La semaine dernière, la FED a capitulé sur le front des futures hausses des taux. Il n’y en aura pas dans un avenir proche, soit en juillet, septembre ou novembre. La prochaine pourrait avoir lieu au plus tôt le 13 décembre 2017, mais aujourd’hui les chances d’un tel relèvement sont inférieures à 50 %. (…)

Le drapeau blanc de la capitulation est apparu à l’occasion de deux commentaires publics faits par deux des quatre membres du Comité de la FED dont l’opinion compte vraiment. Les quatre membres votants du Comité qu’il faut vraiment écouter sont Janet Yellen, Stan Fischer, Bill Dudley et Lael Brainard.

Yellen et Brainard ont émis des remarques en public la semaine dernière. Le témoignage de Yellen devant le Congrès a été comme d’habitude surcouvert. La remarque de Brainard à l’occasion d’une conférence académique à l’université de Columbia a été bien moins couverte alors qu’elle était probablement bien plus importante en termes d’impact sur les effets de la politique de la FED sur les marchés, et notamment sur l’or. (…)

Je pense que la FED relèvera son taux directeur de 0,25 % à chaque réunion de son Comité de mars, juin, septembre et décembre à partir de maintenant jusqu’à la mi 2019 jusqu’à ce que le « taux normalisé » de 3,25 % soit atteint.

Cependant, la FED fera une pause entre chacun de ces relèvements si la création d’emplois faiblit (en dessous de 75 000 unités par mois), si la désinflation persiste ou en cas de baisse désordonnée des marchés de plus de 5 %. En dehors de ces facteurs, la FED est en mode « pilotage automatique » en ce qui concerne le relèvement des taux.

La FED commencera également à réduire la taille de son bilan de 10 milliards par mois à partir de septembre pour monter graduellement jusqu’à 50 milliards jusqu’à ce que son bilan soit « normalisé » à 2,5 trillions.

La réduction de son bilan doit se faire « en arrière-plan », il n’y aura pas de déviation engendrée par ces facteurs susceptibles de mettre en pause le relèvement des taux. Voici pour les principes de la normalisation. (…)

Mais pourquoi la FED a-t-elle jeté l’éponge en ce qui concerne une hausse des taux en septembre ? À cause de la désinflation qui est puissante (l’indicateur préféré de la FED en la matière, le déflateur de base des dépenses de consommation, n’a cessé de baisser depuis février, passant de 1,8 à 1,4 % en mai).

Les déclarations de Brainard furent plus techniques, mais elle a dit grosso modo la même chose que Yellen concernant le relèvement des taux. Elle a cependant été plus loin en affirmant que les 2 formes de normalisation constituent un resserrement monétaire ayant le potentiel de faire grimper le dollar, d’affaiblir les autres devises et de créer des effets collatéraux dans le monde comme des fuites des capitaux et des krachs boursiers.

Ces débordements, nous y avons assisté en mai 2013 (suite au fameux « taper tantrum »), en août 2015 (la dévaluation-choc chinoise et le krach boursier américain) et janvier 2016 (la dévaluation en douce de la Chine et un autre krach boursier américain). Brainard a conscience de l’importance d’éviter des effets collatéraux internationaux alors que la FED resserre la vis. (…)

La FED durcit sa politique alors que la croissance est faible : 1,4 % au T1, 2,4 % au T2 (estimation de la FED d’Atlanta). Si ce dernier chiffre se confirme, cela ferait une croissance de 1,9 % au premier semestre, soit un chiffre inférieur à la croissance annuelle moyenne enregistrée depuis la fin de la dernière récession, en juin 2009. (…)

En résumé, la croissance est faible, l’inflation est faible, la consommation et les évolutions du revenu réel sont faibles, le taux de participation à la population active est bas tandis que les marchés battent record sur record. Brainard et Yellen ont clairement indiqué que la FED continuera de serrer la vis en réduisant la taille de son bilan même si la hausse des taux devait être mise en pause.

Un resserrement monétaire dans un environnement économique moribond alors que les marchés sont au plus haut est une recette classique pour un krach. Il est temps pour les investisseurs d’adopter une position défensive en vendant leurs actions et en réaffectant leurs ressources en cash, en obligations américaines, en or et en actions minières.

Le métal jaune sera en particulier le grand gagnant lorsque la FED réalisera soudainement sa gaffe et devra subitement faire volte-face en reprenant une posture accommodante, probablement d’ici la fin de l’été. C’est maintenant le bon moment pour se positionner sur l’or.

Traduction d’extraits de l’article de Jim Rickards publié le 18 juillet 2017 sur DailyReckoning.com