Le Canadien Barrick Gold, producteur d’or numéro 1 de la planète en termes de valeur, va devenir encore plus important alors qu’un accord a été trouvé pour le rachat de son concurrent Randgold Resources pour un montant de 18,3 milliards de dollars. Il s’agit de la plus grosse opération de fusion et acquisition du secteur des métaux précieux de ces 3 dernières années.

La nouvelle configuration de Barrick, dont la valorisation est de 24 milliards dette incluse, fait de la nouvelle entité le leader mondial en termes de valeur et de quantité, avec une position dominante en Afrique.

La société sera cotée à New York et Toronto, ce qui signifie que Londres va perdre son titre spécialisé dans l’or le plus important. Les actionnaires de Randgold posséderont 33,4 % de la nouvelle entité, tandis que le reste sera contrôlé par les investisseurs de Barrick.

La société fusionnée possédera 5 des 10 mines d’or du monde dont les coûts de production sont les plus bas, pour une production de 6,5 millions d’onces de métal jaune par an.

Cette fusion rassemblera également 2 des plus grands noms du secteur mondial de l’or : John Thornton, ancien président de Goldman Sachs qui est à la barre de Barrick depuis 2014, et Mark Bristow, un géologue sud-africain connu pour sa franchise qui a fondé Barrick en 1995 pour en faire une société pesant 4,8 milliards de dollars, ainsi que le producteur numéro 1 de Grande-Bretagne.

Thornton restera président exécutif de la nouvelle société, en charge de la stratégie, tandis que Bristow sera responsable du bon déroulement des opérations quotidiennes. Le directeur financier de Randgold occupera ce même poste dans la nouvelle entité fusionnée.

« Notre secteur a souvent été critiqué pour sa vision à court terme, sa croissance en dents de scie et ses rendements pauvres offerts sur le capital investi », a déclaré Bristow dans un communiqué. « La société fusionnée sera très différente. Notre objectif sera d’offrir les meilleurs rendements du secteur. »

« Notre critère de succès sera le rendement que nous générons et non les volumes que nous produisons », a ajouté Thornton.

Liens avec la Chine

Dans le cadre de cet accord, le chinois Shandong Gold, l’un des plus gros producteurs d’or de l’empire du Milieu, a accepté d’investir pour 300 millions de dollars dans Barrick. La société minière basée à Toronto achètera des parts de Shandong Mining, une filiale cotée en Bourse de Shandong Gold, pour le même montant. L’annonce a été faite dans un communiqué séparé.

La collaboration entre les 2 sociétés avait démarré l’année dernière avec la création d’une joint-venture 50/50 en Argentine (mine de Veladero). (…) Barrick et Shandong Gold ont également créé des groupes de travail internes pour partager leur expertise technique et les meilleures pratiques dans le domaine de l’innovation et l’exploitation.

Quid des dividendes ?

Certains analystes ont accueilli la nouvelle positivement, tout en restant prudents. Selon les analystes de Numis Securities, l’ensemble formera une société plus forte : « Barrick dispose d’actifs de premier ordre, mais la société a acquis la réputation d’être un pauvre gestionnaire de ceux-ci, tandis que Randgold est réputée pour offrir de la valeur à ses actionnaires malgré le fait qu’elle opère dans des juridictions compliquées. »

Mais tout le monde n’est pas impressionné. Kieron Hodgson, de Panmure Research, n’a pas fait dans la dentelle :

« Notre opinion est que la fusion proposée, au lieu d’être basée sur le mérite, la solidité et l’intégration stratégique, ressemble plus à l’image des 2 ivrognes qui se soutiennent mutuellement à la fermeture du bar. »

Selon son analyse, la production de Barrick baisse depuis ces dernières années. Rassembler les 2 entreprises ne fait que créer un ensemble surendetté. L’annonce survient durant une période de difficultés pour le secteur. Le cours de l’or a baissé de plus de 8 % cette année, notamment en raison de la vigueur du dollar et de la croissance économique qui réduit la demande de métal jaune. C’est encore pire pour les actions minières ; par exemple, le  Philadelphia Stock Exchange Gold and Silver Index est en baisse d’environ 23 % depuis le début de l’année.

Ce mois, les actions minières n’ont jamais été aussi abordables par rapport au métal depuis 2016. Le secteur est tellement mal-aimé que la semaine dernière, le milliardaire John Paulson a créé une coalition avec 15 autres personnes de son hedge fund afin de militer contre ce que le groupe appelle « la destruction de valeur dans le secteur de l’or ».

La fusion entre Barrick et Randgold doit encore être approuvée par les actionnaires.

Source : SafeHaven.com