La plupart des citoyens pensent que les puissantes élites financières se réunissent discrètement à l’occasion de conclaves secrets, comme dans une scène d’un film de James Bond dans lequel le Spectre rassemble ses acolytes.

Pourtant, c’est tout le contraire. La plupart des agissements des élites se font en plein jour à l’occasion de discours, de séminaires, de webcasts et de rapports techniques. Toute l’information est disponible à partir de certains sites institutionnels et de médias.

Il est vrai qu’il y a des réunions confidentielles qui ont lieu en marge de Davos, de la réunion annuelle du FMI et des sommets du G20. Mais les résultats de ces réunions secrètes finissent tout de même par être rendus publics, volontairement ou via des fuites, ou peuvent être déduits sur base des politiques coordonnées qui s’ensuivent.

Les élites ne se reposent pas sur le secret, mais sur le manque de compétence des médias. Les élites communiquent dans un style intentionnellement ennuyeux, bourré de jargon technique. L’information est publiée sur des sites peu connus. Dans les faits, les élites communiquent entre elles dans leur propre langue en espérant que personne ne s’en mêle.

Il y a tout de même des exceptions. Mohamed A. El-Erian est un membre en bonne et due forme des élites mondiales (ancien sous-directeur du FMI et président de Harvard management co.). Il écrit pourtant dans un style assez accessible sur le site grand public Bloomberg. Lorsque El-Erian parle, nous ferions mieux de l’écouter.

Dans un article récent, il a soulevé de sérieux doutes quant à la pérennité du marché haussier des actions en raison de la baisse des liquidités qui découlera du serrage de vis monétaire de la FED, de la BCE et de la Bank of England.

Il affirme que les marchés actions ont grimpé grâce à un océan de liquidités et qu’ils pourraient s’effondrer lorsque cette liquidité s’asséchera. C’est un avertissement pour les élites, mais aussi pour vous. De plus, il n’y a pas que lui qui tire la sonnette d’alarme.

Vous avez déjà entendu l’expression « the big money » pour qualifier les acteurs des marchés les plus riches, mais aussi les mieux informés ? Il peut s’agir d’individus ultrariches, de banques ou d’investisseurs institutionnels dotés d’un vaste réseau de contacts et ayant accès à des informations réservées aux initiés.

Lorsqu’on parle de ces acteurs, les fonds souverains sont au sommet de la chaîne alimentaire. Ces fonds sont sponsorisés la plupart du temps par de riches nations (commerce ou ressources naturelles) afin d’investir leurs réserves sur les marchés actions, obligataires, dans des fonds de placement privés ou encore dans des hedge funds.

Parmi ceux-ci, le Government of Singapore Investment Corp. (GIC) est l’un des plus importants, avec un portefeuille d’actifs de plus de 354 milliards de dollars. Que pense le GIC des marchés ? Son CEO Lim Chow Kiat a averti que les « valorisations sont étirées, que les incertitudes politiques sont élevées » mais aussi que les investisseurs sont trop complaisants.

Le GIC alloue 40 % de son portefeuille à du cash ou des obligations extrêmement liquides. Seulement 27 % de son portefeuille est composé d’actions de pays développés.

Simultanément, le petit investisseur américain moyen a probablement 60 % ou plus de son épargne retraite (401k) dans des actions de pays développés, surtout des titres américains.

Il est peut-être temps pour les petits investisseurs d’écouter ces gens. Ce sont eux qui voient venir en premier les krachs. (…) »

Article de Jim Rickards, publié le 22 septembre 2017 sur Dailyreckoning.com.au