Il n’aura pas fallu attendre longtemps. Envisagé par de nombreux analystes d’ici la fin de l’année, l’or a déjà battu son record. Si le record sur le contrat à terme était déjà tombé fin de la semaine dernière, le cours spot vient d’enregistrer un nouveau plus haut historique. Au moment d’écrire ces lignes, il s’échange à 1.932 $. L’argent a quant à lui dépassé les 24 $, pour se rapprocher à grande vitesse vers les 25 $ prédits par Citi. Si bien que malgré la forme étincelante de l’or, le ratio or/argent est tombé à presque 80. Pour rappel, en mars, il avait dépassé 120 lorsque l’argent s’achetait pour 12 $ l’once , soit presque la moitié du prix actuel.

Un moment historique pour l’or, certains analystes pensent que ce n’est pas fini

L’or est comme un train lancé à grande vitesse que rien ne semble pouvoir arrêter. Il vient de commencer la semaine en enregistrant un nouveau record face au dollar. Le métal jaune a grimpé les dernières marches qui le séparaient de ce record dimanche soir, durant la session de trading asiatique. C’est le cours spot qui a mené la danse en dépassant le premier les 1.920 $. Les contrats à terme pour livraison en août lui ont ensuite embrayé le pas.

Même si ce record était un objectif significatif pour certains analystes et investisseurs, pour d’autres il ne s’agissait que d’une barrière modeste à franchir dans le cadre d’une tendance haussière bien plus large.

Dans une interview récente accordée à Kitco, le stratégiste en chef de Bannockburn Global Forex, Marc Chandler, avait indiqué que le cours de l’or pourrait facilement atteindre les 2.000 $ avant de connaître une correction importante.

« Il est difficile de parler de résistance alors que nous sommes dans une zone de prix inédite. Si nos anticipations concernant les taux et le dollar sont correctes, 2.500 $ pour l’or semble tout à fait raisonnable », a-t-il écrit dans son rapport de dimanche, confirmant ainsi son optimisme pour le métal jaune.

Le marché de l’or est dans un élan indubitablement positif depuis ces derniers mois alors que l’économie mondiale est malmenée par la pandémie de coronavirus. Selon certains analystes, la recrudescence des tensions entre la Chine et les États-Unis a renforcé la tendance haussière.

Steven Dunn, responsable des ETP d’Aberdeen Standard Investments, estime que le franchissement de la barre des 1.900 $ est spectaculaire, mais n’est pas surprenant.

« La combinaison de l’escalade des tensions entre les États-Unis et la Chine et les craintes persistantes concernant l’impact économique du coronavirus ont fourni du carburant au métal. Tous ces facteurs ne sont pas près de se dissiper, a-t-il déclaré à Kitco News. Alors que les investisseurs continuent de faire face à la volatilité et aux incertitudes, l’attrait des actifs de type valeurs refuges tel que l’or et l’argent ne fera qu’augmenter. »

Afshin Nabavi, responsable du trading de MKS, estime que la hausse de l’or a lieu sur une « voie à sens unique ». Il avait prédit qu’en cas de franchissement des 1.900 $, le record tomberait rapidement. « Où que vous regardiez sur la planète, c’est le bazar, et cela va continuer de pousser le cours de l’or à la hausse », a-t-il déclaré.

Les analystes relèvent également qu’en raison de la pandémie, les banques centrales ont injecté des trillions de dollars afin de stabiliser les marchés financiers. Ces stimulations monétaires ont fait chuter les rendements obligataires, ce qui est très positif pour le prix de l’or.

« Vu que les taux réels vont rester bas pour une longue période, on peut partir du principe que le cours de l’or va rester élevé dans un futur proche », a écrit un analyste matière première de Capital Economics.

Les analystes sont également attentifs à la faiblesse persistante du dollar en tant qu’autre facteur en faveur d’un cours de l’or plus élevé. Selon Daniel Pavilonis, courtier matières premières senior de RJO Futures, l’or reste attractif alors que le dollar américain se trouve proche d’une zone de support critique formée par une ligne de tendance à long terme. « Nous avons créé tellement de monnaie, il y a tellement de risques sur la table qu’il est difficile de voir comment le dollar pourrait s’apprécier », a-t-il déclaré.

Les fonds souverains boudent les actions pour investir dans les métaux précieux

Pour conclure, terminons avec cet article de Bloomberg qui explique les fonds souverains boudent les actions pour augmenter leur exposition aux métaux précieux.

En moyenne, la Bourse a récupéré ses pertes enregistrées à la mi-mars. Cela dit, cela ne signifie pas que les investisseurs futés (smart money) ont acheté des actions. Durant le premier trimestre de l’année, les fonds souverains ont réduit leur exposition aux actions. Celle-ci n’a jamais été aussi basse depuis au moins 2014, d’après une étude annuelle publiée par Invesco Ltd. Selon elle, la crainte que ce cycle économique soit arrivé à son terme explique cette réduction de leur exposition aux bourses.

Et cette tendance ne semble pas près de s’arrêter. Plus d’un tiers de ces fonds veulent réduire leur exposition aux actions au cours de l’année. Et 18 % d’entre eux d’au moins 5 %. Les titres privés et l’infrastructure devraient être les bénéficiaires de cette réallocation, d’après Invesco, qui a interrogé 83 fonds souverains et 56 banques centrales qui gèrent au total 19 trillions de dollars.

Cette méfiance envers les actions contraste avec l’enthousiasme grandissant pour l’or. Cette année, la performance du métal est spectaculaire. Tandis que les gold bugs louent le métal précieux en tant qu’assurance face aux politiques monétaires potentiellement inflationnistes, ses adversaires le qualifient de « pierre de compagnie » (pet rock).

Les banques centrales continuent d’accumuler ces « pierres de compagnie ». Selon Invesco, 18 % des banques centrales envisagent d’acheter de l’or cette année, tandis que ce pourcentage passe à 23 % du côté des fonds souverains. Les banques centrales achètent des lingots physiques, tandis que les fonds souverains privilégient les ETF, les contrats à terme et les swaps.