À la lecture de ce titre, vous pourriez vous imaginer que nous allons vous proposer un billet sorti tout droit d’un obscur blog catalogué par la nomenklatura parmi les sites propageant des fake news et autres théories du complot. Il s’agit pourtant d’un papier du très sérieux quotidien britannique The Guardian, dont voici la traduction :

« Il a été demandé au président de la BCE de ne plus fréquenter un club secret composé de banquiers de haut vol, suite à des allégations affirmant que ce groupe avait pu utiliser de son influence pour orienter les politiques (de la BCE).

Suite à une enquête longue d’un an, Mario Draghi a été informé ce mercredi par le défenseur européen, Emily O’Reilly, que ses liens étroits avec ce groupe du G30 basé à Washington représentent une menace pour la réputation de l’institution, malgré le fait que l’intéressé affirme le contraire.

Les membres de ce club exclusif, composé de 33 personnes dont seulement 2 femmes, sont choisis par un conseil anonyme, d’après l’enquête de l’ombudsman.

Seule l’identité du président du conseil est rendue publique : il s’agit de Jacob A Frenkel, PDG de JP Morgan Chase International.

O’Reilly a relevé le caractère secret du groupe et le manque de transparence quant au contenu des réunions. Elle a également demandé à ce que la participation à ce groupe, anciennement connu sous le nom de Consultative Group on International Economic and Monetary Affairs, soit interdite pour les futurs présidents de la BCE.

La décision fait suite à une plainte de l’association Corporate Europe Observatory (CEO), basée à Bruxelles, qui affirme que la relation étroite de Draghi avec ce club est en infraction avec le code éthique de la BCE.

Durant sa présidence, Draghi, économiste italien qui a travaillé chez Goldman Sachs, a participé à 4 réunions de ce G30 : en 2012, en 2013 et 2 fois en 2015.

Selon O’Reilly, le risque que l’indépendance de la banque ait été mise à mal par l’implication de Draghi dans ce groupe existe. Ses membres sont composés de CEO de banques, de gouverneurs de banque centrale et de professeurs d’économie. Le gouverneur de la banque d’Angleterre, Mark Carney, en fait partie. Néanmoins, O’Reilly affirme ne pas détenir de preuves quant à l’éventuelle divulgation d’informations sensibles.

L’ombudsman a déclaré : La BCE prend des décisions qui affectent directement la vie de millions de citoyens. Suite à la crise financière, et vu les pouvoirs additionnels qui ont été octroyés à la BCE depuis dans le domaine de la supervision des banques des États membres et ce dans l’intérêt des citoyens, il est important de leur montrer qu’il y a une séparation claire entre la BCE en tant que superviseur et le secteur bancaire, qui est affecté par ses décisions.”

O’Reilly a également déclaré que toute réunion entre la BCE et le G30 devrait être rendue publique, tandis qu’un compte-rendu sommaire des discussions devrait être publié.

Une plainte similaire avait déjà été déposée en 2012, mais elle avait été rejetée par le défenseur. O’Reilly a déclaré avoir bougé car la BCE n’est pas parvenue à prouver que le citoyen avait bénéficié de ces réunions. La relation entre la banque centrale et le G30 devrait être conforme avec les règles de gouvernance de la banque, et ses codes éthiques”.

Un porte-parole de la BCE a déclaré avoir pris note de la décision et que son institution réagira en temps opportun. »