En 2019, la population mondiale est désormais de 7,7 milliards d’individus. Rien que cette année, elle va augmenter d’environ 81 millions de personnes. Comme le graphique ci-dessous le montre, les nations pauvres représenteront 61 millions de naissances, contre 20 millions pour les nations riches.
Cet article explique pourquoi malgré cette énorme population qui augmente rapidement, la distribution géographique de ces changements démographiques rend la future croissance très peu probable. La demande engendrée par des vagues toujours plus réduites de jeunes adultes des pays riches qui entrent dans la population active ne peut pas être compensée par des vagues, mêmes plus importantes de jeunes adultes qui entrent dans la population active de pays pauvres qui ne représentent que 10 % du PIB mondial. Bien sûr, cela devrait conforter ceux qui craignent l’épuisement des ressources et la dégradation de l’environnement, vu que la pression va baisser dans les années à venir.
En ce qui concerne la croissance annuelle de la population mondiale, elle baisse depuis 5 décennies, et cette tendance se poursuit. Ce ralentissement est particulièrement visible parmi les nations riches, si bien que dans quelques décennies, la population déclinera. La croissance démographique ralentit également parmi les nations pauvres, mais beaucoup moins rapidement. Il est quasi certain que cela va continuer, en raison de la stabilité des populations en âge de procréer et de la baisse généralisée du taux de fertilité de par le monde.
Cet article scinde la planète en 2 groupes de taille similaire, les 3,9 milliards d’individus qui vivent dans des « nations riches » et les 3,8 milliards d’individus qui vivent dans des « nations pauvres » (sur base de la méthode Atlas des Nations unies de 2017 et des chiffres de la Banque mondiale). Le revenu par habitant des pays riches est de 4.000 à 80.000 $, soit une moyenne globale de 16.000 $ par habitant. Dans les pays pauvres, le revenu s’élève de quelques centaines à 4.000 $ par an, pour une moyenne de 1.600 $ par habitant par an, soit 1/10 de la moyenne globale des pays riches.
D’un point de vue des revenus, chaque habitant d’un pays riche a donc 10 fois plus de pouvoir d’achat qu’un habitant d’un pays pauvre.
De ce fait, en ce qui concerne l’énergie, les pays riches en consomment environ 88 %, contre 12 % pour les pays pauvres. Cela concerne toutes les formes d’énergie : pétrole, charbon, énergies renouvelables, gaz naturel, énergies nucléaires, etc.
Natalité mondiale : en baisse chez les riches, en hausse chez les pauvres
Commençons par examiner la natalité annuelle des pays riches par rapport à celle des pays pauvres. C’est à partir de 1976 que les nations pauvres ont commencé à faire plus d’enfants que les pays riches, même si les populations des 2 groupes ont continué de croître jusqu’en 1989. Cependant, à partir de cette année, les naissances dans les nations riches commencèrent à baisser. Du côté des nations pauvres, la croissance se poursuivait, mais bien plus lentement. En 1996, alors que les naissances des « riches » avaient chuté de 20 millions par an (en raison de l’implosion en Chine), les naissances parmi les nations riches se stabilisaient à environ 50 millions par an. Elles restent à ces niveaux, la courbe faisant un « L ». Du côté des nations pauvres, les naissances n’ont augmenté que de 3 millions entre 89 et 96, totalisant 17 millions de naissances de moins par rapport aux 7 années précédentes.
Ce n’est qu’en 2018 que les naissances dans les nations pauvres ont enfin augmenté presque autant que la baisse des naissances dans les nations riches de ces 20 dernières années. Mais, une fois de plus, la natalité parmi les nations riches continue de baisser (en grande partie à cause de la Chine ; mais cette fois, pas que). Donc, sur une période de 30 ans, la population mondiale a augmenté de 2,5 milliards d’individus sans un seul ajout de naissances nettes. Relisez cette phrase. C’est le résultat de l’allongement de l’espérance de vie et de la baisse de la fertilité presque partout dans le monde.
Déclin net de jusqu’à 19 millions d’enfants dans les pays riches et augmentation nette de 18 millions dans les pays pauvres. Vu les grandes inégalités de revenus (10x), chaque remplacement de population entre les 2 groupes engendre une division par 10 du PIB pour cette population. Il n’est pas très amusant de constater qu’une baisse des naissances de 29 % dans les pays riches et une hausse des naissances de 26 % dans les pays pauvres engendrent pour ce groupe un PIB mondial en baisse de 90 %.
Une tendance qui sera difficile à inverser
Vu que les naissances dans les pays riches ne cessent de baisser depuis ces 30 dernières années, la tendance ne fait que s’accélérer étant donné que les populations susceptibles de procréer se réduisent de plus en plus ! D’ici 20 ans, toute augmentation de la population parmi les moins de 70 ans aura lieu uniquement parmi les pays les plus pauvres.
Voici le dernier vestige de la croissance démographique dans les pays riches : la croissance de la population des plus de 70 ans dans ces pays.
Conclusions
La demande économique mondiale devrait baisser vu que chaque année, des vagues toujours plus réduites de jeunes adultes des nations riches entreront dans la population active. Les modèles japonais et allemand qui visent à compenser la dépopulation par les exportations ont pu fonctionner tant que les importations mondiales augmentaient. Cette voie n’est néanmoins plus disponible pour le Japon, l’Allemagne et en particulier la Chine. Cependant, la petite baisse de population parmi les nations riches engendre un déclin asymétrique de l’activité économique.
Sans nouveaux consommateurs, on a besoin de moins d’usines, de moins d’infrastructures, de moins de logements, de moins de salariés. Sans croissance, l’abus de crédit est mortel. Si l’urbanisation est un phénomène mondial qui se poursuit avec les jeunes qui migrent vers les villes à la recherche d’opportunités, cela ne va qu’accélérer et exacerber l’abandon des campagnes.
La croissance démographique des pays pauvres est très loin de pouvoir compenser le déclin des pays riches. En fait, en l’absence de croissance de la population des pays riches, cela signifie moins d’opportunités économiques pour les pays pauvres, donc un développement remis en question.
La capacité économique devrait continuer d’augmenter grâce à l’innovation, l’automatisation, l’intelligence artificielle et bien d’autres technologies qui augmenteront l’offre. La baisse générale de la demande et l’augmentation des capacités déboucheront sur la déflation et une dépression, et donc une nouvelle vague de dépopulation. De par le monde, les banques centrales ont baissé les taux afin de compenser cette baisse de la croissance, les gouvernements augmentent les déficits et baissent les taxes. Ces solutions sont des rustines. Beaucoup tentent de trouver la réponse dans le socialisme, la théorie monétaire moderne, la baisse de la fiscalité, les taux négatifs, l’immigration de masse, les politiques commerciales, le protectionnisme à la Trump… ces solutions ne sont pas du tout adaptées aux problèmes qui se posent à nous. À vrai dire, elles ne les prennent même pas en considération.
Source : article de Chris Hamilton, publié le 16 février 2019 sur le blog Economica