Selon le milliardaire Carl Icahn, l’inflation pourrait faire son retour et partir en vrille si les décideurs choisissent d’appliquer la théorie monétaire moderne.

Icahn, qui fut un conseiller spécial du président Donald Trump, est l’un des derniers poids lourds de la finance à dénoncer la doctrine économique avant-gardiste qui attire l’attention, de Washington à Wall Street

La théorie monétaire moderne (TMM) soutient qu’un pays qui a le pouvoir d’émettre sa monnaie, comme les États-Unis, ne peut pas faire faillite. Il peut supporter des déficits plus importants tant que les prix restent sous contrôle. Cette idée est poussée par des démocrates comme Alexandria Ocasio-Cortez, qui a suggéré cette solution pour financer son Green New Deal.

« Il est possible de créer de la monnaie jusqu’à un certain degré, mais après cela devient très dangereux », a déclaré Icahn, 83 ans, à l’occasion d’une interview accordée à Bloomberg. « Nous devons éviter de nous mettre dans des problèmes insurmontables. Lorsque vous entrez dans une spirale inflationniste, il est très difficile d’en sortir, c’est là que se trouve le danger. »

Il y a 3 ans, Icahn avait déclaré à CNBC que les obsessions concernant le déficit du gouvernement étaient ridicules, que le statut d’émetteur de la devise de réserve mondiale dont bénéficient les États-Unis devait dissiper les craintes concernant ces trous.

Ses commentaires récents concernant la TMM font écho à ceux de son collègue Warren Buffett, qui a déclaré cette année ne pas être partisan de cette doctrine en raison du risque d’inflation incontrôlée qu’elle pose. Des douzaines de politiciens et de financiers de premier plan ont critiqué cette théorie auparavant obscure durant ces derniers mois, dont le président de la FED Jerome Powell ou encore la présidente du FMI Christine Lagarde.

Simultanément, de plus en plus d’économistes soutiennent l’idée que la réduction des déficits américains n’est pas une priorité en cette période de basse inflation et de taux planchers. Olivier Blanchard, ancien économiste en chef du FMI, a suggéré que l’argent pourrait servir à financer des mesures environnementales. L’investisseur obligataire légendaire Bill Gross a déclaré que les États-Unis pourraient facilement doubler leur déficit.

Celui-ci a augmenté durant l’administration Trump, qui a baissé les impôts et augmenté le budget militaire alors que le service de la dette et le coût de la sécurité sociale ont augmenté. D’après les estimations du CBO, le déficit devrait atteindre 1,1 trillion de dollars en 2022. Cela correspond à 4,7 % du PIB, alors que la moyenne des 50 dernières années du siècle dernier fut de 2,9 %.