Traduction synthétisée de l’article de Richard Mills, publié le 29 février 2016 sur SafeHaven.com :

« En juillet 1944, alors que les troupes alliées traversaient la Normandie pour libérer Paris, les délégations de 44 pays se réunissaient à Bretton-Woods (New Hampshire) pour la conférence monétaire et financière des Nations-Unies. Elles s’accordèrent pour « arrimer » leur devise au dollar, la seule monnaie assez forte pour satisfaire les demandes grandissantes de transactions internationales. (…)

Le fait que le dollar était basé sur un 35e d’once d’or (35,2 dollars pour une once d’or) était ce qui le rendait attractif. L’or qui garantissait la valeur du dollar se trouvait dans les coffres du Trésor américain. Ensuite, il est arrivé ce qui arrive toujours dans l’histoire monétaire lorsqu’un pays ou un gouvernement se retrouve sous pression financière : il ne peut résister à la tentation de créer de la monnaie pour rembourser sa dette en dévaluant.

Le London Gold Pool

Les États-Unis se mirent à envoyer de plus en plus de dollars à l’étranger pour payer leur déficit commercial grandissant. L’excès de dollars à l’étranger commença alors à menacer les réserves d’or américaines vu que le dollar était échangeable contre une somme fixe d’or, tandis que la demande en métal jaune grimpait dans le monde. À la fin des années 50, les réserves d’or américaines avaient commencé à se réduire rapidement. En 1958, les réserves américaines chutèrent de 10 %, en 1959 de 5 % et encore de 9 % en 1960.

En octobre 1960, des achats paniqués d’or propulsèrent le métal jaune à plus de 40 $ l’once. Après un appel d’urgence, la banque d’Angleterre et la Fed inondèrent immédiatement le marché afin de stabiliser le cours de l’or. Pour les États-Unis, stopper l’hémorragie de ses réserves était devenu une priorité. Les États-Unis, la banque d’Angleterre et les banques centrales d’Allemagne de l’Ouest, de France, de Suisse, d’Italie, de Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg mirent en place un consortium afin d’empêcher le marché de pousser l’or au-dessus de 35,2 dollars l’once.

Ce consortium est connu sous l’appellation London Gold Pool. Les banques membres devaient fournir un quota d’or dans le pot commun tandis que la Fed fournissait la même quantité, once pour once. Ce qui signifie que la valeur du dollar était garantie non seulement par le métal de Fort Knox, mais aussi des membres du Pool. (…) Malgré la crise cubaine et les tensions grandissantes entre Moscou et les États-Unis le cours de l’or est resté stable : le London Gold Pool était donc un succès.

Le début de la fin

Suite à l’incident du golfe du Tonkin fin 1964 et l’accélération de la guerre du Vietnam en 1965, les dépenses militaires américaines explosèrent. En 1965, le London Gold Pool vendait plus d’or qu’il n’en achetait. Fin 1967, la Grande-Bretagne dévaluait la livre. L’accélération, début 1968, de la guerre du Vietnam remit un coup de pression sur le dollar.

Vu que Lyndon Johnson refusait d’augmenter la fiscalité pour financer les réformes sociales votées auparavant et le coût de la guerre au Vietnam, les États-Unis creusèrent leur balance commerciale.

En un peu plus d’un mois, le Pool vendit 20 fois plus d’or qu’à l’accoutumée, soit environ 1.000 tonnes. La France décida alors de se retirer pour ensuite expédier ses dollars aux États-Unis et recevoir en échange non pas des Treasuries, mais de l’or.

La demande d’or explosa ensuite. Le Pool vendit 100 tonnes d’or en un jour, soit 20 fois la moyenne. Le consortium réaffirma sa volonté de défendre le cours de l’or à 35,2 dollars l’once, « jusqu’au dernier lingot », d’après le président de la Fed de l’époque William McChesney-Martin.

Plusieurs avions furent affrétés en urgence afin d’envoyer de l’or des États-Unis à Londres. L’hémorragie de métal se poursuivant, les membres du Pool se lassèrent de voir leurs réserves d’or s’évaporer pour financer la guerre du Vietnam et les réformes sociales américaines.

Le 15 mars fut déclaré jour férié par la reine d’Angleterre à la demande des membres du Pool afin d’obtenir la fermeture des marchés et de dissoudre le London Gold Pool. Johnson fut alors contraint de lancer des pourparlers de paix.

Officiellement, un marché de l’or à 2 vitesses fut décrété : à 35,2 dollars l’once pour les banques centrales, au prix du marché pour les autres entités.

Le 15 aout 1971, le président Nixon mit fin à la convertibilité du dollar en or. Naissait le triple mandat de la Fed : plein-emploi, stabilité des prix et des taux. À la fin du mois de 1971, le cours de l’or dépassait déjà les 42 $. (…) »

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