Les citoyens européens ont eu, il y a un an, un aperçu de ce qui les attend lorsque Laiki et Bank of Cyprus ont mordu la poussière, et ont été en partie renflouées par les épargnants. Aujourd’hui, c’est au tour de la Bulgarie d’être dans la tourmente bancaire : la banque Fibank, 3e du pays, est passée tout prêt de la catastrophe.

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Jeudi dernier, des rumeurs de faillite se répandent comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Les Bulgares, qui ont assisté à la faillite généralisée de leur système bancaire en 1997 ainsi qu’à l’hyperinflation de leur monnaie locale, le lev, n’hésite pas une seule seconde dans leur grande majorité : ils commencent à retirer leur argent dès le jeudi.

Le lendemain, ceux qui n’avaient pas pu réagir à temps ou qui n’avaient pas encore reçu l’information se ruent littéralement dans leur agence. Le réseau Fibank est littéralement pris d’assaut ; environ 400 millions d’EUR sont retirés rien que vendredi : nous sommes en plein bank run.

La banque, en concertation avec la banque centrale de Bulgarie, décide de fermer ses portes vendredi à 15 heures ainsi que tout le week-end. Elle assure posséder toutes les liquidités nécessaires pour satisfaire à toutes les demandes de ses clients, tout en affirmant avoir besoin de temps pour rendre ces fonds disponibles.

Ce temps a probablement été mis à profit pour analyser la situation avec la banque centrale et que celles-ci fournissent les liquidités d’urgence nécessaires : le pays ne peut pas se permettre de voir Fibank tomber, 2 semaines après la fermeture pour 3 mois d’une autre banque, KTB. Une grande campagne médiatique est alors lancée pour rassurer la population, même si, entre-temps, la gestion Internet de comptes des clients de Fibank fut HS tout le week-end, et qu’il était impossible d’effectuer des paiements par carte bancaire.

Le lundi, Fibank a ouvert ses portes comme promis. La situation semble désormais maîtrisée. Le FBI local enquêtait désormais sur l’origine des rumeurs de faillite. De nombreuses pistes ont été avancées : règlement de comptes politico-mafieux, manœuvre de l’opposition alors que des élections anticipées se profilent à l’horizon, etc. En Europe, la presse a écrit que les Bulgares accusaient à demi-mot Poutine. Nous les mettons au défi de sourcer une telle assertion.

Désormais, le gouvernement va injecter 1,6 milliard d’EUR dans son secteur bancaire, tout en assurant que celui-ci est capitalisé adéquatement…  Quoi qu’il en soit, cet épisode en dit long sur la solidité du secteur bancaire : sur base d’une rumeur, il est possible de faire tomber une banque. Pourquoi ? Parce que depuis que l’on a supprimé la différenciation entre banques d’investissement et banques de dépôt, et sur base d’un système de réserve fractionnelle, la majorité des dépôts sont investis sur de nombreux supports. Le crédit bien sûr, mais surtout des obligations souveraines, des actions surévaluées, la bulle immobilière… Donc,  que vous le veuillez ou non, lorsque vous déposez votre argent dans une banque, c’est un peu comme si vous preniez ces risques, mais sans en obtenir le rendement !

Et si vous pensez que les banques occidentales sont à l’abri, il faut savoir que le secteur bancaire bulgare, fort de son expérience de 1997, utilise des effets de levier bien moins importants que les banques françaises, espagnol, allemand, etc. Ce genre de chose peut arriver à n’importe qui et à n’importe quel moment.

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