Article de David Stockman, publié le 11 mars 2016 sur DailyReckoning.com :

« Oui, cet homme est fou à lier, tout comme l’ensemble de la classe politique de la zone euro. Comme la plupart des officiels du monde entier, la BCE essaie de combattre la faible croissance et l’inflation basse avec de la nitroglycérine monétaire. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils provoquent l’explosion du système financier.

Ce n’est pas le taux d’intérêt de référence de la BCE à -0,3 ou – 0,4 % qui va remédier au problème de la basse croissance réelle du PIB de la zone euro ou de la faible inflation. Ni non plus un QE de 80 milliards d’euros au lieu de 60. Le seul motif de ces interventions financières lourdes est de faire baisser le coût du crédit pour les ménages et les entreprises.

Le cycle d’expansion du crédit en bout de course

Mais voici ce que notre idiot de Mario ne comprend pas : le secteur privé européen ne souhaite pas s’endetter davantage. Il est déjà embourbé dans le crédit jusqu’à la garde, cela dure en fait depuis près de 10 ans.

Le problème de la croissance en Europe est provoqué par les excès d’aides sociales, de taxes et de règlements, pas par la faiblesse du crédit privé. Ces problèmes doivent être résolus par la politique fiscale des politiciens élus, pas par les apparatchiks de la banque centrale.

Comme indiqué sur le graphique ci-dessous, le secteur privé de la zone euro a connu son dernier round de frénésie d’emprunt entre l’arrivée de la monnaie unique et 2008. Les dettes dues ont progressé annuellement de 7,5 %. Mais depuis, le secteur privé européen a décidé volontairement de stopper son ascension du Pic de la Dette.

Les montants dus se sont stabilisés durant les 8 dernières années, et ce malgré les mesures allant crescendo de répression des taux de la BCE qui ont fini par pousser les taux de marché dans l’enfer des taux négatifs.

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Ce ne sont pas non plus les achats obligataires d’environ 700 milliards d’euros des QE qui y ont changé quoi que ce soit. Les crédits bancaires en cours du secteur privé s’élevaient à 10,24 trillions d’euros fin janvier, soit exactement la même somme qu’en mars 2015, lorsque Draghi et sa joyeuse bande de créateurs de monnaie décidèrent d’y aller plein pot.

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De même, il est évident que la basse inflation n’est pas un problème, et qu’en tout état de cause elle n’est pas provoquée par un déficit de création monétaire, ou des taux insuffisamment baissés par la BCE. Le répit dont bénéficie la BCE par rapport à son taux annuel normal d’inflation de 1-2 % s’explique par la conjonction de la baisse des prix du pétrole, des matières premières, de l’acier, etc.

Cette vague bienvenue de déflation importée, par contre, améliore la balance commerciale de la zone euro tout en augmentant le niveau de vie des citoyens. Ces améliorations n’ont cependant rien à voir avec ce que la BCE a fait l’année dernière, ou durant ces 4 dernières années.

En fait, la déflation mondiale est la conséquence de mauvais investissements massifs dans les secteurs minier, de l’énergie, de l’industrie, des transports et de la distribution. Ceux-ci ont été causés par la frénésie de crédit de ces 20 dernières années, rendue possible par les assouplissements monétaires à répétition des banques centrales. Une dette incrémentale de 185 trillions de dollars, équivalant à presque 4 fois la croissance que nous avons connue durant cette période, a détruit la capacité du monde d’investir et de créer de la croissance organique.

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L’excès de capacité que l’on retrouve aux 4 coins de la planète compresse également les prix, les marges et les profits. Ce sont la Chine et les marchés émergeant qui sont touchés le plus, tandis que les machines perfectionnées, la haute technologie et les produits de luxe sont également affectés, ce qui impacte l’Allemagne et d’autres bastions des exportations européennes.

Il va cependant sans dire que le nouveau round de charlatanisme monétaire de la BCE n’aura aucun impact sur les importations de produits européens de la Chine et des émergents. Draghi n’est pas parvenu à affaiblir l’euro, mais cela n’aurait eu de toute façon aucune importance. Le taux de change n’est pas le frein, la saturation des investissements sur les marchés étrangers qui n’ont plus la capacité d’emprunter est le vrai problème.

Quoi qu’il arrive, la déflation mondiale est une véritable aubaine pour les salariés de la zone euro et les consommateurs vu que l’Europe importe énormément d’énergie et de matières premières. (…)

2 % d’inflation… Pourquoi ?

La vérité est que l’intégralité du gambit anti-déflation des banques centrales repose sur un épouvantail qu’ils ont créé. À savoir le principe complètement bidon qu’une inflation de 2 % est l’élixir magique de la performance économique. Pourtant, rien ne le prouve. Malgré tout, c’est devenu une norme suivie religieusement.

De plus, depuis la création de l’euro en 1999, l’indice harmonisé des prix à la consommation sans l’énergie a augmenté de 1,57 % par an. Pendant les 8 années qui ont suivi la crise de 2008, il a augmenté de 1,21 %. Et, suite à la baisse des prix des matières premières et des autres importations autres qu’énergétiques, l’index est en hausse de 1,01 % sur l’année se terminant en janvier.

Soyons sérieux. Y a-t-il un iota de logique économique ou de bon sens qui pourrait suggérer que 36 points de base, ou même une déviation de 56 points de base dans le second cas, d’une tendance lourde pourrait provoquer la chute de l’économie de la zone euro, pesant 13 trillions de dollars, dans une espèce de trou noir macro-économique ? Une catastrophe telle que le seul remède consiste en un assaut criminel sur les épargnants et en une aubaine pour les spéculateurs ?

On peut aujourd’hui clamer haut et fort que la BCE et les autres banquiers centraux se sont tellement enfoncés dans le terrier du lapin qu’ils ont perdu tout contact avec le bon sens. Ils se prennent la tête avec des décimales microscopiques de taux d’inflation qui n’ont strictement rien à voir avec la prospérité économique de la zone euro. (…) »

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