Suite au courriel d’un lecteur, nous avons pris connaissance de l’article de Jean-Pierre Chevallier intitulé « Monétarisme : tout est simple ! (monnaie, or, dettes, crédits…) ». Faisant partie indirectement des idiots inutiles cités par M. Chevallier mais désireux de voir la lumière, nous souhaitons poser quelques simples questions qui, loin de réfuter par les faits ce que nos petits esprits considèrent comme des sophismes, nous permettront éventuellement de comprendre la simplicité du monétarisme selon M. Chevallier (mis à jour le 24 avril 2016).

« S’endetter, c’est s’enrichir. Les achats d’or de la France ont provoqué la grande dépression. La contrepartie de la monnaie, ce sont les pommes de terre. » Pour le citoyen lambda qui s’intéresse un peu à l’économie et qui lit cet article, il y a de quoi être déstabilisé.

Tout est simple, martèle Jean-Pierre Chevallier. Oui mais voilà, encore faut-il disposer du bagage intellectuel pour comprendre ces concepts simplissimes (ou simplistes ?). Triste constat, nous en sommes dénués. C’est pourquoi nous lançons un grand appel aux monétaristes chevronnés gravitant dans sa sphère : voici les questions que nous nous posons au vu des arguments que vous avancez. Vos réponses nous permettront peut-être de percevoir cette simplicité qui vous saute aux yeux. Merci d’avance.

1. Sur l’or, qui n’est pas la monnaie selon Bernanke

Ben Bernanke aurait donc dit que « pour une banque centrale, l’or n’est qu’un actif… dont il ne faut pas abuser », historiquement présent (à tort) dans les comptes des banques centrales.

Idiots que nous sommes, nous pensions donc que les États-Unis ne possèdent pas d’or. Si, historiquement, les banques centrales ont possédé du métal jaune, les banquiers centraux modernes ont pris les mesures nécessaires pour se débarrasser de cet actif inutile, Ben Bernanke en premier, non ? Voici pourtant ce que nous avons trouvé en ce qui concerne les réserves américaines sur le site même de l’ancien employeur de M. Bernanke :

reserves usa or

Sur 117,218 milliards de dollars de réserves, la Fed déclare posséder pour un peu plus de 11 milliards d’or. L’annotation 1 précise cependant que cet « or est valorisé à 42,22 dollars l’once » et non à sa valeur de marché, disons de 1200 $. Si cet or était valorisé à cette valeur de marché, il représenterait des réserves de plus de 313 milliards de dollars pour totaliser environ 75 % des réserves des États-Unis qui s’élèveraient alors à +- 419 milliards de dollars.

Question d’un idiot inutile : pourquoi Ben Bernanke n’a-t-il pas vendu au moins une partie de cet or comme l’ont fait la Suisse, la France, le Canada, etc., ou n’a pas au moins milité pour convaincre le Trésor de vendre cet or vu que techniquement, le métal lui appartient ?

2. Encore sur l’or, qui n’est pas la monnaie (mais bien des patates ou un essieu de camion)

L’or ne peut être considéré comme la contrepartie de la monnaie. Par contre, selon l’auteur, « La contrepartie de la monnaie, ce sont ici des pommes de terre et non pas de l’or ! », dans le cas d’un paysan qui vend des patates.

Question d’un idiot inutile : si on peut considérer que des patates sont la contrepartie de la monnaie en raison du travail et du capital fournis par le paysan pour les produire, pourquoi l’or ne pourrait pas être aussi la contrepartie de la monnaie en raison du capital et du travail du mineur pour extraire le métal (à un coût moyen d’environ 1200 dollars l’once, cela dit en passant) ?

L’or ne rouille pas, ne pourrit pas ; il est virtuellement indestructible. Il permet donc de stocker la valeur de ce capital et de ce travail (à la base de sa valeur intrinsèque, outre sa rareté) sur des milliers d’années, ce qui en fait une monnaie de premier choix, au contraire des patates ou d’un essieu de camion. Mon esprit défaillant ne viendrait-il pas de démontrer que l’or est la monnaie par défaut dans cet accès de « délire logique » (partagé par le « bon vieux Greenspan ») ?

Autre question : si je stocke des patates pendant 20 ans, leur pouvoir d’achat sera-t-il inchangé d’ici là, ou dans 100 ans ? Ou pourrais-je au moins en faire de la purée ?

3. Sur la dette, facteur de richesse

« En s’endettant, il s’enrichit ! … et plus il s’enrichit, plus il peut s’endetter ! » (Toujours en parlant de notre agriculteur). Donc plus je téléphone à Cofidis, plus je deviens riche, et plus je deviens riche, plus je peux leur téléphoner. Nous allons les appeler très bientôt, nous voudrions juste balayer un doute idiot. Regardez :

dette-PIB

Question d’un idiot inutile : pourquoi les taux de croissance étaient plus élevés lorsque le ratio dette-PIB était plus faible (du temps du standard or de facto, une idiotie qui entravait la croissance mondiale d’après M. Chevallier) ?  Source. Mieux encore, si l’argent est sain aux USA, comment cette hausse du ratio a-t-elle pu être possible vu que sauf mauvais investissements (chose qui n’arrive jamais aux USA, la crise des subprimes a été déclenchée au Turkménistan), le crédit dope selon lui l’activité économique, donc le PIB ?

4. Sur l’argent sain

L’argent sain est le pilier des Reaganomics. L’argent sain serait de l’argent gagné, c’est-à-dire empoché grâce au capital investi et au travail.

Question d’un idiot inutile : si j’achète un produit à une société endettée jusqu’à la garde dont les outils de production font l’objet d’un crédit, dont les travailleurs sont peut-être aussi en partie payé grâce à des lignes de crédit, peut-on vraiment parler d’argent sain vu que la production est en quelque sorte subsidiée par le crédit (bon marché depuis un moment, on attend toujours la normalisation des taux) ?

 

Nous avons bien sûr d’autres questions, mais soucieux de ne pas vous inonder de notre crétinerie, nous y passerons après votre réponse.

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