Vous pourrez « bénéficier » des taux négatifs sur votre compte d’épargne et autres Livrets A, mais pas lorsque vous faites un crédit, au contraire des entreprises et des gouvernements. Cette information peu étonnante est mise en exergue par l’article de Wolf Richter, publié le 1er septembre 2016 sur WolfStreet.com ; les taux négatifs sont une aberration pour le consommateur lorsqu’il emprunte (sauf quand il épargne), mais pas pour les entreprises et l’État :

« Les points d’accord sur les politiques monétaires que je partage avec Ewald Nowotny, membre du conseil de la BCE et gouverneur de la banque centrale autrichienne, ne doivent pas être nombreux. Cependant, il a dit aujourd’hui quelque chose qui est incroyablement vrai, et ce faisant il a démontré à quel point les banques centrales et les gens qui les dirigent sont hypocrites.

Le discours liminaire de Nowotny, prononcé ce 1er septembre au forum européen d’Alpbach en Suisse, était intitulé : Les politiques à taux plancher : argent gratuit pour tous, ou sauveur dans le cadre d’une situation d’urgence ?

À cette question rhétorique, il a apporté très rapidement une réponse d’une grande limpidité : l’argent gratuit, ou pire, à taux négatif, n’est pas réservé à tout un chacun. Seuls les gouvernements et les entreprises peuvent en profiter, les citoyens sont exclus.

En fait, des crédits à la consommation avec des taux négatifs seraient « une perversion », a-t-il déclaré, alors que certains attendent avec impatience l’arrivée de crédit hypothécaire à taux négatifs qui offriraient dans les faits un rendement pour avoir emprunté des tonnes d’argent afin d’acheter un bien immobilier ridiculement surévalué. Même la Suisse, qui affiche le taux le plus négatif du monde, a fixé des limites.

« Je pense qu’il s’agirait d’une perversion, une perversion économique, d’avoir des crédits à des taux négatifs. Cela va nettement à l’encontre de la nature d’un prêt, » a-t-il déclaré.

Je suis tout à fait d’accord avec lui. Les taux négatifs, ou les rendements négatifs, vont à l’encontre de la nature économique de la dette. La dette à rendement négatif est une absurdité qui existe seulement de par la volonté des banques centrales, qui les ont imposés.

« En Suisse, il a été décrété depuis longtemps que les taux négatifs seraient exclus des offres de crédit personnel. Depuis peu, l’Autriche a fait de même, » a-t-il déclaré. C’est donc officiel : les consommateurs ne pourront pas emprunter à des taux négatifs. (…)

Et voilà toute l’hypocrisie des banques centrales : les gouvernements d’Europe et du Japon empruntent depuis un bon moment à des taux négatifs tandis que de plus en plus d’obligations d’État voient leur rendement s’inverser. (…) Au total, pour environ 12 trillions de dollars d’obligations d’État affichent un rendement négatif (voir ci-dessus).

En juillet, l’Allemagne a vendu pour 4 milliards d’obligations à 10 ans avec un coupon de 0 %, ainsi qu’à un prix supérieur à leur valeur nominale. Les acheteurs ne recevront donc aucun paiement en intérêt, et lorsque l’obligation arrivera à maturité ils recevront un montant inférieur à ce qu’ils ont payé, sans parler des pertes engendrées par l’inflation qui aura lieu dans les 10 années à venir.

Les entreprises, même les entreprises américaines avec des filiales en zone euro, empruntent à des taux négatifs, parfois directement à la BCE via des obligations privées. (…)

En conclusion, et c’est Nowotny qui le dit implicitement : les entreprises et les états peuvent bénéficier de l’absurdité que sont les taux négatifs, mais pas les consommateurs. Cette absurdité ne profite qu’à un petit groupe soigneusement choisi. »

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Veuillez entrer votre nom ici