Avec une dette élevée, une faible croissance et d’énormes dépenses publiques, l’économie française a grandement besoin d’un électrochoc.

À en croire les sondages d’opinion actuels, le pays pourrait bien le recevoir bientôt, alors que la France est à l’aube de prendre une décision historique à l’occasion du vote du premier tour de la présidentielle qui aura lieu le mois prochain.

Aucun des deux favoris pour le second tour, Marine Le Pen du Front National et Emmanuel Macron d’En Marche !, ne représentent la classe politique traditionnelle en matière de gouvernance, même si ces deux candidats proposent des visions extrêmement différentes pour la France.

dette française

D’un côté, Le Pen promet de brider l’immigration et de retirer la France de l’Union européenne, tandis que Macron souhaite davantage voir vers l’extérieur en abaissant les impôts des sociétés françaises.

Les deux candidats souhaitent secouer le cocotier de l’establishment français et sortir l’économie moribonde du pays de sa torpeur actuelle. Mais que se passe-t-il vraiment avec l’économie française ?

Dette publique, faible croissance et structures étatiques démesurées

Les problèmes de dette publique des pays européens sont bien connus mais il est facile de croire que des pays à la stature internationale comme la France ont des problèmes de dette moindres que d’autres pays comme la Grèce.

Cependant, la dette publique française a augmenté de façon dramatique durant ces huit dernières années, à tel point qu’elle approche les 100 % du PIB. Ce qui place la France dans le top 6 des pays les plus endettés de l’Union européenne (dette/PIB).

Il est difficile d’envisager comment la France sera capable de se désendetter vu ses niveaux actuels de dépenses.

Le secteur public du pays est énorme, les dernières estimations d’Eurostat indiquant que les dépenses du gouvernement représentaient 57 % du PIB en 2015. Un record que la France partage avec la Finlande.

Dans les 28 pays de l’Union, la moyenne est inférieure de 10 %, à 47,3 % du PIB.

La France se trouve également en mauvaise posture au classement de la croissance, les dernières statistiques d’Eurostat montrant une croissance de 1,3 % en 2015, un chiffre bien inférieur à celui du Royaume-Uni (2,2 %), ou encore de l’Allemagne (1,7 %).

La croissance moyenne dans les 28 pays de l’UE fut de 2,2 % en 2015.

La croissance de 0,6 % enregistrée en France en 2014 était également bien en deçà de celle du reste de l’Europe, avec une moyenne de 1,6 % dans l’UE.

Un sale temps pour les travailleurs et les employeurs

La France est tristement célèbre pour son code du travail compliqué, les travailleurs français bénéficiant d’un nombre significatif de protections supplémentaires par rapport aux autres pays européens.

Les CDI sont devenus une denrée rare en France, les sociétés étant peu désireuses d’en proposer en raison des droits étendus qu’ils confèrent aux salariés. Ce qui a débouché sur un nombre très élevé de contrats temporaires, de nombreux salariés travaillant de mois en mois.

Les grèves sont également très fréquentes. L’année dernière, les plus sérieuses ont concerné les contrôleurs aériens ainsi que les travailleurs du secteur pétrolier.

Les estimations de l’Institut européen des syndicats (European Trade Union Institute) montrent que la France a perdu 149 jours de travail par 1000 travailleurs entre 2009 et 2015, soit le taux européen le plus élevé derrière Chypre.

Il faut aussi ajouter à cela la hausse du chômage en France, les derniers chiffres l’ayant fixé à 9,7 % au T3 2016.

Même s’il est légèrement en baisse par rapport au même trimestre de 2015, le chômage reste plus élevé que durant n’importe quelle période antérieure à la crise financière, avec un niveau particulièrement élevé du chômage des jeunes.

Des signes d’avertissement sur les marchés financiers

Les incertitudes concernant le futur politique de la France, qui s’ajoutent à sa performance économique, ont poussé durant ces derniers mois les investisseurs à percevoir le pays en tant que pari de plus en plus risqué.

On peut le constater en observant l’écart de rendement entre les obligations françaises et allemandes.

L’Allemagne est considérée comme la référence en termes de rendement obligataire, l’ancre de stabilité à laquelle les autres pays peuvent se comparer.


Les taux des obligations à 10 ans de la France sont systématiquement plus élevés que ceux de l’Allemagne depuis un moment, mais depuis quelques jours, l’écart ne fait que se creuser. Et avec la décision d’Alain Juppé ne pas remplacer, éventuellement, François Fillon, au cœur d’un scandale, dans la course à la présidentielle, il pourrait encore se creuser davantage dans les jours à venir.

Les taux augmentent en raison de la baisse de la valeur des obligations françaises. Cela signifie qu’il est plus difficile pour la France d’emprunter de l’argent. (…)

La performance du CAC 40 est également une source d’inquiétude

Même si le marché s’est redressé durant ces derniers mois, il est toujours loin de son record atteint en 2015. Il est probable que cette instabilité se prolonge dans les mois suivant l’élection présidentielle.

La France est un pays à l’aube d’un tremblement de terre historique en termes politiques et économiques ; en ce qui concerne l’économie, ce changement n’a déjà que trop tardé.

Article de Patrick Scott du Telegraph, publié le 6 mars 2017