Durant le week-end du 16 novembre 2014, les leaders du G20 ont convergé vers Brisbane, ont posé pour la traditionnelle photo, se sont mis d’accord sur quelques propositions, ont critiqué Poutine puis sont rentrés chez eux. D’habitude, il ne se passe pas grand-chose durant ces sommets. La dernière édition fut une exception.

Lorsqu’ils ont approuvé la résolution du conseil de la stabilité financière intitulée « Adequacy of Loss-Absorbing Capacity of Global Systemically Important Banks in Resolution », ils ont validé un changement profond des règles bancaires.

Russell Napier, sur ZeroHedge, a appelé ce jour « le jour où l’argent est mort ». Ce qui est sûr, c’est que désormais, les dépôts, ou plutôt la sécurité des dépôts, n’est plus de ce monde. En vertu des nouvelles règles, votre argent déposé à la banque fait partie de la structure du capital de celle-ci, ce qui signifie qu’il peut être utilisé pour renflouer la banque, ou confisqué.

Au lieu de mettre de l’ordre dans le casino des produits dérivés, cette nouvelle règle fait de ces produits dérivés le premier actif qui doit être honoré par une banque défaillante, avant tout le reste. Les épargnants viennent donc après, qu’ils soient publics ou privés, mais aussi les fonds de pension (assurance-vie). Ce qui signifie que les obligations passent aussi après les produits dérivés.

Ces nouvelles règles ont été vendues en tant qu’outil pour éviter les futurs renflouements publics, et donc pour permettre d’éliminer certaines banques « Too Big To Fail » (trop importantes pour faire faillite). Mais en fait, cela ne fait que les institutionnaliser, vu que les grandes banques pourront poursuivre leurs activités en expropriant l’argent de leurs clients.

La solution est belle pour les banquiers et les politiciens. Cependant, du point de vue des citoyens, cette confiscation pourrait être pire qu’un renflouement public. Si les impôts montent, vous avez encore des chances de vous en sortir. Par contre, si votre compte en banque est vidé, ou que votre assurance-vie est dépecée, vous pourriez vous retrouver à la rue.

En théorie, il existe une garantie des dépôts, de 250.000 $ aux États-Unis et de 100.000 € dans la plupart des pays européens, mais les fonds de protection sont très loin d’être suffisamment provisionnés, surtout face à l’ampleur des produits dérivés.

Nous prenons le pari qu’il ne s’agit qu’une question de temps avant que des épargnants européens, de France, de Belgique, d’Italie, d’Espagne ou d’Allemagne, ne soient victimes de cette nouvelle règle. Pour rappel, peu de temps avant l’expérience pilote de la confiscation à Chypre, Jeroen Dijsselbloem avait ouvertement évoqué dans les médias cette possibilité, quelques mois avant son implémentation. La plupart des épargnants concernés qui avaient eu vent de cette information n’ont pas jugé utile de prendre les mesures de protection nécessaires. La suite, vous la connaissez. Si cette règle a été décidée, c’est qu’elle risque d’être nécessaire.

Il est d’autant plus suicidaire de laisser de grosses sommes d’argent sur un compte en banque aujourd’hui alors que les taux d’intérêt ne cessent de baisser; on parle même d’une nouvelle baisse du taux du livret A en France début 2015. Moins d’un pourcent d’intérêts pour un dépôt considéré techniquement comme une action de la banque, avec tous les risques que cela comporte, cela vous tente ? Pas nous.

Inspiré de l’article d’Ellen Brown, publié sur son site le 1er décembre 2014

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