La zone euro, avec son environnement fait de croissance faible et d’inflation limitée, ressemble de plus en plus au Japon. Selon les économistes d’ING, les 2 entités partagent également un autre point commun, à savoir des politiques monétaires très accommodantes.
Tout cela engendre des interrogations concernant la BCE, ses outils monétaires et sa puissance de feu. Depuis la crise financière, les taux d’intérêt n’ont pas monté, que ce soit en Europe au Japon, alors que la FED, de son côté, a déjà relevé 9 fois son taux directeur, ce qui signifie qu’elle dispose d’un peu de marge de manœuvre lorsqu’elle voudra donner un coup de fouet à la croissance.
La Banque du Japon est considérée comme la plus hésitante de toutes lorsqu’il s’agit de normaliser les politiques monétaires. Dans ce pays, le ratio dette/PIB, une inflation basse et une croissance limitée sont la norme depuis la moitié des années 90. Un tel environnement semble difficilement compatible avec des politiques monétaires restrictives.
Selon les économistes d’ING, la zone euro vient d’entrer dans une période aux tendances similaires. Carsten Brzeski et Inga Fechner, à 24 heures de la prochaine communication de la BCE concernant ses politiques monétaires, ont écrit :
« La fin des politiques monétaires non conventionnelles actuelles, à savoir le taux de dépôt négatif et la fourniture de liquidités, ne serait pas sage. On peut s’attendre à ce que la BCE fasse tout ce qui est en son pouvoir pour éviter un resserrement inapproprié de sa politique monétaire.
L’année dernière, le ratio dette/PIB du Japon s’élevait à 238 %. Depuis 1994, l’inflation japonaise fut presque la moitié du temps négative. Durant ces dernières années, ces tendances ont commencé à émerger dans la zone euro. » Brzeski et Fechner citent la Grèce, mais aussi l’Espagne et l’Italie suite à la crise de la dette souveraine. Même si le risque déflationniste a disparu de la zone euro, on ne peut pas dire que les prix à la consommation aient décollé.
D’après le modèle utilisé par les économistes d’ING, qui prend en compte la croissance économique, l’inflation, les taux courts et les évolutions démographiques, la zone euro a commencé à ressembler au Japon en 2013. Voici ci-dessous le graphique de la « japonisation » :
« Depuis la crise financière, l’économie de la zone euro s’est écartée de sa courbe «normale» de croissance pour se rapprocher du territoire de la japonisation, dans lequel le Japon est englué depuis un quart de siècle », ont-ils ajouté.
La démographie est un autre exemple de point de convergence apparent. « Tandis que le Japon abrite la population la plus âgée de la planète, la population en âge de travailler de la zone euro a commencé à baisser en 2009. Nos estimations prennent déjà en compte les flux migratoires des décennies à venir. »
La théorie dit que la croissance des salaires doit être mise en sourdine dans un pays vieillissant en raison de l’augmentation des retraités. Le Japon est l’exemple du bon élève, les salaires n’augmentant que très peu dans une économie au taux de chômage faible et à la population active en diminution. Et si cela n’était que passager pour la zone euro ?
Le Japon n’a plus atteint l’objectif d’inflation de la BoJ depuis 1993, sauf en 2014 à l’occasion de la hausse de la TVA. En Europe, l’inflation est beaucoup plus proche des 2 % désirés par la BCE. La dette du bloc européen est également plus basse. La zone euro est également parvenue à éviter la déflation après la crise financière. La réponse de la BCE à ces symptômes fut également beaucoup plus prompte que celle au Japon, selon les économistes d’ING.
Cependant, les similitudes restent à la fois frappantes et inquiétantes. « La situation actuelle, et les perspectives d’une certaine japonisation confortent notre opinion que les taux européens resteront bas pour un bon bout de temps. »
Source : MarketWatch.com