Avec un retour sur investissement d’environ 30 % entre le début de l’année et septembre, et même un pic au-dessus des 2.000 $ l’once pour la première fois de l’histoire, l’or s’est très bien comporté en 2020. Et, comme nous allons le démontrer, le métal n’a pas atteint ses limites. En fait, la décennie qui a démarré en 2020 devrait être dorée.

La Covid-19 n’est pas la raison de notre optimisme pour l’or. La pandémie est juste un déclencheur, qui accélère et intensifie les développements qui jouent depuis un moment déjà en faveur de l’or. Notamment l’endettement excessif et les taux d’intérêt bas. Il ne faut également pas oublier que l’économie décélérait déjà avant les premiers confinements.

Une série d’astuces monétaires

En raison de la crise du coronavirus, les décideurs monétaires et fiscaux du monde ont cherché avec frénésie de nouvelles façons de stimuler l’économie. Même si les assouplissements quantitatifs conventionnels font toujours partie du répertoire standard des banques centrales. Des tendances déflationnistes frappent à nouveau l’économie de plein fouet en cette récession. De par le passé, la déflation ne pouvait être que partiellement combattue par les achats d’actifs des banques centrales. En raison des politiques des taux zéro qui sont désormais largement disséminés à travers le monde, cela fait des années que les discussions concernant le futur des stimulations ont lieu. Parmi les propositions les plus populaires, il y a les taux d’intérêt négatifs, le contrôle de la courbe des rendements ainsi que le recours à la théorie monétaire moderne (TMM).

Peu importe l’option qui sera choisie, on peut dire en bref qu’ils vont faire du neuf avec de l’ancien. Comme cela s’est souvent produit au cours de l’histoire, le financement des déficits se fait en dévaluant la monnaie.

Mais quand l’inflation réapparaîtra-t-elle ? Dans ce que l’on appelle la tectonique monétaire, les tensions entre les forces inflationnistes et déflationnistes sont plus élevées que jamais. Au cours du confinement mondial, la vélocité de la monnaie a chuté significativement. Les magasins, fermés. Mais ce sont surtout les incertitudes engendrées par la pandémie qui ont fait chuter la consommation et augmenter l’épargne parmi la population. Tout ceci a des conséquences déflationnistes fortes. En tout cas, à court terme.

Les banques centrales contrent ceci à coups d’injections massives de liquidités. Nous pensons donc qu’à un moment donné, les pressions désinflationnistes vont casser. Il y a 40 ans, les États-Unis durent briser à tout prix l’inflation. Aujourd’hui, nous sommes à l’autre extrême. Il faut tout faire pour éviter la baisse des prix à la consommation. La désinflation semble toujours avoir la main. Si aucun tour de passe-passe monétaire décrit ci-dessus n’a les effets escomptés, il reste aux banquiers centraux l’option des hélicoptères monétaires.

Au final, l’inflation sera une question clé pour les décisions d’investissement durant cette décennie. Une dynamique inflationniste pourrait être une bonne nouvelle pour les investissements sensibles à l’inflation tels que l’or, les matières premières et les actions minières. D’un autre côté, quitter la phase actuelle de basse inflation pourrait être douloureux pour les investisseurs, notamment si la fête des obligations, longue de 40 ans, devait prendre fin.

La conclusion centrale de notre rapport 2020 In Gold We Trust est la suivante : cette décennie devrait figurer dans les livres d’histoire du futur comme une décennie dorée. L’or sera le grand bénéficiaire des défis économiques, politiques et systémiques actuels.

Quo vadis, aurum ?

En tant qu’investisseurs dans l’or, nous sommes évidemment très intéressés par les évolutions possibles du prix du métal dans la décennie à venir. Avant de donner un prix, nous allons expliquer notre méthodologie de valorisation.

Valoriser l’or est fondamentalement différent de la valorisation d’actifs qui génèrent des flux de trésorerie. Après tout, dans un système reposant sur l’argent papier, la valeur de l’or évolue en fonction de changements de la masse monétaire vu que celle-ci évolue fortement, tandis que l’or disponible ne change que très peu.

Nous utilisons 2 paramètres pour évaluer le prix de l’or : les développements de la masse monétaire et le ratio de couverture implicite de l’or . Vu que le dollar américain est toujours la devise de réserves et qu’il a le plus d’influence sur le prix de l’or, nous analysons les données du billet vert pour définir un objectif en dollars.

Les développements futurs de la masse monétaire

Nous avons établi 3 scénarios de croissance de la masse monétaire durant la décennie à venir. Nous utilisons l’agrégat monétaire M2 car il est moins volatile que les autres agrégats, par exemple M1. Nous avons utilisé le taux de croissance historique de M2 durant différentes décennies afin d’évaluer les différents potentiels. Nous avons défini 3 scénarios, ainsi que leurs chances de se matérialiser :

  • Croissance de M2 durant une décennie de croissance élevée (années 70) : 9,7 % par an – probabilité 15 % ;
  • Croissance de M2 durant une décennie de basse croissance (années 90) : 3,9 % par an – probabilité 5 % ;
  • Croissance de M2 durant une décennie de croissance moyenne (années 2000) : 6,3 % par an – probabilité 80 %.

Le ratio de couverture implicite de l’or

Le ratio de couverture implicite de l’or par rapport à une devise est calculé en valorisant les réserves d’or d’une banque centrale au cours actuel, et en comparant le résultat avec la masse monétaire. Sur le long terme, le ratio de couverture implicite de l’or est d’environ 3,3 %. Il est clair que lorsque la confiance baisse, ce ratio augmente de façon significative. Ce fut le cas durant la stagflation des années 70 ou la grande crise financière de 2007-2009.

Sur base des 3 scénarios présentés ci-dessus, nous avons modélisé une fonction de distribution basée sur les données historiques. Et lorsque nous couvrons tous les scénarios possibles, le graphique suivant émerge :

Prix de l’or moyen d’ici 2030 par probabilités, en $

À la fin de cette décennie, nous voyons l’or à environ 4.800 $ l’once. Il est clair que la distribution penche à droite. Autrement dit, un prix beaucoup plus élevé est bien plus probable qu’un prix bien plus bas. Bien entendu, les modèles quantitatifs de ce genre sont toujours quelque peu flous. Cependant, nous estimons avoir adopté une approche conservatrice durant la calibration des scénarios. Vu la situation unique dans laquelle nous sommes, on pourrait très bien connaître un scénario similaire à celui des années 70. Dans ce cas, le modèle suggère un prix de l’or à 8.900 $ d’ici 2030.

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