La saga grecque met en scène toute une série de joueurs de poker dont il est très difficile de cerner les intentions véritables. L’Europe souhaite-t-elle conserver la Grèce en son sein ou l’éjecter ? Que veut vraiment la BCE ? Jusqu’où Syriza est-elle prête à aller ? Il faudra probablement attendre quelques années pour connaître toute la vérité, mais en attendant, voici des hypothèses intéressantes (qu’il considère comme des faits sans vraiment citer ses sources) émises par le journaliste du Telegraph, Ambrose Evans Pritchard :

« Comme une tragédie d’Euripide, la longue lutte entre la Grèce et ses créditeurs est en train d’atteindre une fin cataclysmique que personne n’avait anticipé, à laquelle personne ne semble en mesure d’échapper et qui menace de remettre en question l’ordre européen en constitution.

Le premier ministre grec Alexis Tsipras ne s’attendait pas à gagner le référendum de dimanche sur les termes du plan de sauvetage, et encore moins de prendre la tête d’une révolte nationale contre le contrôle du pays par des puissances étrangères.

Cette consultation populaire surprise avait été annoncée dans la perspective et avec l’intention de la perdre. Ce faisant, il aurait donné l’image d’avoir combattu de façon honorable, aurait admis sa défaite et rendu les clés de la villa Maximos (résidence du premier ministre grec) en laissant à d’autres le soin d’implémenter « l’ultimatum » du 25 juin et de souffrir de l’opprobre.

L’annonce de l’ultimatum eut l’effet d’un choc sur le cabinet grec alors qu’il pensait être sur le point de décrocher un accord, aussi mauvais soit-il. M. Tsipras avait déjà pris la décision d’accepter les demandes d’austérité en reconnaissant que Syriza n’a pas réussi à établir un cartel des pays endettés du Sud tout en ayant très mal jugé l’humeur des membres de la zone euro.

Mais au lieu de cela, le cabinet s’est retrouvé confronté à une version durcie du texte exigeant une augmentation de la TVA sur les hôtels touristiques de 7 à 23 % d’un coup.

Les créditeurs insistaient également sur de nouvelles baisses des pensions à hauteur de 1 % du PIB dès l’année prochaine ainsi que la fin progressive du système d’assistance pour les retraités les plus pauvres alors que les pensions ont déjà été réduites de 44 %.

Ils ont également demandé un serrage de vis fiscal de 2 % du PIB pour une économie en chute libre depuis 6 ans de dépression et d’hystérésis. Aucun effacement partiel de la dette n’était prévu. Les Européens sont intervenus en coulisse pour étouffer un rapport du FMI qui valide l’affirmation grecque que la dette n’est pas remboursable. Selon le FMI, la Grèce aurait besoin d’un effacement de 30 % de sa dette ainsi qu’une injection de 52 milliards d’euros pour sortir de la crise.

Ils ont aussi rejeté la proposition grecque de travailler en partenariat avec l’OCDE sur des réformes et avec l’organisation internationale du travail sur des conventions collectives. Ils s’en sont tenus à leur script, refusant de reconnaître que leur propre prescription Dickensonienne est discréditée par des économistes du monde entier.

« Ils ne voulaient pas d’un accord. Ils avaient déjà décidé de nous jeter dehors, » a déclaré l’ancien ministre des Finances Yanis Varoufakis.

Syriza a donc annoncé le référendum. Mais à leur stupeur, ils ont gagné, démarrant ainsi la révolte grecque de 2015, le moment lorsque le peuple laisse enfin échapper un cri primal, revêt sa tenue de combat et forme sa phalange de hoplites. Tsipras est désormais piégé par son succès. « Le référendum impose sa propre dynamique. Les gens se révolteront s’il revient de Bruxelles avec un mauvais compromis, » a déclaré Costas Lapavitsas, député SYRIZA.

« Tsipras ne veut pas sortir de la zone euro, mais je pense qu’il réalise désormais que c’est ce qui l’attend au bout du chemin, » a-t-il ajouté.

Ce qui aurait dû être une fête dimanche soir s’est mué en veillée funèbre. Tsipras était déprimé, faisant la liste jusqu’au petit matin des erreurs que Syriza a commises depuis son arrivée du pouvoir en janvier.

On aurait donné 2 alternatives au premier ministre : soit profiter du plébiscite du référendum pour déclarer la guerre à l’Eurogroupe, soit céder aux demandes des créditeurs en se débarrassant du lunatique Varoufakis en signe de bonne volonté. »

La suite, nous la connaissons : Tsipras n’a pas eu le courage de nommer un nouveau gouverneur de la banque centrale grecque, émettre une monnaie parallèle pour garder le système bancaire à flot en forçant ainsi l’Europe à provoquer la sortie de la zone euro de la Grèce. Pourtant, c’est peut-être ce qu’il sera forcé de faire bientôt. Même si les Américains s’en sont désormais mêlés, 15 des 18 pays de la zone euro sont derrière l’Allemagne.

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Veuillez entrer votre nom ici