Je ne sais pas ce que vous en pensez. De mon côté, jamais je n’avais pensé voir un jour les bons du Trésor sur 30 ans passer en dessous de la barre des 2 %. Alors que dire de 1,8 %.

C’est pourtant ce qui a eu lieu ce mardi alors que les investisseurs tentaient d’évaluer l’impact mondial du coronavirus. D’un point de vue nominal, le rendement de cette obligation a atteint 1,7885 %. Non seulement il s’agit d’un plus bas historique, mais cela ne compense même pas l’inflation, malgré le fait qu’elle soit faible en ce moment.

Le bon du Trésor sur 10 ans a également atteint un plus bas record à 1,32 %. Soit un fifrelin plus bas que le record précédent établi en 2016, juste après le référendum sur le Brexit.

Les rendements obligataires ont chuté un peu partout dans le monde. En Allemagne, c’est l’ensemble de la courbe des rendements qui est en territoire négatif. Cela n’était plus arrivé depuis octobre 2019. Cet événement a permis à la somme de la dette émise avec un rendement négatif de bondir jusqu’à 14 trillions de dollars.

La baisse des marchés de lundi s’est prolongée ce mardi alors que les CDC (centre de prévention et de contrôle des maladies aux USA) prévenaient que la question n’était pas de savoir si une pandémie allait se déclarer, mais quand.

« Nous demandons à la population américaine de se préparer à l’idée que cela puisse être sérieux », a déclaré la Doctoresse Nancy Meissonnier, directrice centre national du CDC pour l’immunisation et les maladies respiratoires.

Une demi-heure avant la clôture de mardi, le S&P 500 était en baisse de presque 8 % par rapport à son plus haut enregistré il y a seulement 4 sessions. Plus de 60 % des indices importants sont entrés en correction, voire pire (une correction a lieu lorsqu’un actif est en baisse de 10 % par rapport à son plus haut).

Plus haut de 7 ans pour l’or en dollars, record historique dans de nombreuses devises

Dans un tel climat d’aversion au risque, l’or est souvent privilégié en tant que valeur refuge. Vu les évolutions du cours depuis la propagation du coronavirus en janvier, il semble que cela reste vrai aujourd’hui. En dollars, le métal jaune s’est apprécié durant 14 des 16 dernières sessions jusqu’au 25 février. Il se prépare à tester le seuil de résistance des 1 700 $, un niveau que le métal n’a plus atteint depuis décembre 2012.

Ailleurs dans le monde, l’or a enregistré des records historiques dans de nombreuses devises, notamment où on produit de l’or, par exemple en Russie, au Canada et en Afrique du Sud.

Les facteurs qui influencent l’or à court terme

Au cours actuel de 1 637 $, l’or n’a besoin de grimper que de 16 % pour égaler son record historique de septembre 2011. Je pense que cela pourrait être chose faite dans les 12 à 24 mois si on se base sur le scénario du retour au QE et des taux bas sur le long terme. À ce titre, Wall Street anticipe 2 ou 3 baisses du taux directeur américain cette année.

Il faut aussi prendre en compte la possibilité de l’élection d’un président américain socialiste, par exemple Bernie Sanders. L’élection de Bernie serait négative pour les marchés actions, mais constructive pour l’or et l’argent. La conseillère économique du sénateur du Vermont, Stephanie Kelton, a publiquement exprimé son soutien pour la théorie monétaire moderne.

La hausse du prix de l’or qui a démarré à la fin de l’année 2015 devrait se poursuivre grâce aux politiques monétaires accommodantes, et peut-être grâce aux politiques du gouvernement américain.

Le pic de l’or : un dossier à plus long terme

Si on regarde à plus long terme, la baisse durable de la production annuelle d’or est un facteur clé du prix du métal jaune. Le graphique suivant, emprunté au CEO de Barrick Gold qui l’a présenté cette semaine à la BMO Capital Markets Global Metals & Mining Conference, montre que la production mondiale d’or va commencer à baisser à partir de l’année prochaine. D’ici la fin de la décennie, elle devrait atteindre un plus bas inédit depuis de nombreuses années. Aucune région ne peut anticiper une hausse de sa production.

Le pic de l’or est un sujet que j’ai abordé précédemment. Mark Bristow, le patron de Barrick Gold, l’a évoqué à plusieurs reprises. Le scénario n’a pas évolué l’année dernière, il est de plus en plus partagé par les investisseurs et les observateurs des marchés.

En bref, l’or est disponible en quantité limitée. C’est l’un des métaux les plus rares de la terre. Cela fait plus de 5 000 ans que nous le cherchons. À quelques exceptions près, il est probable que nous ayons déjà mis la main sur l’or facile d’accès. En produire coûtera donc plus cher.

Un jour, le développement de nouvelles mines pourrait ne plus être économiquement viable. Ce fait intégré, le prix de l’or pourrait bondir comme nous ne l’avons jamais vu. Tel est le pouvoir de la rareté.