Après une ixième correction de Bitcoin, les médias annoncent (encore) sa mort, souvent à renfort d’articles qui déforment des décisions prises par les autorités dans le but de mettre de l’ordre sur un marché complètement dérégulé, ou qui occultent des développements positifs.

Par exemple, le patron de la BRI, M. Carstens, a effectué une sortie peu amène sur Bitcoin avant-hier sur fond de crainte de voir les banques centrales perdre leur petit monopole monétaire. Ce qui fait dire à certains que la cryptomonnaie est morte. Mais je vais, une fois n’est pas coutume, faire une petite prédiction : même si Bitcoin devait mourir, il sera remplacé. Le terme « cryptodevises » occulte ce qui se trame dans le secteur de la technologie des registres distribués, qui sont là pour durer. Ce terme trompeur devrait être remplacé par « crypto-actifs » car sous cette étiquette passe-partout, on trouve de tout : des devises, des titres, des jetons qui permettent d’acheter certains services, des jetons qui permettent d’obtenir une rémunération en l’échange d’un certain travail, etc.

Les USA risquent bien de tracer la voie

Vous allez dire qu’il s’agit d’une opinion, et vous avez raison. Cependant, elle se base sur des faits concrets. Les médias préfèrent s’appuyer sur les déclarations chocs de M. Carstens pour faire leurs gros titres. Or, avant-hier également, le comité bancaire du Sénat américain entendait J. Christopher Giancarlo alors que les États-Unis réfléchissent à un cadre législatif pour les cryptos. Il a fait un chaud plaidoyer en leur faveur, comparant leur potentiel avec celui d’Internet dans les années 90, et en demandant aux autorités d’adopter une doctrine similaire à celle dont a bénéficié le net de la part du gouvernement américain dans les années 90, à savoir « de ne pas faire de tort » à leur développement. Qui est Monsieur Giancarlo ? C’est tout simplement le patron de la CFTC, l’un des 2 grands régulateurs des marchés financiers américains. M. Giancarlo a fait une description très fidèle à la réalité du complexe, on voit que ce Monsieur connaît son sujet, contrairement à ceux qui se lancent dans de grandes déclarations sans avoir pris la peine d’analyser le secteur (lire son témoignage ici).

Bitcoin pèse de moins en moins sur le complexe

Cette fixation sur Bitcoin des médias, qui parlent souvent des « cryptomonnaies » sans avoir la moindre idée de ce que ce secteur représente, est de moins en moins pertinente. Au cours de sa courte histoire, le poids de Bitcoin par rapport à l’ensemble du secteur était énorme, de 85 à 95 % du complexe jusqu’à mars 2017. Désormais, elle n’est plus que de 30/35 %, la valeur de marché se diluant dans de nombreuses initiatives de type start-up qui utilise les avantages des registres distribués pour proposer de nouveaux services, ou améliorer des concepts existants.

Un exemple : la banque. Vous voyez le solde de votre compte en banque apparaître sur votre écran. Mais de quelles preuves disposez-vous pour justifier votre solde ? La banque est la seule à détenir la base de données, quel recours aurez-vous si elle décide d’altérer des transactions ? Avec un registre distribué, cette problématique est éliminée. Les registres distribués peuvent également solutionner les craintes légitimes concernant le vote électronique. Avec un système de clés publiques et privées pour garantir l’anonymat de chaque votant, chaque électeur sera en mesure de vérifier son vote. Vu l’accélération de la dématérialisation, cette solution s’imposera car c’est la plus efficace.

Cela dit, cette quasi-certitude que le concept des cryptos va changer le monde comme Internet l’a fait dans les années 90 n’est pas une garantie en termes de valorisation. Mon opinion personnelle est qu’il y a énormément de cryptos qui sont à des niveaux totalement irrationnels, notamment dans la catégorie des cryptomonnaies pures et dures. En revanche, il y a quelques opportunités très intéressantes qui entrent dans la catégorie des investissements spéculatifs. Donc présentant un risque élevé, mais aussi des perspectives de rendements attractifs. Pour protéger son patrimoine, rien ne remplace les métaux précieux. Je vais donc encore le répéter, ces 2 actifs sont complémentaires.