Ebola a bon dos : à chaque nouvelle d’un cas potentiel de contamination, les soucis des marchés sont remis sur le compte de cette maladie qui existe pourtant depuis des décennies. Si cela n’aide pas, les raisons de ce revirement sont pourtant beaucoup plus profondes. Elles ont été évoquées par Egon von Greyerz durant sa dernière interview sur KWN :

Eric King : « Egon, vous aviez averti que les marchés actions allaient être victimes d’une baisse brutale. Nous avons assisté au début de cette baisse. Comment voyez-vous la suite des événements ? »

Egon von Greyerz : « il y a quelques semaines, la situation était très intéressante : les éléments fondamentaux et techniques avait opéré une jonction. Il devenait évident que nous allions assister à une chute prononcée sur les marchés actions mondiaux, à court et à long terme. Depuis, le Dow Jones a déjà perdu 1000 points.

L’explication est à chercher du côté de la fin du QE de la Fed. Les investisseurs euphoriques pensaient que la hausse énorme que nous avons connue depuis 2009, période durant laquelle les indices ont quasi triplé, était basée sur les fondamentaux. Ils n’ont pas compris que ce rally n’était dû qu’aux liquidités fournies par l’énorme création monétaire des banques centrales.

Le véritable souci, c’est qu’il n’y a pas de reprise économique. Il s’agit d’une illusion. L’économie réelle est dans les limbes, nous sommes désormais engagés dans une spirale négative qui va durer un bon bout de temps. Tout ce que nous avons vu, depuis 2007, c’est une fausse amélioration reposant uniquement sur la création monétaire et la dette, et ce au niveau mondial.

Depuis 2007, la dette américaine a doublé, passant de 9 à 18 trillions. La Fed a également créé 3 trillions de monnaie supplémentaire. On nous a annoncé que le déficit budgétaire de l’année dernière, qui a pris fin en septembre, fut de seulement 480 milliards de dollars. C’est curieux, parce que la dette américaine a augmenté de plus d’un trillion durant les 12 derniers mois. Cette différence entre le déficit budgétaire de 480 milliards et la dette de 1,1 trillion est due à des tours de passe-passe comptables.

On retrouve la même tendance à travers le monde. La dette en Chine et au Japon explose, ainsi qu’en Europe. Idem sur les marchés émergents. Alors que l’inflation est quasi nulle à l’échelle globale, cette dette ne pourra jamais être remboursée. Et dans la zone euro, 8 pays sont en déflation, tandis que 21 des 29 pays de la zone connaissent une inflation inférieure à 1 %, et que l’Allemagne connaît une croissance négative.

Mais le plus gros problème en Europe, c’est son secteur bancaire. Il a gonflé et ne pourra survivre qu’avec l’aide d’un assouplissement monétaire massif. Or, nous savons désormais qu’un QE ne permet que de gagner du temps. On estime que les banques « too big to fail » du monde ont besoin d’environ 900 milliards pour pouvoir satisfaire aux règles de Bâle III. D’où va provenir cet argent alors que le système est criblé de dettes ?

Alors que les marchés actions plongent, les gouvernements essayent désespérément d’acheter des titres. La Banque du Japon est désormais le plus gros détenteur d’actions japonaises. Nous savons également qu’elle achète quasi toutes les émissions obligataires de l’État (note : même si cela a un peu changé hier, les investisseurs préférant acheter des obligations japonaises que des actions ! http://www.zerohedge.com/news/2014-10-17/japanese-stocks-tumble-after-boj-bond-buying-operation-fails-first-time-abenomics). L’économie japonaise va s’effondrer sous le poids de sa dette.

Aux États-Unis, il y a la Plunge Protection Team qui se met en branle, et qui passe à l’achat sur les marchés américains une heure avant la clôture afin de les faire remonter. Mais elle joue un peu le même rôle que JP Morgan en 1929, lorsqu’il achetait des titres pour éviter le crash. Cela n’a marché que quelques jours. (…) »

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