« On » nous annonçait, que ce soit les médias dominants, les politiciens des partis « bien comme il faut », en passant même par les analystes indépendants, de gros remous financiers en cas d’élection de Trump. Il n’en est rien, bien au contraire même : le pessimisme le plus noir a laissé la place à un optimisme presque béat. Dans cet article, Peter Schiff explique très clairement pourquoi Donald Trump ne devrait pas être l’homme de la situation, qu’on l’apprécie ou pas :

« Les analystes politiques, sous le choc, passent à côté de l’argument le plus plausible expliquant la victoire inattendue de Donald Trump. L’incompréhension de l’électorat américain découle de l’acceptation par la classe politique de dogmes économiques erronés (et de plus en plus fous), qui se sont imposés durant la dernière génération. Sur base de leur compréhension défectueuse de l’économie, les experts ne parviennent tout simplement pas à saisir pourquoi l’électorat est tant désillusionné.

D’après les idées économiques en vogue à Wall Street, au gouvernement et à la Fed, les Américains devraient se réjouir d’une situation économique relativement bonne. Le chômage est bas, les prix de l’immobilier et les marchés sont élevés, le crédit est bon marché et abondant, les ventes de voitures sont robustes, les soins de santé sont accessibles à toutes et tous et le PIB grimpe, même s’il n’est pas encore optimal. En théorie, ces conditions auraient du favoriser le parti au pouvoir, et donc décourager les électeurs d’envisager de voter pour un inconnu qui a promis de démanteler le système. C’est pourtant exactement ce qui s’est produit.

Il ne peut y avoir que 2 explications possibles : soit la haine des partisans de Trump était suffisamment grande pour les faire voter contre leurs propres intérêts économiques, soit ils ont mieux compris l’économie que les docteurs en sciences économiques. Je pense qu’il s’agit du 2e scénario.

Dans de nombreux commentaires, durant ces dernières années, j’ai affirmé que l’économie empirait au lieu de s’améliorer, depuis la Grande Récession de 2008. Mes arguments étaient simples. Je suggérais que les signaux économiques, engendrés par les dépenses à crédit du gouvernement et le programme de stimulation de la Fed, long de 8 ans, ne créaient pas de croissance, mais vidaient l’économie réelle de sa substance. J’affirmais que les prix grimpaient plus rapidement que ne l’admettait Washington, que l’inflation était un problème économique pour les Américains ordinaires et non un élixir magique de croissance. J’affirmais que le chômage baissait en raison de gens qui abandonnaient leur recherche d’emploi, ou qui prenaient plusieurs temps partiels, pour compenser les pertes d’emplois bien rémunérés à temps plein. (…) Je disais que la politique des taux zéro et les QE profitaient aux investisseurs, pour mettre en échec la création de croissance durable ou réelle. Je disais que cette politique allait gonfler les bulles de la dette dans les secteurs auto et étudiants, et préparer notre économie à des années de douleur, après l’explosion de ces bulles.

C’est pourquoi je prédisais une victoire de Trump, malgré les sondages. (…) Je pensais que les électeurs allaient exprimer leur mécontentement de la seule façon possible, c’est-à-dire en votant pour Trump. Obama a été président des États-Unis pendant 8 ans, sur la promesse d’un changement, mais a poursuivi les politiques du passé. Clinton faisait la promesse de perpétuer cet héritage, qui fut un échec : elle était donc perdante dès le départ. (…)

Mais le fait que l’électorat ait enfin réalisé que l’empereur est nu ne signifie pas que nous sommes sur le chemin de la reprise. Donald Trump s’est érigé en maître de l’identification des espoirs et des craintes de l’électorat, mais à savoir s’il est doté de la sagesse et du courage pour faire le nécessaire, afin de restaurer la santé économique du pays, reste ouverte. S’il est vrai que Trump a moins de chances de perpétuer le statu quo, personne ne sait ce qu’il fera vraiment. Son élection représente sans aucun doute la fin d’Obamacare, celle de toute une série de régulations environnementales et du marché du travail, imposés par ordres exécutifs d’Obama, mais au-delà de cela, c’est l’inconnu.

