dette totale américaine privée et publique totalisait juste 4,8 trillions de dollars, soit un peu plus de 150 % du PIB de 3 trillions de l’époque.

Depuis, la dette totale a explosé jusqu’à presque 64 trillions de dollars (x 13). Elle représente 350 % du PIB, ce qui signifie que ces 2 tours supplémentaires de dette représentent 35 trillions de dollars, soit un énorme fardeau économique pour les États-Unis.

De ce fait, il n’y a aucune chance que des politiques visant à ajouter de la dette aux montagnes que nous possédons déjà puissent relancer l’économie américaine. La clé de la reprise consiste à virer les accrocs à la création monétaire qui sont à la FED. Transmettre le témoin à des simulateurs fiscaux de Capitol Hill ne servirait à rien.

Pourtant, tout ceci est l’essence des Trumponomics, ou du moins tels qu’ils ont été présentés par les conseillers économiques du président élu. En effet, en mettant de côté toutes les envolées sur le thème du « drainage du marais », les seuls programmes fédéraux dont il a parlé durant la campagne verront leur budget soit être maintenu, soit être augmenté.

Trump a déjà prévu de ne pas toucher à 3,6 trillions de dollars du budget 2018, notamment en ce qui concerne la Social Security, Medicare, les anciens combattants, la Défense et la protection des frontières. En plus des intérêts sur la dette nationale de 20 trillions de dollars, cela représente déjà 86 % du budget avant qu’il ne dépense davantage pour la Défense, les anciens combattants, son Mur, la protection des frontières et son programme d’investissements tant vanté dans les infrastructures.

En même temps, les revenus fédéraux stagnent déjà. Les perceptions pour l’intégralité de l’année fiscale 2016 ont augmenté de seulement 18 milliards (0,6 %) pour un total de 3,267 trillions. Elles ont même baissé de 80 milliards, soit de 2 % à un taux annualisé, durant les 2 derniers trimestres de l’année fiscale s’étant terminée en septembre.

À moins que la reprise économique et les rentrées fiscales augmentent quasi immédiatement, cela signifie que le déficit de base de l’année fiscale 2018 de l’administration Trump pourrait atteindre 930 milliards. Tout cela en supposant que la dégradation des rentrées fiscales ne se poursuivra pas, ou encore que nous ne connaîtrons pas une grosse récession dans les deux années à venir.

Cette analyse réfute la notion fantasmagorique, qui anime actuellement le casino de Wall Street, que les Trumponomics déclencheront une puissante vague de stimulation fiscale via des dépenses et des baisses d’impôt.

Non, cela n’aura pas lieu. L’aile républicaine du Tea Party demandera des mesures compensatoires. Les anges gardiens du marché obligataire, récemment sortis de leur torpeur, extrairont des taux plus élevés. Le plafond de la dette vertigineuse de l’Oncle Sam, de 20 trillions de dollars et qui expire en mars, ralentira toute action pendant des mois.

Il n’y a aucune chance pour que nous connaissions le choc fiscal immédiat et propre de l’économie américaine moribonde telle que fantasmé par les bulls de Wall Street. Similairement, il n’y aura pas de passage de témoin propre et fiable à un nouvel agent responsable des stimulations à Capitol Hill. Ce qui signifie donc que l’économie américaine entrera à nouveau en récession quelque part en 2017. (…)

Voici le problème en bref : Donald Trump n’a pas la marge de manœuvre nécessaire pour implémenter des baisses d’impôts financées par des déficits comme Reagan l’a fait. Après 35 ans à prétendre que les déficits n’ont aucune espèce d’importance, il n’y a plus de marge de manœuvre fiscale. Plus aucune.

De même, après trois décennies passées à dire qu’il y aura toujours un plan de stimulation ou de sauvetage de la FED ou du Trésor, Wall Street est désormais accro mais son poudrier est vide. La FED n’a plus de munitions et les Trumponomics échoueront rapidement.

Le « Trump Reflation Trade » a offert un cadeau aux investisseurs : l’opportunité de sortir indemne du casino avant le début du vrai carnage. »

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