Extraits de l’interview d’Hugo Salinas Price (hommes d’affaires américano-mexicain à la retraite qui milite pour que l’argent ait cours légal au Mexique) de Gold-Eagle.com, publiée le 10 novembre 2015 :

« – Pendant des millénaires, l’or et l’argent furent la monnaie. En fait, durant les siècles derniers, l’argent papier n’existait pas. Pourtant, aujourd’hui, l’argent papier domine les marchés mondiaux. Comment expliquez-vous cette popularité récente ?

– À la fin du 18e siècle, en Grande-Bretagne, la révolution industrielle démarrait grâce à l’invention de la machine à vapeur qui pouvait remplacer la force animale ou humaine. Les gains de productivité de la révolution industrielle permirent d’augmenter le niveau de vie de nombreuses personnes. Tout ce qui entre dans la production de biens, à l’exception du foncier et de la main-d’œuvre, s’appelle le capital. L’accumulation de capital, soit d’outils, a permis d’augmenter le niveau de vie à des niveaux dont on n’aurait même pas osé rêver auparavant. Mais à force de s’enfoncer dans le confort, les gens ont fini par oublier que c’est l’accumulation de capital qui augmente le niveau de vie.

Pour obtenir cette accumulation, il faut de l’épargne, ce qui signifie une privation temporaire afin d’améliorer sa situation future. Alors que le niveau de vie augmentait, la population en faisait de même. Rapidement, les politiciens se mirent à amadouer la population en lui affirmant qu’elle avait droit tout de suite à une meilleure vie en mettant en place des aides pour les « défavorisés », qui se tournaient auparavant vers les associations caritatives. L’État a donc repris ce rôle en mettant en place tous les filets de la sécurité sociale. L’État ne pouvant pas financer la sécurité sociale par l’impôt seul, il créa l’argent papier, qui cohabita avec l’or. Celui-ci finit par disparaître pour laisser la place au seul argent papier. Voilà où nous en sommes aujourd’hui. L’or en tant que monnaie ne peut coexister avec l’État-providence.

Tout le monde sait que le gouvernement américain s’endette de plus en plus. De nombreux experts estiment que cette dette ne sera jamais remboursée. Elle s’élève aujourd’hui à plus de 18 trillions et augmente chaque jour. Cela ne semble pas gêner Washington, qui émet toujours plus d’obligations pour financer ses déficits. Cependant, la Chine et le Japon devraient se faire du souci vu qu’ils possèdent respectivement pour 1,3 et 1 trillion d’obligations américaines… Comment la Chine et le Japon peuvent-ils se sortir de ce problème insoluble ?

– Je ne vois aucune issue à ce problème. Si vous vous lancez dans une entreprise scabreuse, vous perdez de l’argent le jour même où vous commencez, même si la perte ne se manifeste que plus tard. Ces pays qui ont reçu des quantités énormes de dollars pour les produits qu’ils ont vendus à Walmart et cie, comme la Chine et le Japon, ont perdu de l’argent au moment même où ils ont reçu ces dollars, même s’ils l’ignoraient à ce moment-là. Ils se focalisaient sur la construction d’un empire manufacturier, qui est désormais là, mais avec quelle contrepartie ? Quel est l’intérêt d’avoir un trillion de dollars si vous ne savez pas les dépenser ? Tel est le problème de la Chine et du Japon. Certains analystes prétendent que la Chine achète des ressources naturelles à travers le monde en se débarrassant petit à petit de ses obligations.

Vous êtes un expert financier mondialement reconnu. Sur base de vos décennies d’expérience, quelles sont vos prévisions pour les métaux précieux pour les 5 années à venir, disons 2020 ?

– Je doute que le monde puisse encaisser l’appauvrissement grandissant qui se déroule sous nos yeux au-delà de 5 années supplémentaires. Les déficits publics, qui se manifestent aux 4 coins du monde, ne font qu’appauvrir la planète. Les déficits sont comme le pillage d’un garde-manger qui n’est pas réapprovisionné. Un beau jour le garde-manger sera totalement vide, c’est ce qui est en train de se passer. Le jour où il n’y aura plus rien en réserve devra arriver, tôt ou tard, et à ce moment-là tout partira à vau-l’eau.

Le cours de l’or en 2020 : de 10.000 à 50.000 $, ou peut-être aucune offre exprimée en argent papier. Il se peut que l’acquisition d’or ou d’argent ne devienne possible que par la vente d’un actif tangible. Pensez au Zimbabwe : si vous agissez comme le Zimbabwe, vous obtenez sa situation. Il est impossible d’acheter de l’or avec des dollars du Zimbabwe. Pour l’argent en 2020, de 600 à 3000 $ l’once. Vous pouvez vous attendre à de telles valorisations. »

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Veuillez entrer votre nom ici