L’Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions (AAOIFI) et le World Gold Council ont pris une décision importante, annoncée hier à Bahreïn à l’occasion de la conférence mondiale du secteur bancaire islamique.
Cette décision concerne l’un des marchés les plus importants du monde : le marché de l’or, un marché d’investissement dont la valeur est estimée à 2,4 trillions de dollars et qui est également significatif pour le monde de la finance islamique.
L’AAOIFI, en collaboration avec le World Gold Council et Amanie Advisors, a validé ce qui sera désormais connu sous le nom du Shariah Gold Standard. Il s’agit d’une série de règles qui augmenteront la variété et l’utilisation des produits reposant sur l’or dans la finance islamique.
Les 1,6 milliard de Musulmans du monde entier, soit 25 % de la population de la planète, disposeront d’un bien meilleur accès au marché de l’or depuis le début de la finance moderne, qui était principalement structuré autour des principes occidentaux.
Davantage de détails ont été annoncés à l’occasion de la conférence, notamment concernant les produits reposant sur l’or qui seront probablement permis.
Impact du « standard or charia » sur le marché de l’or
Le Shariah Gold Standard a annoncé hier que les 110 millions d’investisseurs du monde islamique pourront investir dans :
- l’or physique avec garde en coffre ;
- des plans d’épargne or ;
- des certificats or ;
- des ETF or, dont probablement le SPDR Gold Trust, l’ETF or le plus significatif (GLD) ;
- les actions minières (en respectant certains paramètres de la charia).
Dès à présent, nous savons que le nouveau standard or conforme à la charia permettra :
- d’augmenter la diversité de produits d’investissement basés sur l’or qui sont conformes à la charia ;
- de mettre davantage l’accent sur le rôle de l’or physique dans les transactions liées à l’or ;
- d’augmenter le poids de la finance islamique dans la détermination du cours de l’or.
Certains pourraient dire qu’il s’agit de formalités inutiles de la part de l’entité qui définit les règles que suivent les institutions financières islamiques à travers le monde. Après tout, la possession d’or physique est conforme à la charia et dispose d’un statut unique auprès des Musulmans.
Comme l’a déclaré l’AAOIFI, « de la perspective du fiqh islamique (jurisprudence) et du système économique islamique, l’or à son importance propre. Cette importance découle des principes spécifiques en tant que Thaman (prix) qui sont définis pour l’or et l’argent ».
D’après les textes islamiques, l’or est considéré comme un « ribawi », ce qui signifie qu’il doit être vendu sur base d’un poids et d’une mesure ; il ne peut être échangé par rapport à une valeur future ou pour spéculation. Afin qu’un investissement en or soit conforme à la charia, le métal physique doit se trouver derrière toute transaction.
Un besoin de clarification était nécessaire quant à la question de savoir comment les Musulmans peuvent investir dans l’or et ce, depuis longtemps.
Ces incertitudes ont fait que les offres conformes à la charia furent minimales tandis que de nombreux investisseurs ont limité le champ de leurs investissements dans l’or, en se focalisant principalement sur les bijoux et les pièces d’or. Daud Bakar, président d’Amanie Advisors, abonde en ce sens : « Les standards islamiques existants concernant l’or sont fragmentaires, ce qui handicape le développement de produits et la demande du marché. »
Sur le marché de l’or actuel, la majorité des activités des instruments financiers en relation avec l’or concernent quasi exclusivement la spéculation. Cela est dû à la large prépondérance des marchés de l’or de Londres et du COMEX, qui exercent la plus grosse influence sur le cours de l’or. (…)
Ces règles vont augmenter grandement le nombre et la diversité des produits d’investissement disponibles dans l’or. Aujourd’hui, il y a très peu d’offres compatibles avec la charia. Grâce à sa profonde connaissance du secteur, GoldCore et ses partenaires islamiques travaillent sur une solution globale depuis 2 ans ; cette solution sera disponible pour les institutions financières islamiques éligibles début 2017. (…)
Un impact sur la demande d’or physique annuelle estimé entre 500 et 1000 tonnes
Si les institutions financières islamiques devaient simplement allouer 1 % de leurs actifs dans de nouveaux produits reposant sur l’or, on peut s’attendre à une augmentation de la demande pour le métal jaune de l’ordre de 500 à 1000 tonnes par an. Les derniers chiffres concernant l’offre et la demande d’or ont indiqué un surplus de 172 tonnes, nous pourrions commencer à voir un rétrécissement de ce delta en raison de l’augmentation des instruments or conformes à la charia, ce qui aura un impact positif sur le prix du métal.
Il n’est pas déraisonnable d’anticiper une réallocation d’au moins 1 % des actifs islamiques dans l’or, surtout au vu de sa performance. Les statistiques du WGC montrent que, durant les 8 dernières années, les classes d’actifs islamiques principales ont toutes sous-performé par rapport à l’or, tout comme les devises principales utilisées dans le monde islamique. (…)
Peu nombreux sont ceux qui mesurent le changement de dynamique du marché de l’or enclenché par le lancement du standard or islamique. L’or physique sera d’autant plus attrayant pour les banques islamiques en raison des règles de Bâle III qui exigent des banques la possession d’actifs hautement liquides, de qualité et à faible risque de contrepartie comme l’or physique alloué et stocké séparément. (…)
Tandis que des entités telles que le COMEX ont pu croître par un coefficient multiplicateur bien plus élevé que leur marché physique sous-jacent, en créant très peu d’impact sur la demande d’or physique ou son cours, ce ne sera pas le cas ici.
Article de Mark O’Byrne, publié le 6 décembre 2016 sur GoldCore.com