La reprise économique et le marché haussier boursier sont entrés dans leur 10e année. Pourtant, les banques centrales continuent de marcher sur des œufs, comme si la moindre erreur pourrait avoir des conséquences graves. De quoi ont-elles peur ? Cette schizophrénie atteint des niveaux inédits.
D’un côté, les banques centrales poursuivent leurs politiques ultra accommodantes via des taux historiquement bas, en fournissant la liquidité aux marchés et en facilitant le crédit. Certaines banques centrales poursuivent leurs achats d’actions et d’obligations afin de soutenir directement le « marché ».
De l’autre, on nous dit que l’économie mondiale connaît une croissance synchronisée, que jamais les États-Unis et la Chine ne se sont aussi bien portés économiquement parlant.
Minute, papillon. Donc nous avons un patient qui est maintenu en vie artificiellement depuis 10 ans, et on nous dit que celui-ci se porte très bien. Si c’est le cas, pourquoi ne débranche-t-on pas la machine ? Si l’économie mondiale est si saine que cela, les banques centrales devraient mettre un terme à leurs programmes accommodants pour laisser le mécanisme du marché de découverte du prix des actifs faire son travail.
Si l’économie est si florissante, les banques centrales auraient déjà fait machine arrière et stoppé leurs interventions. Pourtant, leurs stimulations ont atteint de nouveaux records durant la période 2015-2017, lorsque les marchés ont traversé une petite période de turbulences. Cette petite glissade a engendré une réponse massive des banques centrales, comme si le patient avait été victime d’un arrêt cardiaque.
Idem en Chine, si l’économie est si florissante, pourquoi les autorités chinoises facilitent-elles le crédit si désespérément ? Les économies saines croissent de façon organique, elles n’ont pas besoin d’injections de trillions, que ce soit de yens, de yuans, d’euros ou de dollars.
De quoi ont-elles peur ? La réponse est évidente : les banques centrales savent que l’économie mondiale est fragile et dépend du crédit facile. La moindre contraction du crédit provoquerait un effondrement du système.
Si le patient ne va pas mieux après 10 ans de soins intensifs, il ne risque pas d’aller mieux de sitôt. Les banques centrales doivent choisir entre ces 2 scénarios. Si le patient se porte vraiment mieux, mettez un terme à vos politiques accommodantes. Si le patient est toujours dans un sale état, il faudrait peut-être voir au-delà de la politique visant à soutenir artificiellement un système pourri, parasite, prédateur et corrompu pour envisager un changement systémique.
Source : article de Charles Hugh Smith (traduction condensée)