La Russie achète de l’or. Beaucoup d’or. Durant la dernière décennie, le pays a quadruplé ses réserves. Ses achats d’or ont dépassé la production minière nationale pour la première fois de l’histoire, ce qui signifie que la Russie va devenir un importateur net d’or.

Les analystes avancent plusieurs raisons à ces achats effrénés. Les autorités russes se préparent-elles à une escalade des tensions avec les États-Unis, souhaitent-elles réduire l’impact de futures sanctions ? Ou craignent-elles une crise financière en Russie ?

Pour d’autres, l’enjeu est bien plus grand. Les quantités impressionnantes de métal pourraient révéler des motifs bien plus profonds, Moscou se préparant à tirer la première salve de la bataille d’une réinitialisation monétaire.

La Chine imite la Russie

Le fait que Moscou est imité par Pékin rend les actions de la Russie encore plus significatives. D’après les statistiques officielles, la Chine a augmenté ses réserves d’or à 60,62 millions d’onces en mars. En mars, Pékin a ajouté 11,2 de tonnes d’or à ses réserves, après avoir fait l’acquisition de 9,95 tonnes en février, 11,8 tonnes en janvier et 9,95 tonnes en décembre.

En 2019, la Chine pourrait devenir le plus gros acheteur d’or. La course est serrée. Il est peu probable que ces achats soient coordonnés entre la Chine et la Russie, mais il est évident qu’il y a une influence mutuelle. Les 2 nations espèrent profiter des achats de l’autre, ces acquisitions groupées devant offrir un bon soutien pour les prix à long terme.

Ces politiques interviennent à un moment où l’or est devenu attractif en tant que base de nouvelles expériences dans le domaine des monnaies numériques. La combinaison cryptodevises/or est idéale, elle permet de concilier la stabilité de l’or avec la praticité et la sécurité de la chaîne de blocs.

Une cryptomonnaie adossée à l’or ?

L’augmentation de l’intérêt pour les cryptodevises adossées à l’or pose la question de savoir si l’une de ces initiatives pourrait devenir une devise de premier plan.

Seule une nation est en mesure d’accumuler suffisamment d’or pour y parvenir. Cela signifie-t-il que la Russie envisage un tel projet ? Le Venezuela et l’Iran ont déjà tenté l’expérience. Des rumeurs affirment que la Russie est intéressée par un tel concept, peut-être avec la Chine et d’autres partenaires.

Voici comment cela pourrait se matérialiser. La monnaie circulerait sous la forme d’une cryptodevise qui serait adossée à 100 % sur de l’or qui serait détenu par un trust international à l’abri des interférences nationales.

Des institutions privées seraient responsables de l’émission de la monnaie électronique, en ayant donc le contrôle sur la masse monétaire en circulation. Les transactions auraient lieu directement entre les utilisateurs, sans intermédiaire (banques ou gouvernements).

La Russie et la Chine se sont déjà lamentées publiquement que le dollar n’est plus en mesure de remplir son rôle de devise mondiale.

Cela pourrait être vrai. Même le président Trump s’en plaint, via ses complaintes concernant le déficit commercial de son pays. Mais si le dollar a des défauts, que dire du renminbi chinois ? Si une devise veut supplanter le dollar, elle doit être supérieure et nouvelle. (…)

La Russie et la Chine ont souhaité explorer de nouvelles voies, mais elles ont vite compris que leurs propres devises ne sont pas une alternative. (…)

Dans cette course pour une nouvelle devise mondiale, peu importe qui sera l’initiateur, l’or jouera un rôle stratégique. Une monnaie numérique entièrement adossée à l’or ferait baisser la demande des devises papier, et même des cryptomonnaies. Une telle devise pourrait devenir hégémonique.

Source : Moscow Times

1 COMMENTAIRE

  1. […] par un trust international à l’abri des interférences nationales. Dans ce deuxième cas, des institutions privées seraient donc responsables de l’émission de la monnaie électronique en ayant le contrôle […]

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