Article de John Crudele, publié le 17 juin par le New York Post :

« La Fed va augmenter les taux… mais pas maintenant. L’économie connaît une croissance modérée… pour le moment. (Ne vous tracassez pas, la Fed sait ce qu’elle fait ou du moins elle l’espère)

En conclusion de la réunion de 2 jours de son Comité (FOMC), la Fed a déclaré qu’elle ne toucherait pas aux taux d’intérêt proches de zéro.

C’est exactement ce que le consensus attendait et Wall Street qui espérait, a jubilé à cette annonce. Le Dow Jones a grimpé de 76 points hier. C’est pourtant exactement ce que la Fed n’aurait pas dû faire.

« Afin de supporter les progrès continus vers le plein emploi et la stabilité des prix, le Comité a aujourd’hui réaffirmé son opinion qu’un taux directeur entre 0 et 0,25 % reste approprié » peut-on lire dans le communiqué publié par le Comité.

La vérité c’est que la Fed est pieds et poings liés. C’est en fait le cas depuis les 7 dernières années, elle aurait bien besoin de l’aide de Houdini pour se libérer de sa camisole.

Voici la situation délicate dans laquelle elle se trouve :

Malgré des taux d’intérêt à un plus bas historique durant une période affreusement longue, l’économie américaine connaît au mieux une croissance modeste. Même le QE , l’opération osée et dangereuse de création monétaire de la banque centrale, n’a pas permis à l’économie d’accélérer.

La Fed pourrait laisser ses taux proches de zéro pour l’éternité, le problème c’est que cela crée des distorsions dans l’économie. Les Américains dont les revenus dépendent du rendement de leur épargne ont dû revoir à la baisse leurs dépenses et cela ne date pas d’hier. Cela a été dommageable à l’économie.

Les gens qui investissent lourdement en bourse, ce que la plupart appellent les riches, n’ont pas eu à se plaindre. Mais les riches ne peuvent utiliser cet argent pour acquérir tous les produits qui ne sont plus achetés par les autres : ce n’est pas payer des sommes outrancières pour des Picasso ou des appartements à Manhattan qui va booster le PIB américain.

Les classes moyennes qui pouvaient bénéficier de ces taux planchers notamment les propriétaires qui étaient en position de renégocier leurs prêts, l’ont déjà fait. Autrement dit, les avantages d’une politique de taux plancher ont déjà été exploités. Une seule entité en bénéficie encore, c’est le gouvernement fédéral. Il continue de financer ses énormes déficits à très bon marché.

Mais la raison majeure pour laquelle la Fed doit augmenter le taux sur lequel elle a le contrôle est que les autres taux augmentent déjà. Même hier suite à l’annonce de la Fed, les taux contrôlés par les investisseurs ont grimpé. En bref, cela signifie que la Fed a perdu sa capacité d’influencer les marchés. Et à moins qu’elle les augmente, elle ne sera pas en mesure de les baisser si l’économie devait à nouveau partir en vrille.

Maintenant que le QE a été discrédité en tant que mesure pour faire repartir l’économie, jouer avec les taux est désormais le seul recours de la Fed.

Durant ces dernières semaines, quelques bonnes nouvelles économiques sont sorties, la Fed aurait dû en profiter pour agir. En mai, l’emploi s’est amélioré ainsi que les ventes de détail. Même s’il s’agissait d’anomalies vu que la croissance de l’emploi fut principalement obtenue par des ajustements saisonniers et que les ventes de détail furent dopées par la hausse du prix des carburants. (…)

Dans son communiqué, la Fed a également abaissé ses prévisions de croissance pour cette année. (…) Actuellement, GDPnow annonce une croissance en temps réel de 1,9 % durant le second trimestre. Ce qui n’est pas suffisant au vu du premier trimestre. Mais au moins, il y a un peu de croissance. Les mois à venir sont incertainssurtout en ce qui concerne l’emploi. Comme je l’ai déjà expliqué, les chiffres de mai, juin et juillet sont poussés à la hausse par des ajustements optimistes. Après quoi l’économie devra se débrouiller seule.

La Fed pourrait relever ses taux en juillet mais elle ne semble pas avoir le courage nécessaire pour le faire, répétant ainsi les erreurs du passé. Et lorsque nous connaîtrons de réelles difficultés, la Fed n’aura plus de marge de manœuvre et sera cantonnée à un rôle d’observatrice. »

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