Robert Griffiths est l’un des meilleurs stratégistes de Cazenove Capital, société d’investissement qui a notamment la charge de gérer les actions de la reine d’Angleterre. Il a fait, pour KWN, l’état des lieux des marchés d’investissement.

Tendance-Or

Robert Griffiths : « je raisonne en termes de cycles. Un cycle normal dure environ 4 ans. Depuis 1945, nous vivons au rythme du cycle présidentiel des États-Unis. Cela fonctionne ainsi : après une récession, vous assistez à 3 très bonnes années, tandis qu’on assiste à une correction dans la 4e année.

Après les bas de 2009, on aurait pu s’attendre à une correction l’année dernière en octobre. Elle n’a pas eu lieu à cause du QE, dont l’objet était justement d’empêcher cet événement d’arriver.

Si on observe ce qui s’est passé durant ces 100 dernières années, certains de ces redressements boursiers ont duré plus longtemps que d’autres, mais celui-ci dur déjà depuis 60 mois. C’est beaucoup plus long que le cycle habituel. Il s’agit sans conteste d’une anomalie statistique, même s’il ne s’agit pas du record pour autant.

En fait, le record date de 1929, et vous savez comment cela s’est terminé : très, très mal. Il y a eu également une période d’euphorie entre 1982 et 1987. Cependant, si le rally actuel devait se poursuivent jusqu’à juillet, il s’agira du plus long rally de l’histoire après celui de 1929. Je ne pense pas que cela arrivera, nous devrions entre-temps assister à une correction significative, à mon avis entre 20 et 25 %. Certains appelleront ça le marché baissier cyclique. La question est de savoir quand il commencera.

Au niveau de la valorisation du marché, on sait déjà que le Schiller P/E (rapport cours/bénéfice) est d’environ 26. Les actions sont donc déjà chères. Mais en admettant qu’il y a une bulle, reste à savoir combien de temps elles vont encore gonfler. Tant qu’il y aura toujours quelqu’un de plus idiot pour acheter derrière, le petit jeu peut continuer.

Un spéculateur peut acheter une action surévaluée s’il sait qu’il pourra la revendre plus cher. Cela risque de continuer encore quelques semaines, mais après mars, lorsqu’on assiste à une faiblesse saisonnière, il sera temps de retirer ses billes, d’empocher ses profits et de faire attention aux risques.

En ce qui concerne l’or, les grands analystes nous répètent qu’il est « dans un marché baissier, que le métal jaune est fini, que le marché est brisé ». Je n’ai jamais été d’accord avec ces affirmations.

En ce moment, l’or suit des niveaux de Fibonacci (une méthode utilisée pour calculer les seuils de résistance et de support). Nous avons connu un épisode baissier dans un grand mouvement haussier. Lorsque celui-ci va reprendre, le métal jaune ne se contentera pas de retourner à 1900 $ l’once, mais atteindra un nouveau record sans forcer.

L’or devrait être bien au-dessus de 3000 $ l’once, et même 5000 $ n’est pas un chiffre fantaisiste. Car l’or sera nécessaire pour se protéger de la création monétaire des banques centrales. Certains pays, comme la Chine et l’Inde, s’y sont préparés. Je ne dis pas qu’il faut acheter de l’or maintenant, je ne vois pas de signal, mais je pense que nous sommes près du plus bas. Si le métal jaune devait passer le seuil des 1275 $, j’en serai certaine et j’en achetais plus. Mais on risque encore de connaître des hausses et des baisses.

Par contre, lorsque l’or reprendra sa marche en avant, ce sera un actif très recherché. Les actions minières devraient également connaître de très beaux jours. Je suis une liste d’actions minières, dans l’attente d’un signal d’achat, sauf pour Freeport McMoRan, qui semble incroyablement bon marché pour une société de qualité (moitié or, moitié cuivre). »

Source : KWN

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