Alors que le dossier du différend commercial entre la Chine et les États-Unis était quelque peu mis de côté, la récente recrudescence des tensions a largement profité à l’or. Les actions sont parties à la baisse suite à l’annonce de représailles chinoises aux nouveaux droits de douane américains, ce qui a dopé le prix du métal précieux.

Le Dow Jones et le S&P 500 se sont repliés d’environ 2,7 %, la chute ayant été plus lourde pour les sociétés particulièrement exposées à la Chine, comme Apple (- 5%). La Chine a fait fi des menaces de Donald Trump, qui avait exhorté sur Twitter l’empire du Milieu à ne pas riposter. Pékin a répondu en annonçant des droits de douane de 20 à 25 % sur plus de 5000 produits américains (alimentation, produits chimiques et gadgets électroniques).

Si la Chine peut difficilement sortir gagnante d’un tel bras de fer, vu qu’elle exporte beaucoup plus qu’elle importe des États-Unis, elle dispose tout de même d’une arme économique à sa disposition, à savoir son énorme portefeuille de bons du Trésor américain. Certes, elle a déjà réduit la taille de celui-ci, qui est passé de 1,3 trillion en 2013 à 1,13 trillion aujourd’hui (17,7 % de la dette américaine). Mais cela reste une quantité énorme de Treasuries.

La Chine pourrait-elle vraiment recourir à cette « option nucléaire » ?

Comme à chaque fois que les tensions grimpent entre la Chine et les États-Unis, on peut lire ici et là des articles qui décrivent le scénario de ventes en masse d’obligations américaines détenues par la Chine en guise de représailles. Si on ne peut exclure aucun scénario, il est difficile de le concevoir dans un contexte autre qu’un dérapage total.

Si la Chine possède autant d’obligations américaines, c’est qu’il y va de son intérêt. Ces achats de Treasuries lui permettent de maintenir un taux de change compétitif yuan/dollar (quand la monnaie chinoise s’apprécie trop, Pékin achète des obligations pour faire baisser mécaniquement la valeur de sa monnaie en raison de la hausse de la demande pour le dollar).

De plus, si la Chine peut littéralement couler les États-Unis financièrement parlant, en raison de la mondialisation cela signifierait également se tirer une balle dans le pied. Avant de pouvoir mettre de telles menaces à exécution, il faudrait que la Chine réduise sa dépendance au marché américain en trouvant d’autres clients et/ou en développant son marché intérieur. Vendre une partie substantielle de son portefeuille d’obligations américaines signifierait également la baisse de la valeur des titres conservés. La comparaison avec une bombe nucléaire est donc parfaitement adéquate : il ne s’agirait que d’une solution de dernier recours.

Les risques augmentent tout de même

Cela dit, un fait reste indiscutable : les relations sino-américaines sont à nouveau en train de se détériorer. Certes, ce n’est pas la première fois, et nous avons connu des accalmies par la suite. Néanmoins, il semble que la Chine ne soit pas près de plier face à l’intransigeance de Trump, qui apparemment pense pouvoir lui dicter sa loi. Un accord reste possible, mais les négociations risquent de durer plus longtemps qu’anticipé. La volonté des deux camps de ne pas perdre la face pourrait provoquer une récession avant la résolution, comme l’a noté Bank of America.

Source d’inspiration : ici