Alors que l’Europe met en place les mesures drastiques appliquées en cette Chine lointaine, que cela signifie-t-il au quotidien ? Voici le témoignage d’un commentateur de Wolf Street qui vit en zone orange en Italie (source) :

« En zone orange, les mouvements sont limités, mais il y a beaucoup d’exceptions. En réalité, vous êtes assez libre de circuler. Par contre, cela a un impact important sur la vie sociale. Les bars et les restaurants doivent fermer à 18 heures, les centres commerciaux sont fermés durant les week-ends.

Tous les concerts, les événements sportifs et pièces de théâtre sont annulés. Les consultations médicales sont limitées aux urgences et aux maladies chroniques. L’accès aux maisons de retraite est difficile, seule la famille la plus proche est autorisée à visiter les résidents lorsque ceux-ci ont des soucis de santé importants (autres que le coronavirus), ou sont en fin de vie.

Mais jusqu’à présent, c’est la décision de fermer les écoles qui est la plus grave. Même s’il n’y a pas d’enfants ou de jeunes adultes en situation critique, ils sont suspectés d’être des porteurs asymptomatiques du coronavirus. D’où cette mesure de précaution. Les universités ont également fermé. Dans les grandes villes universitaires, on a assisté à un grand branle-bas de combat du côté des étudiants qui voulaient absolument rentrer chez eux avant de nouvelles mesures de quarantaine.

Du côté des entreprises, leur fonctionnement n’est pas entravé de façon significative. Le seul impact important se situe du côté des parents qui ont des enfants en bas âge, et qui doivent rester à la maison pour s’en occuper. Les livraisons ont lieu comme d’habitude. Nous venons juste de recevoir une livraison expresse d’Allemagne ce lundi matin.

Cela dit, il y a des précautions qui sont prises. Les livreurs portent désormais des gants et des masques. On peut se déplacer dans le cadre de son travail, sauf dans la zone rouge (le foyer de la contagion). Cela dit, rencontrer des clients à l’étranger devient compliqué.

Situation dans les magasins italiens

Durant les premiers jours chaotiques de l’épidémie, les seuls produits qui disparurent des supermarchés furent les biscuits secs et les crackers. Bizarrement, le riz sous vide, un autre aliment de base qui se conserve très longtemps, a toujours été disponible. Aujourd’hui, les biscuits secs et les crackers peuvent à nouveau être achetés. On est donc certain de ne pas mourir de faim.

Mais au fur et à mesure de l’augmentation des cas, d’autres articles ont disparu des magasins. Les masques, le désinfectant pour les mains, le paracétamol, par exemple. IKEA a même annoncé être en rupture de stock de distributeurs de savon. On peut toujours trouver facilement des gants en latex, par contre. Ce qui montre les priorités curieuses des gens qui se préparent en accumulant.

Le trafic routier a baissé, comme on pouvait s’y attendre. Mais pas autant qu’on aurait pu le penser.

La ville où je vis n’est pas connue pour sa vie trépidante. Cela dit, il n’y a plus aucune raison de sortir de chez soi après 19 heures. Le seul restaurant chinois du coin a fermé depuis plus d’une semaine.

Que se passe-t-il en cas de test positif au Covid-19 ?

Dimanche dernier, j’ai reçu un appel. Le CFO d’une société avec laquelle je travaille a été hospitalisé en raison de soucis respiratoires. Un test avait déjà été fait, mais il fallait attendre 24 heures pour les résultats. Ils furent négatifs, il avait une simple pneumonie. S’il avait été positif, toutes les personnes rencontrées durant les 14 derniers jours auraient dû être testées. Et même en l’absence de symptômes, ces personnes auraient dû rester à la maison pendant 14 jours.

L’Italie connaît des problèmes économiques depuis longtemps

Les appels concernant des mesures fiscales et monétaires « extraordinaires » ont commencé bien avant la confirmation du premier cas. Le secteur industriel ralentissait déjà depuis plusieurs mois. Le Covid-19 n’est donc pas responsable de cette situation ou des chiffres horribles qui seront rapportés pour le premier trimestre de 2020. Ce n’est que l’élément déclencheur.

Le gros problème est que l’Italie, surtout grâce aux largesses de la BCE, bénéficie de stimulations importantes depuis 2016. La dette publique est élevée, à 135 % du PIB, tandis que la dette des entreprises s’élève à 165 % du PIB.

Il y a énormément de tentatives désespérées qui sont faites afin de pousser les entreprises et les individus à s’endetter davantage pour doper le PIB. Rien qu’aujourd’hui, j’ai reçu une offre pour un crédit d’entreprise non garanti remboursable en 7 ans. Hier, une offre de crédit hypothécaire à 0,48 % plus Euribor-12. Voilà où sont les priorités en ce moment. »