Traduction de l’article de John Rubino, paru le 17 août sur le site DollarCollapse.com

L’année dernière, le monde a semblé avoir complètement oublié l’Europe. Après que Mario Draghi ait déclaré qu’il ferait « tout ce qui est nécessaire » pour obtenir de la croissance dans la zone euro, les marchés se sont calmés, l’argent est devenu bon marché à obtenir et les nombreux pays en faillite virtuelle que sont la Grèce, l’Italie et l’Espagne ont arrêté de faire les gros titres. Pour l’observateur peu averti, on aurait pu croire que le projet européen était remis sur les bons rails.

Le mirage s’est ensuite dissipé. 5 années après un redressement qui aurait dû, en suivant les scénarios habituels, être désormais entré dans un risque de surchauffe, les économies majeures de la zone euro glissent à nouveau vers la récession. L’Allemagne et l’Italie ont enregistré un recul de leur PIB de 0,2 % durant le second trimestre, tandis que la France a parfaitement stagné. Pour des pays qui continuent d’accumuler de la dette sur des montagnes de crédits impossibles à rembourser, une croissance zéro ne signifie pas la stagnation, mais la mort. Les médias commencent à le comprendre. C’est ainsi que l’on a pu lire dernièrement ces titres :

  • Les exportations britanniques vers l’Union européenne sont à l’arrêt
  • l’économie européenne est cassée
  • L’Europe enlisée dans la dépression
  • Etc.

Que s’est-il passé ? La réponse dépend du recul historique de la personne qui pose la question. Le problème le plus récent, c’est que Draghi a eu la langue bien pendue, mais qu’il n’a pas fait grand-chose. Alors que la Fed et la BoJ inondaient leurs économies de monnaie fraîchement créée, la BCE a en fait retiré des euros de la circulation entre 2011 et 2013.

Évidemment, s’il y a moins de monnaie en circulation, cela signifie une monnaie plus forte. Entre 2012 et 2014, l’euro a augmenté de 10 % par rapport au dollar, rendant donc les exportations européennes plus chères de 10 %.

euro-dollar-change

Il s’agit du problème immédiat. Mais le problème à long terme est bien plus sérieux. Il s’agit d’un système qui repose sur une dette toujours plus importante. Or, il est difficile d’obtenir de la croissance dans un tel environnement, car le crédit d’hier est un obstacle à l’investissement de demain. Pour dire les choses plus simplement, l’argent qui sert à payer les intérêts ne peut être utilisé pour financer des outils de production. Donc l’Europe, avec son système généreux d’assistance sociale et ses lois régissant le travail très sévères, explosera. La seule question est de savoir quand.

On peut résumer en un mot la raison pour laquelle le ralentissement actuel choque autant les économistes et les commentateurs : l’Allemagne. Beaucoup d’experts semblent comprendre que l’Italie et la Grèce, avec leurs populations difficiles à gouverner, sont des économies ingérables et que la France, avec son gouvernement socialiste incapable, est quasi à mettre dans le même panier. Mais l’Allemagne était le pays qui avait réussi à créer un modèle social fort autour d’une production industrielle florissante, soit un modèle pour le reste de la planète. C’était le géant Atlas qui supportait la zone euro avec ses puissantes épaules.

La seule chose qu’ils ne comprennent pas, c’est que si l’Allemagne a pu afficher cette vigueur économique durant ces dernières années, c’est parce que les prêts accordés à l’Espagne, à la Grèce et à l’Italie leur permettaient d’acheter la production allemande. Dans les affaires, on appelle ce modèle le financement client. Cela marche très bien tant que le client peut rembourser sa dette, mais tout s’écroule lorsqu’il tombe en faillite.

C’est ce qui arrive à l’Allemagne. Maintenant que la périphérie de la zone euro n’a plus les moyens d’emprunter pour acheter des BMW et des médicaments, l’Allemagne, dont l’économie est basée sur les exportations, connaît un ralentissement. En attendant, les sommes importantes que les banques allemandes ont prêtées à ces pays se retrouveront, d’une façon ou d’une autre, au passif de l’Allemagne, entraînant sa dette, son déficit et ses taux d’intérêt vers une situation que peu peuvent l’imaginer.

Il n’y a qu’une issue à tout ceci : au lieu de faire marcher sa bouche, Mario Draghi devra se décider à mettre en marche la planche à billets. LA BCE sera contrainte à faire un QE similaire à ceux effectués par la Fed et la BoJ, mais à une échelle encore plus importante. L’objectif, explicite ou implicite, étant de faire baisser l’euro.

Cela marchera, car d’habitude c’est le cas, mais pour un moment. Après un an, l’euro baissera de 20 % par rapport au dollar et au yen, l’Europe se stabilisera plus ou moins, tandis que ce sera au tour des États-Unis et du Japon de tomber en récession. La Fed se lancera alors dans une nouvelle opération de monétisation de la dette qui fera sourire de fierté le fantôme de Keynes.

Cela continuera jusqu’au jour où, comme l’a dit Jim Rickards, les gouvernements du monde entier comprendront enfin que la dévaluation compétitive est inutile, la seule chose contre laquelle leur monnaie se dévalue étant l’or. Une réinitialisation monétaire aura alors lieu, propulsant l’or à 10.000 $ l’once.

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Veuillez entrer votre nom ici