Article du Telegraph (Andrew Critchlow), publié le 11 mai 2015 :

L’argent n’est plus l’or du pauvre alors que la demande de l’industrie photovoltaïque pour le métal augmente fortement et que de nouvelles applications industrielles pourraient accentuer la tendance.

L’argent est extrait des mines depuis des millénaires. Mais durant la plus grande partie du 20e siècle, le métal fut considéré comme l’argent du pauvre, sa valeur étant éclipsée par le lustre éternel du métal jaune.

La première véritable révolution de l’argent eut lieu en 1492 avec la découverte du Nouveau Monde qui offrait désormais le métal dans des quantités jamais vues jusque-là. Durant les siècles qui ont suivi la destruction des Aztèques par les conquistadors d’Hernan Cortés, le Pérou, la Bolivie et le Mexique totalisèrent les 3/4 de la production et du commerce mondial de l’argent.

Aujourd’hui, plus de 877 millions d’onces sont extraites des mines chaque année tandis que le métal est de plus en plus utilisé dans de nouveaux processus industriels. L’un des plus grands catalyseurs de la demande de la décennie à venir sera la production d’énergie solaire.

L’argent est l’un des matériaux clés des cellules solaires photovoltaïques en silicium cristallin qui compose les panneaux solaires. D’après l’IHS, la demande pour le photovoltaïque augmentera de 30 % en 2015 pour une puissance totale de 57 GW. Rien qu’en Chine, on estime que 17 GW de capacités photovoltaïques seront créés d’ici la fin de l’année de quoi générer une demande potentielle énorme pour l’argent.

La majorité des cellules photovoltaïques utilisent une pâte d’argent. Rien que ce secteur devrait engloutir 70 millions d’onces d’ici le début de l’année 2016. La demande en argent de l’industrie photovoltaïque a augmenté de 7 % l’année dernière et on s’attend à ce que le rythme de cette croissance s’accélère au fil de la décennie à venir. Malgré l’aspect positif de cette demande pour l’argent à long terme, le cours de l’argent s’est écroulé durant ces 3 dernières années passant de 61 $ à 17 $ l’once. L’une des causes principales de cette chute fut la Chine, l’utilisateur industriel majeur de l’argent dans le monde. Comme toutes les matières premières qui dépendent des usines chinoises, l’argent a souffert. (…)

Mais des perspectives à long terme pourraient se dégager si un accord contraignant se dégageait de la conférence sur le changement climatique qui se tiendra cette année à Paris.

Un tel accord ne ferait qu’accentuer la demande déjà forte pour les cellules photovoltaïques alors que des pays comme l’Inde et la Chine se reposent de plus en plus sur le solaire pour satisfaire leurs besoins énergétiques. Si la demande semble assurée, l’offre pourrait par contre représenter un plus gros problème. Après des années d’augmentation de la production afin de satisfaire cette nouvelle demande, on s’attend à ce que la production d’argent stagne cette année en raison du ralentissement généralisé des marchés des matières premières.

La production d’argent des mines n’a augmenté que de 5 % l’année dernière, d’après Thomson Reuters. (…) Cependant, les analystes craignent qu’un manque d’investissements des mines mène à une stagnation de la production dans les années à venir alors que l’on s’attend à une forte hausse de la demande d’un secteur photovoltaïque en plein boum. (…)

Bien sûr, l’argent sera toujours dans l’ombre de l’or dans le cœur des investisseurs dans les métaux précieux. Mais comme son cousin, le cuivre, il s’agit d’une matière première dont l’importance va croître significativement alors que la planète est à la recherche de sources d’énergie renouvelable. »

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