Article de Clint Siegner, publié le 16 novembre 2015 sur SafeHaven.com :

« De héros à zéros. L’or et l’argent furent les actifs les plus rentables du début de la première décennie de ce siècle. Depuis la deuxième ce n’est plus vraiment le cas. Les partisans des métaux précieux ont dû encaisser une baisse longue de 4 ans qui fut émaillée ici et là par des chutes précipitées du cours et l’espoir trompeur d’une reprise.

Ce qui frustre vraiment les investisseurs de l’or et de l’argent, c’est qu’au fil du temps de nombreuses bonnes raisons fondamentales sont apparues pour supporter l’acquisition des métaux précieux. Cependant, les cours ne reflètent pas ces fondamentaux ce qui est particulièrement flagrant depuis ces dernières années.

Étant donné que les banques et le trading à haute fréquence ont manipulé de façon criminelle les marchés des métaux, nous devrions remettre en question la viabilité à long terme de ces cours planchers. S’attendre à ce que les fraudes et la manipulation se poursuivent indéfiniment tandis que les stocks de métaux physiques continuent de s’évaporer n’est pas un scénario crédible. Les raisons de posséder des métaux précieux sont plus attractives que jamais.

La dette, destructrice de la valeur du dollar et les déficits vont continuer d’augmenter exponentiellement

Les Républicains qui contrôlent désormais le Congrès ont passé en douce un budget qui suspend le plafond de la dette. Ils ne l’ont pas augmenté de quelques centaines de milliards, ils l’ont tout simplement annulé pour deux ans. De nombreux analystes s’attendaient à ce que les Républicains s’opposent à l’augmentation des déficits alors qu’ils ont la majorité. Après tout, ils s’étaient joyeusement étripés sur ce sujet avec les Démocrates lors des discussions budgétaires précédentes.

Cependant, c’est perdre de vue que le Congrès a relevé le plafond de la dette à 74 prises depuis 1962. Lorsqu’il dut choisir entre la baisse des dépenses ou la hausse du plafond, le Congrès a voté dans 100 % des cas pour le laxisme budgétaire. On peut donc affirmer sans s’avancer que les déficits vont se creuser.

Tout ceci s’ajoute aux autres mauvaises nouvelles pour le dollar. Qui sont ? La Fed qui garantit l’open bar au gouvernement par exemple. Elle est l’acheteuse de dernier recours de la dette gouvernementale ainsi que la championne des taux d’intérêt artificiellement bas. Le Congrès aurait dû mettre le holà il y a bien longtemps si la Fed n’avait pas injecté des quantités massives de liquidités dans le système et baissé le coût du fardeau de sa dette.

Les cours des métaux précieux ne reflètent pas les 2 trillions de dollars d’augmentation de la masse monétaire

La Fed a démarré son QE2 en novembre 2010 dépensant durant les deux années suivantes 600 milliards de dollars en achetant des Treasuries. Il fut suivi par les 1,4 trillions de dollars d’achats en obligations américaines et MBS (titres adossés à des créances hypothécaires) du QE3. Durant ces deux programmes, la Fed a créé 2 trillions de dollars ce qui ne se voit pas dans les cours des métaux précieux aujourd’hui. Le gonflement de la masse monétaire n’a pas dopé les cours des métaux précieux tandis que le dollar est plus fort que jamais, du moins pour le moment.

Nous savons désormais que ces programmes de stimulation ont été conçus au bénéfice des banques et non de l’économie. La Fed a payé un montant généreux pour les actifs pourris des banques comme ces MBS truffés de créances douteuses. Elle a acheté des Treasuries via les banques, des intermédiaires inutiles qui ont empoché de belles commissions au passage.

Aujourd’hui, 1,7 trillion de cet argent créé se trouve toujours à la Fed dans les réserves excédentaires. Cerise sur le gâteau, la Fed paie un taux d’intérêt généreux aux banques sur cet argent déposé, bien plus que celui dont les épargnants bénéficient.

Wall Street a reçu l’argent et pour le moment, ils se satisfont de la collecte des intérêts. Si un beau jour la Fed décide de ne plus payer d’intérêts sur ces réserves, cette masse monétaire pourrait entrer dans l’économie et générer de l’inflation.

Les marchés devraient anticiper le jour où les vannes seront ouvertes et cet argent se déversera sur l’économie. Les cours des métaux précieux et le dollar devraient intégrer cette inflation à venir mais ce n’est pas le cas.

L’offre en métaux précieux chutera en l’absence d’une hausse des prix

Steve St. Angelo de SRSrocco Report estime que le coût de production tout inclut d’une once d’argent fut en moyenne de 17,16 dollars (sur bases des 12 plus gros producteurs spécialisés dans l’argent) l’once durant le T1 2015. Depuis, le coût du pétrole a légèrement baissé mais les rentrées des sociétés minières spécialisées dans l’argent encaissées à travers la production de métaux de base et d’or ont également baissé. Aujourd’hui, le coût tout inclus de production d’une once d’argent est probablement supérieur à 17,16 dollars.

Le cours de l’argent doit donc augmenter de 15 à 20 % pour simplement permettre au producteur lambda de rentrer dans ses frais. Les producteurs avec des coûts plus élevés sont encore plus en danger. La production d’argent est déjà en déclin significatif. La production d’or devrait plafonner cette année à travers le monde tandis qu’elle est déjà en déclin aux États-Unis. Cette tendance ne fera que s’accélérer car la sous-évaluation de l’or et de l’argent n’est pas l’unique problème.

Les sociétés minières dans l’ensemble souffrent. La majorité des métaux précieux produits, et particulièrement l’argent, sont en fait un produit secondaire obtenu durant l’extraction d’un autre métal comme le cuivre ou le zinc. Ces marchés connaissent eux-mêmes de graves soucis. Le cuivre n’a plus été aussi bas depuis le pire moment de la crise financière de 2008. Vu que la santé du cuivre dépend principalement de la Chine, dont le secteur manufacturier est en déclin, son avenir s’annonce morose. En bref, la production d’or et d’argent n’est pas rentable à ces prix.

Les ratios or papier/or physique à des niveaux extraordinairement élevés

Des choses étranges ont lieu sur les marchés des futures. Durant ces dernières semaines, le ratio or papier/or physique a explosé au COMEX. Il approche aujourd’hui les 300, soit le triple du record précédent. Cette explosion du ratio de 100 à 300 a eu lieu en 2 mois seulement.

La confiance supporte la valeur des contrats futures, comme celle du dollar. Lorsque les traders qui ne se doutent de rien en ce moment réaliseront le peu d’or physique disponible pour livraison, ils pourraient regretter de leur avoir donné leur confiance aveuglément.

De nombreux investisseurs dans les métaux précieux attendent le jour du jugement dernier, lorsque les investisseurs qui sont positionnés long demanderont la livraison d’une quantité de métal supérieure à celle qui est disponible dans les coffres. Ceux qui sont de l’autre côté, les shorts, devront trouver le métal ou couvrir leurs positions.

Étant donné le peu d’or physique disponible, il est fort probable qu’un grand nombre de traders du Comex vont apprendre à la dure la différence entre l’or papier l’or physique. »

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