Article de Jim Rickards, publié le 9 septembre 2015 sur Daily Reckoning :

« Les marchés attendaient avec impatience les chiffres de l’emploi américain d’août, qui sont tombés vendredi dernier. Il s’agissait des dernières statistiques économiques importantes avant la réunion du comité de la Fed sur les taux qui aura lieu le 17 septembre.

On s’attendait largement à ce que la Fed se décide à enfin relever ses taux durant cette réunion, pour la première fois depuis plus de 9 ans.

Mais un vif débat anime cette remontée des taux. Des voix puissantes telles que celles de l’ancien secrétaire au Trésor Larry Summers ou de la patronne du FMI Christine Lagarde ont averti Yellen que l’économie mondiale est trop faible pour supporter une hausse des taux américains. Ce débat rassemble de nombreux partisans dans les 2 camps.

Les chiffres de l’emploi d’août devaient trancher une bonne fois pour toutes. Un bon rapport, disons 280.000 créations d’emplois, aurait débouché sur une hausse des taux. Un mauvais rapport, disons 120.000 créations d’emplois, aurait donné une bonne raison pour attendre. Mais avec les chiffres annoncés, il y a à boire et à manger pour tout le monde. Peu d’emplois ont été créés, mais le taux de chômage a baissé. Rien n’est réglé.

Alors que le 17 septembre approche à grands pas, la situation est plus floue que jamais. La Fed est vraiment sur le point d’agir… ou pas. L’incertitude totale règne sur les marchés. (…)

Avec 173.000 emplois créés en août, la tendance négative se poursuit. Mais cela n’a pas empêché le taux de chômage de passer de 5,3 à 5,1 %, tout proche de l’objectif de Yellen qui est de 5 %. Mais si ce taux a baissé, c’est en raison du taux de population active qui ne cesse de baisser pour atteindre des records. Ce n’est pas vraiment le signe d’un marché de l’emploi en plein boum.

emploi-usa-aout-2015

Yellen poursuit 2 autres objectifs : une croissance de 2,5 % et une inflation de 2 %. Ici, la situation est mauvaise. La croissance des 3 premiers trimestres de 2015 est inférieure à 2 % et la tendance est négative. L’inflation sur base annuelle est de 1,2 %. Elle aussi faiblit.

Les données sont donc mitigées. Certains signes vont dans le sens d’une hausse des taux, mais en général c’est plutôt la faiblesse qui prédomine. Relever les taux dans un environnement fragilisé ferait grimper le dollar et importerait la déflation de l’étranger (sous forme de prix des importations inférieurs grâce au dollar fort).

Cela ne ferait qu’éloigner davantage Yellen de son objectif d’inflation. Je m’attends à ce que la Fed ne bouge pas, mais cette fois cette prévision est plus risquée. Alors, que va-t-il se passer ? Voici les 3 scénarios possibles :

1. La Fed augmente ses taux

Ce serait une gaffe vu la faible croissance mondiale et locale, mais elle pourrait la commettre. Nous obtiendrons alors : un dollar plus fort, la fuite de capitaux de l’étranger vers les marchés américains, des devises et des marchés actions en chute libre dans les marchés émergents, des faillites de sociétés étrangères ayant emprunté en dollars ainsi qu’une possible contagion et panique mondiale.

2. La Fed n’agit pas et continue d’affirmer « qu’elle le fera bientôt »

Elle poursuivrait donc sa politique. On assisterait à la même volatilité sur les marchés que durant le début du mois d’août mais sans bénéficier de l’avantage d’avoir la décision prise. (…)

La Fed pourrait suggérer une hausse des taux en octobre. Le printemps dernier, Yellen avait affirmé que les marchés ne devaient pas ignorer la possibilité d’une hausse des taux durant une réunion pour laquelle aucune conférence de presse n’est programmée. (…)

3. La Fed n’agit pas et évoque la possibilité de nouveaux assouplissements monétaires

Il s’agit de la meilleure option, mais qui ne sera probablement pas utilisée. Même avec des taux proches de zéro il reste des munitions à la Fed. Elle pourrait démarrer le QE4, abaisser ses taux en territoire négatif, reparticiper à la guerre des devises ou balancer de l’argent par hélicoptère pour financer des déficits plus importants. Ces actions pourraient augmenter l’inflation et la croissance nominale même si elles n’auraient quasi aucune influence sur la croissance réelle. (…) »

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Veuillez entrer votre nom ici