Traditionnellement, l’été est une période de faiblesse pour le métal jaune. Ce facteur saisonnier est bien connu des investisseurs. Mais en ces temps de pandémie, l’or résiste bien. Il faut dire qu’une multitude de facteurs jouent en sa faveur.

Des chiffres économiques américains pires que prévu

Comme l’explique cet article de FX Empire, jeudi dernier le métal jaune est reparti à la hausse après être passé en dessous de la barre des 1.700 $. Ce sont des chiffres économiques américains pires que prévu qui ont poussé vers le haut le métal. Le PIB américain a reculé de 5 % durant le premier trimestre. Tandis que les commandes de biens durables ont chuté de 17 %. On a également enregistré de nouvelles inscriptions au chômage (2,1 millions), même si ce chiffre ne cesse de baisser. Les marchés actions poursuivent leur hausse malgré la détérioration des chiffres économiques sous-jacents. Ce mouvement ne peut être justifié que par 2 explications :

  • Les valorisations sont désormais déterminées par la FED ;
  • Ces valorisations anticipent une inflation élevée à moyen terme.

Ce sont surtout les chiffres pour le second trimestre qui vont nous faire prendre conscience de l’ampleur des dégâts. On s’attend à la pire chute du PIB trimestriel américain depuis 1947, soit depuis le début de la compilation de cette statistique. Tout aussi importants seront les chiffres du 3e trimestre, qui donneront plus de visibilité sur la vigueur de la reprise. Bien entendu, tout ceci sera à confirmer durant les trimestres suivants, en fonction des mesures de soutien qui resteront en vigueur, de l’éventuelle émergence d’une seconde vague de coronavirus, du moral des ménages, etc.

Actions : le ratio rendement/risque n’a jamais été aussi mauvais

Selon Stanley Druckenmiller, l’investisseur renommé, le ratio rendement/risque des actions est actuellement le pire qu’il ait vu dans sa carrière. Ce sentiment est partagé par Bob Thomson, gestionnaire de Raymond James (source). Celui-ci a déclaré que ce sont les liquidités de la FED qui dictent les mouvements des marchés.

« Cette hausse a été entièrement alimentée par la FED. La bulle est en train de gonfler. Nous avons beaucoup de dettes corporate. Ici, au Canada, l’endettement des ménages est énorme, a-t-il déclaré. Voici ce qui est en train de se passer. Les gens vont remettre tout cela sur le coronavirus, mais celui-ci n’est que l’aiguille qui a fait exploser la bulle, elle était déjà présente », a-t-il ajouté.

Ces commentaires résonnent alors que la Chine vient de passer des lois spéciales concernant Hong Kong. Celles-ci pourraient mettre un terme à l’autonomie et aux libertés dont elle bénéficiait.

« Les gens doivent comprendre que la Chine est un pays communiste. Ils utilisent le capitalisme à leur avantage. C’est ce qui devait arriver à Hong Kong tôt ou tard. Je pense qu’ils ont saisi l’opportunité de cette crise pour passer à l’action. Cela va devenir un paramètre important des tensions commerciales. De plus, le coronavirus va être politisé afin de désigner un bouc émissaire », a-t-il déclaré.

Cela dit, avec une FED qui continue d’injecter des liquidités dans le système, les investisseurs vont probablement balayer du revers de la main l’escalade des tensions entre les États-Unis et la Chine. En tout cas, pour le moment.

« Très loin de la limite de la création monétaire théorique de la FED »

L’augmentation de la dette gouvernementale ne pose pas de risques plus larges. Elle est nécessaire pour combattre la pandémie de coronavirus, selon le président de la FED de New York John Williams (source).

Malgré un passif fédéral de 25,6 trillions qui ne cesse d’augmenter, le haut responsable de la banque centrale affirme que la marge de manœuvre reste très importante.

« Je pense que nous sommes encore très loin de la limite », a déclaré Williams à l’occasion d’un webinar présenté par la Stony Brook University de Long Island. « Le gouvernement émet beaucoup d’obligations en ce moment, et les investisseurs internationaux les achètent avec frénésie. »

La dette fédérale a bondi de 2,2 trillions depuis le début de la crise. Il s’agit d’une augmentation de 9,4 %. Celle-ci a été largement alimentée par le CARES Act, un plan d’aide de 2 trillions de dollars dans le but de sauver une économie qui pourrait plonger de 40 % au cours du second trimestre 2020.

Le Congrès continue de discuter un nouveau plan qui pourrait porter les dépenses totales à 3 trillions de dollars alors que les États commencent à rouvrir leur économie. Sans la pandémie, le gouvernement aurait affiché un déficit de plus d’un trillion en 2020. Maintenant, ce trou devrait plutôt approcher les 3 trillions, selon les dernières projections du CBO.

Cette dette va déboucher sur 310,5 milliards de dollars d’intérêts à payer pour l’année fiscale 2020. Ce chiffre reste raisonnable en raison des taux historiquement bas en ce moment. (…)

Selon Williams, ces trillions de monnaie ne vont pas générer d’inflation problématique. « En ce moment, je ne vois aucun problème en ce qui concerne les déficits, a déclaré Williams. Évidemment, sur le long terme, nous devons nous assurer de la pérennité des politiques fiscales du gouvernement. »

Aujourd’hui, son inquiétude principale est de s’assurer que l’argent va là où on en a le plus besoin. Surtout du côté des pouvoirs publics locaux qui avaient dû licencier pendant la crise financière.