Nous sommes désormais habitués de voir l’or régulièrement en backwardation. Mais ces derniers jours, la tendance s’est particulièrement accélérée (voir graphique GOFO or ci-dessous). Explication avec l’un des grands spécialistes du sujet, James Turk (source).

GOFO-negatif-avril-2014

« Ces derniers jours, l’activité du marché de l’or a été très basse, car la plupart des marchés étaient fermés pour Pâques. Ceux qui ont intérêt à faire baisser le cours disposaient donc d’une occasion rêvée pour agir à leur guise, ce qu’ils ont fait. Ils ont commencé par faire grimper l’or à 1302 dollars afin d’enclencher les buy stops, puis l’ont fait baisser en dessous de 1282 $ afin de récupérer l’or en faisant un profit facile de 20 $ l’once, en quelques heures seulement, en agissant à la période durant laquelle le marché est le moins liquide.

L’objectif était d’envoyer l’or en dessous des 1300 $ l’once, tout en engrangeant des profits pendant l’opération. Pour l’argent, l’objectif était de le faire baisser un maximum car les options de mai vont expirer dans quelques jours.

C’est désormais classique : lorsque les options sur le marché des métaux précieux sont sur le point d’expirer, les positions short poussent le cours à la baisse afin d’en profiter un maximum.

Cette pression baissière est évidemment temporaire. La clôture or de Londres s’est faite dans un contexte de backwardation plus vu depuis le mois d’août. Même si le GOFO argent n’est plus publié par le LBMA, il était également en backwardation à la clôture de la semaine dernière.

Les tensions sur le marché physique des métaux précieux perdurent, et c’est ce qui importe. Les shorts papier peuvent vendre autant qu’ils veulent, cela n’a rien à voir avec la possession de métal physique.

Il ne faut pas oublier pour que la politique d’intérêt zéro (ZIRP) soit poursuivie, les taux d’intérêt de l’or doivent aussi être manipulés. On tire profit de la backwardation de 3 façons :

  1. En vendant son métal aujourd’hui et en l’achetant sur le marché des futures, moins cher : on empoche donc la différence.
  2. On élimine les frais de stockage.
  3. On gagne aussi sur les intérêts du produit de la vente en attendant le paiement de la livraison future.

GOFO-or-historique-15-ans

Habituellement, la backwardation est un événement très rare. C’est arrivé pendant un ou 2 jours en 1999 et en 2008 (voir historique GOFO ci-dessus). Ce que nous vivons aujourd’hui est irrationnel. Le cauchemar des banquiers centraux est là : l’or est dans les mains d’investisseurs qui préfèrent le conserver  plutôt que d’exploiter la possibilité d’arbitrage qu’offre la backwardation. Ils préfèrent la certitude de posséder le métal plutôt que de devoir posséder de l’argent papier pendant un certain temps en attendant la livraison future de leur or de remplacement. Ils estiment que le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Il est donc clair que l’or ne pourra pas rester éternellement à des niveaux aussi bas. La question est de savoir combien de temps les banquiers centraux peuvent encore tenir. C’est difficile à dire, d’autant qu’ils se comportent de façon très irrationnelle.

Par exemple, le gouvernement américain s’est défait de 10.000 tonnes d’or dans les années 60 dans sa tentative inutile de tenter de conserver le cours de l’or à 35 $, un prix complètement sous-évalué. Cependant, n’allez pas croire que les États-Unis ont le monopole des décisions stupides. En 1990, les Soviétiques ont vendu 2/3 de leurs réserves d’or afin d’empêcher l’implosion de leur économie. En fin de compte, cela n’a servi à rien.

Nous devons donc nous attendre à des actions aussi stupides que celles-ci, en ne nous focalisant que sur la valeur réelle des métaux précieux. Il est clair que l’or et l’argent restent grossièrement sous-évalués. Ces mois de backwardation sont la preuve irréfutable que les banquiers centraux sont déjà en train de perdre la bataille, et que la situation est prête à dégénérer à tout instant. »

Source des graphiques : LBMA

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