Il a déclaré qu’il voulait baisser la fiscalité et réduire les régulations, ce qui représente des objectifs importants, mais il n’a rien dit concernant la tâche immense qui consiste à réduire les dépenses, tandis que la dette de notre pays explose. Trump a admis ouvertement que le succès de ses affaires se basait sur sa capacité à s’endetter fortement pour ensuite émerger, tel un phénix, grâce à de bons accords, à un marketing efficace et à la vantardise. Il pense probablement qu’il peut faire la même chose au niveau national. Mais à ce niveau, les règles sont différentes.

Il est peu probable qu’il comprenne les produits chimiques avec lesquels il va jouer, tout comme il est peu probable qu’il écoute les opinions de ceux qui les maîtrisent. Il est clair que sa seule solution est de « sortir de la dette via la croissance ». Il s’agit d’une mentalité de joueur, qui est totalement intégrée dans l’ADN du personnage. Cela n’a pas marché pour lui à Atlantic City, il en sera de même aujourd’hui.

Notre meilleur espoir est de voir un Trump président, bien plus prudent que durant sa campagne. Le plus sage des leaders est impuissant, s’il n’est pas élu. Trump a réussi à se faire élire au poste. Il comprend peut-être mieux les problèmes qu’il ne l’a montré durant sa campagne. Il réalise peut-être qu’une dette excessive étranglera l’économie, que les aides sociales nous submergeront, si on ne réforme pas la sécurité sociale et Medicare, que des stimulations monétaires sans fin créeront une économie zombie de bulles et que les guerres commerciales feront plus de tort que de bien. Seul l’avenir le dira.

L’incompréhension de Trump concernant la subsidiation par le déficit commercial du niveau de vie américain est particulièrement préoccupante. Oui, le démantèlement du secteur manufacturier a débouché sur la perte de millions de bons emplois américains. Mais ce ne sont pas les accords commerciaux qui sont responsables de ces pertes. C’est le manque de compétitivité des usines américaines, dans un environnement cher et fort régulé, qui l’est. Si nous avons perdu des emplois, nous avons reçu, en retour, des produits importés très bon marché, sans devoir développer les ressources nécessaires pour les produire. Nous avons pu consommer ces produits, sans devoir les payer totalement. En ce moment, les déficits commerciaux sont un problème pour nos créditeurs, pas pour nous. Par contre, ils deviendront un problème si nos créditeurs décident de couper notre ligne. Une guerre commerciale ne nous rendra pas nécessairement des emplois manufacturiers, par contre elle augmentera les prix et réduira les choix des consommateurs américains.

À court terme, nous devons célébrer le fait que l’élection de 2016 a montré que la population américaine avait compris qu’elle avait été bernée, qu’elle est furieuse et qu’elle refuse de continuer ainsi. Même si Trump a dépeint l’économie de façon morose, il est encore loin de la réalité. Pour que les choses s’améliorent, nous devons passer par des moments encore plus durs. Les promesses de fournir à l’électorat des avantages sociaux doivent être rompues. (…)

Ronald Reagan fut le dernier président républicain à être élu sur la promesse d’un grand changement. Il a obtenu de bons résultats avec ses promesses du « Morning in America », visant à réduire les impôts et les régulations. Mais il a échoué dans sa promesse de réduire les dépenses. Or, Trump n’a même pas fait cette promesse. Et si l’échec de Reagan sur les déficits fut amorti par le déclin constant des taux d’intérêt, durant sa présidence, Trump ne pourra pas bénéficier de ce vent favorable. Sans compter que les problèmes économiques de 2016 sont bien plus prononcés que ceux de 1980. Pour Trump, le « matin » de Reagan ressemble plutôt à un « minuit ».

Trump n’est pas responsable de ce désastre, mais c’est lui qui devra le nettoyer. »

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