Article de Clint Siegner, publié le 28 décembre 2015 sur SafeHaven.com :

« Vouloir faire des prévisions sur les marchés d’aujourd’hui, manipulés et contrôlés par le trading à haute fréquence et ses algorithmes, est futile. De nombreux analystes de qualité partisans de l’or pourront en témoigner. Pour compliquer les choses, les marchés réagissent de façon obsessionnelle aux politiques de la Fed. Pourtant, les responsables de celle-ci sont loin d’être infaillibles : ils se révèlent plutôt être aussi maladroits que les bureaucrates soviétiques lorsqu’il s’agit d’organiser la planification centralisée de l’économie.

Néanmoins, outre toutes ces influences artificielles et tous les effets de levier du papier, l’influence du marché physique sur l’or et l’argent continue d’opérer. Nous pouvons être certains que tôt ou tard les cours finiront par être représentatifs de l’offre et de la demande même s’il est impossible de prédire quand cela se produira. Cela dit, voici ce que 2016 pourrait nous réserver.

Or et argent : destruction de l’offre

La production d’argent a plafonné en 2014 alors que la production d’or devrait atteindre son pic en 2015. La chute des cours fait en sorte qu’un nombre grandissant de projets n’est plus rentable. La chute du prix du pétrole adoucit les choses, mais il n’empêche que les coûts de production tout inclus de l’argent tournent autour des 17 $ l’once et de 1150 $ l’once pour l’or (en moyenne).

Aujourd’hui, les métaux précieux sont vendus bien en dessous de leur coût de production. Les producteurs purs d’or et d’argent livreront moins de métal en 2016 vu que de nombreuses mines performantes vendent aujourd’hui à perte chaque once livrée.

Mais un autre facteur risque de décimer l’offre en 2016. Les prix des métaux de base, dont le cuivre, ont chuté cette année tandis que leurs perspectives pour l’année à venir sont loin d’être roses. L’économie chinoise, le marché mondial principal pour les matières premières, ralentit. Le Brésil est dans le pétrin :  les économistes s’inquiètent de plus en plus d’un risque de récession mondiale.

La diminution de la demande pour les métaux de base impactera l’offre en or et en argent vu que de grandes quantités de ces métaux précieux sont obtenues en tant que produits secondaires d’une production principale par exemple de cuivre ou de zinc. La réorganisation de ce début de mois d’Anglo-American PLC (l’un des plus gros conglomérats miniers du monde) ne fait que mettre en exergue les difficultés que vivent les sociétés minières, peu importe le métal produit.

Les cours de l’or et de l’argent sont en déclin depuis 2011 mais ce n’est que depuis cette année que les prix moyens sont en dessous des estimations les plus optimistes des coûts de production. Le carnage récent des métaux de base ne fera qu’empirer la situation de l’offre en métaux précieux dans les mois à venir.

Demande physique en hausse

La demande des métaux précieux pour investissement est probablement le fait marquant de 2015. Les raffineries et les monnaies ont passé le plus clair du second semestre à tenter de satisfaire la demande, sans succès. Les investisseurs ont dû composer avec des primes plus élevées et des délais de livraison allongés. La situation a seulement commencé à se stabiliser alors que nous approchons la fin de l’année.

Seul l’avenir dira si 2016 pourra dépasser les records de 2015. Nous allons entrer dans cette nouvelle année de la même façon que l’année dernière : avec une demande ferme pour les lingots et les pièces d’or et d’argent mais loin d’être immense. Les investisseurs ont chargé à tours de bras durant ces derniers mois et attendent désormais le prochain catalyseur.

Celui-ci pourrait être des variations de prix. Les cours en baisse de ces quatre dernières années ont été l’un des facteurs qui ont alimenté la demande mais des prix qui montent devraient également inspirer de nouveaux venus opportunistes (comme ce fut le cas durant le dernier cycle haussier, entre 2009 et 2011). Seul un cours amorphe (qui bouge très peu) mène à l’apathie des acheteurs.

Comme toujours, les événements géopolitiques joueront un rôle important sur les acheteurs cherchant à acquérir une valeur refuge. En 2016, les investisseurs scruteront avec attention la saga grecque et des autres nations européennes surendettées. Les États-Unis sont en porte-à-faux avec la Russie sur le Moyen-Orient et l’Ukraine.

Les secousses récentes sur les marchés de la dette risquée à haut rendement (junk bonds) pourraient être à nouveau le signal d’alarme annonçant de nouveaux remous sur les marchés financiers. Ce genre de souci, impossible à prédire, pourrait déclencher une ruée vers les valeurs refuges l’année prochaine.

En ce qui concerne la demande industrielle pour l’or et l’argent, elle devrait être molle en 2016. Ce fait concerne plus l’argent que l’or vu que l’industire consomme un pan significatif de la production annuelle du métal gris. Comme nous l’avons mentionné plus haut, le scénario d’une récession est envisagé par certains économistes. Toute baisse de l’activité impactera la consommation de bijoux et d’autres biens. Néanmoins, une partie non négligeable de la demande industrielle provient de secteurs à forte croissance qui ont très bien résisté durant les dernières récessions. L’électronique, le solaire et les applications de l’argent dans le domaine de la santé sont quelques exemples.

Événements qui pourraient surprendre en 2016

Des défauts de livraison sont possibles sur les marchés des futures (note : même si cet article prétend que le Comex ne fera jamais défaut, en offrant un argumentaire solide). L’explosion des effets de levier du Comex devra être surveillée en 2016. (…)

Des Républicains candidats à la présidence des États-Unis parlent de plus en plus d’argent sain. Donald Trump, Ted Cruz, Rand Paul et Ben Carson ont tous remis en question la sagesse des politiques de la Fed. Les Républicains sont critiques envers la dette fédérale et les déficits qui se poursuivent depuis des décennies maintenant. Vu les résultats affreux de ce parti lorsqu’il s’agit de convertir ses paroles en actes, nous ne pouvons qu’être sceptiques quant à la capacité d’une présidence républicaine d’obtenir une véritable réforme.

Cela dit, il est indubitable que le principe de l’argent sain gagne en traction. Nous ne pouvons exclure que l’un des nombreux candidats exploite l’indignation populaire à propos des dépenses et des emprunts incontrôlés. Si des idées comme l’adossement du dollar à l’or devaient faire l’actualité pendant la campagne, les métaux précieux pourraient en profiter. »

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Veuillez entrer votre nom ici