Prenez n’importe quelle figure d’envergure du monde économique, délestez-la de ses responsabilités et posez-lui des questions candides : vous serez surpris par les divergences d’opinion entre l’avant et l’après (comme dans les pubs TV pour les lessives). Est-ce bien étonnant alors que Jean-Claude Juncker a expliqué, dans un élan de sincérité touchant, que « quand les choses deviennent sérieuses, il faut mentir ». On vient d’en avoir un exemple récent avec Mervyn King, nous remettons le couvert avec Alan Greenspan.

Dans le cas de l’ancien président de la Fed, ce retournement de veste n’est pas neuf. Depuis qu’il a quitté la plus haute fonction de la banque centrale américaine, des transformations étonnantes ont eu lieu. Il s’est subitement souvenu du rôle réel de l’or dans le système monétaire, est devenu bien plus lucide quant à la situation réelle de l’économie même s’il ne reconnaîtra jamais avoir commis des erreurs par le passé. Zero Hedge rapporte les moments forts du dernier entretien que le maestro a accordé à Bloomberg :

« Vous demandez-vous ce que pense Alan Greenspan des perspectives des politiques monétaires à travers le monde ? Nous non plus, mais bien Bloomberg. Tom Keene et Mike McKee ont eu le privilège de s’entretenir avec le maestro lundi après-midi pour discuter toute une série de sujets comme les taux d’intérêt négatifs, dont Greenspan estime qu’ils « altèrent les décisions des investisseurs ».

Même s’il n’a pas souhaité aller jusqu’à les condamner en qualifiant les taux d’intérêt négatifs de dangereux, il a par contre admis que la course mondiale keynésienne vers le fond est « contre-productive ».

En ce qui concerne l’économie américaine, Greenspan n’est pas optimiste. « Nous sommes dans de sales draps simplement parce que la productivité est au point mort… Les investissements en capital réel sont bien en dessous de la moyenne. Pourquoi ? Parce que les entreprises sont très incertaines à propos du futur. »

Oui, c’est sans aucun doute le cas. Bien sûr, si nous n’avions pas connu le « Greenspan put » et des décennies de largesses financières, nous n’aurions peut-être pas connu la dernière crise financière (David Stockman se fera un plaisir de vous expliquer le rôle joué par Greenspan dans la situation actuelle).

Sur la question de savoir si la loi Dodd-Frank a réglé les choses, Greenspan répond par la négative : « cette régulation est supposée s’attaquer aux problèmes que nous avons connu en 2008 et qui ont menés à cette situation. Elle ne le fait pas. Les banques « too big to fail » représentaient le gros du problème à l’époque, et le sont encore aujourd’hui. Rien dans Dodd-Frank ne résout cette problématique ».

Et enfin, voici le plat de consistance. Interrogé sur son d’optimisme sur l’avenir, Greenspan a déclaré ceci : « Non. Je ne l’ai pas été (optimiste) depuis un moment, et je ne le serai pas avant que nous ayons réglé le cas des programmes sociaux. Personne ne veut y toucher. Ils sont en train d’entraver graduellement les investissements, la productivité et le niveau de vie. »

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